Partout où il passe, Morse rafle les prix dont dernièrement Gérardmer. Crtique d'un chef d'oeuvre !
Oskar est un adolescent fragile et marginal, totalement livré à lui-même et martyrisé par les garçons de sa classe. Pour tromper son ennui, il se réfugie au fond de la cour enneigée de son immeuble, et imagine des scènes de vengeance. Quand Eli s'installe avec son père sur le même pallier que lui, Oskar trouve enfin quelqu'un avec qui se lier d'amitié. Ne sortant que la nuit, et en t-shirt malgré le froid glacial, la jeune fille ne manque pas de l'intriguer... et son arrivée dans cette banlieue de Stockolm coïncide avec une série de morts sanglantes et de disparitions mystérieuses.
Il n'en faut pas plus à Oskar pour comprendre : Eli est un vampire. Leur complicité n'en pâtira pas, au contraire...
La bande-annonce laisse présager un film lent, indépendant de tout ce qui a déjà été fait. La lenteur, le film n’en manque pas du tout. Rien que les dix premières minutes sont uniques : pratiquement pas de dialogues, juste de la musique et des bruitages. Si cette séquence ne dure qu’une petite dizaine de minute on a l’impression qu’elle l’en prend au moins 30. Le réalisateur pose directement son ambiance lourde, pesante, morbide. La neige prend le pas sur le film, comme si tout le long, Alfredson tenter de nous endormir afin de nous raconter un poème. Va survenir l’élément perturbateur du film : Eli. Sa première apparition nous laisse froid. Ses yeux montrent tant d’innocence et de sentiments. La prestation de Lina Leandersson est juste parfaite, débordante de sensibilité, à la fois brutale et douce, pareil pour Kare Hedebrant en gamin paumé, en permanente recherche de repère et de courage. Bien au-delà du film de vampire, Morse traite des thématiques plus intimistes comme l’enfance, le passage obligatoire de l’enfance à l’adolescence, l’amour, l’amitié et la différence, de manière très intimiste et sobre. Alfredson ne s’égare jamais dans tel ou tel mouvement de caméra ambitieux voir ahurissant. Et toujours de cette sobriété, le réalisateur utilise le mythe du vampire avec un respect total. Les codes connus du genre sont présent (ils dorment dans un tombeau, ici symbolisé par une baignoire, ils ne sortent que la nuit, ne mangent pas hormis le sang). On est loin des multiples variations de Twilight. Les amateurs de gores auront leur dose durant deux ou trois scènes bien menées où l’abondance d’hémoglobine n’est jamais présente et l’apparition de la moindre tâche rouge est amplement justifiée. Tout cela enveloppé d’une sublime photographie.
Du côté des défauts je regrette que le personnage du serviteur d’Eli soit trop vite expédié car il y avait pas mal de potentiel en lui, surtout sur son côté mystérieux, son passé, ses raisons. Quelques scènes restent assez too much (l’attaque des chats numériques semble venir d’un autre film, la mort du serviteur) et le manque d’explication ou de profondeur lors de plusieurs moments peuvent gêner. L’autre gros problème du film se détermine en fonction de chacun. Est-ce que le métrage s’attarde trop sur la relation Oskar/Eli et donc pas assez sur le côté vampirique du film, servant plus comme toile de fond ? Difficile de dire vraiment car l’un compense forcément l’autre sur la forme. Trop lent pour certains, pas assez gore pour d’autre, Morse peut engendrer beaucoup de déception. Pour apprécier Morse il faut se laisser aller pendant pratiquement 2 heures (un peu long tout de même) et s’avoir apprécier la funèbre romance de Tomas Alfredson. Morse est exactement comme sa fin : belle et violente, où le regard peut traduire toute les émotions possibles et inimaginables.
Voila l'une des grosses claque de cette année. Une interprétation magistrale, une réalisation taillée au millimètre, une histoire simple et touchante et, une musique magistrale, voila ce qu’est Morse. Si Alfredson a avoué ne rien connaître sur le thème du vampire, il vient tout de même de réaliser l’un des plus réussit de toute l’histoire du cinéma. Une œuvre touchante, intimiste sur l’amour, l’amitié et l’enfance.