Rémi Garde avait pointé du doigt le danger de ce 3e tour préliminaire de Ligue des Champions face au Grasshopper : la difficulté d’être au même niveau physique qu’un adversaire dont le championnat a déjà repris. Effectivement, l’écart s’est vu au cours d’une première période où les Lyonnais ont été bousculés bien plus que prévu. Après 5 bonnes minutes, et un centre dangereux de Grenier devant le but adverse, l’OL s’est fait manger par les Suisses sur le plan physique. Avec un pressing de tous les instants, la formation entraînée par Skibbe empêchait les Rhodaniens de ressortir proprement les ballons, et se créait surtout des situations chaudes. Au quart d’heure de jeu, un enchaînement de 3 corners faisait passer des frissons dans Gerland. Tout comme la reprise splendide du latéral Lang sur le poteau (16e) ou encore la tête sur la barre de Gashi (24e). Sauvé par ses montants, l’OL pouvait compter sur une bonne étoile. Et tenter de réagir, à travers un Lacazette remuant à défaut d’être précis (19e, 36e) ou un Grenier qui s’est essayé sur deux coups francs stoppés par Burki (44e, 45e+1). Danic le concédait sur le retour aux vestiaires, Lyon aurait dû être mené.

Mais ce qui ne tue pas rend plus fort et Lyon, aidé par une baisse de régime logique de l’équipe suisse, a su redresser la barre en seconde période. Moins pressés dans l’entrejeu, les hommes de Rémi Garde ont posé le pied sur le ballon, sans toutefois trouver les espaces nécessaires face à un bloc regroupé. Et comme on le pressentait, c’est sur coup de pied arrêté que le match s’est débloqué. Sur un coup franc excentré tiré par Grenier, Bisevac bondissait pour propulser de la tête le ballon dans les filets, soulageant tout un stade (64e). Le plus dur était fait, même s’il fallait encore se méfier du Grasshopper, à l’image d’une tentative de lob de Salatic (72e) ou d’une frappe trop enlevée de Gashi (78e). 1-0, un score flatteur au regard du scénario de la rencontre, mais qui place l’OL dans une situation appréciable en vue du match retour en Suisse. Rémi Garde a une semaine pour peaufiner la condition physique de son équipe et s’éviter le même type de frayeurs que ce soir.

L’homme du match : Milan Bisevac (6) : embêté par la vivacité de Ngamukol, il a parfois semblé au bord de la rupture, s’énervant de plus en plus au fil du match devant certaines décisions arbitrales. Mais le Serbe a su se faire pardonner en délivrant l’OL d’un coup de tête vainqueur sur un coup-franc de Grenier. De quoi largement rehausser sa prestation.

Olympique Lyonnais :

- A. Lopes (5) : malgré les nombreuses occasions suisses, il a eu finalement moins de travail à réaliser que son homologue. La faute à l’imprécision des attaquants adverses et à beaucoup de chance puisqu’il a été sauvé par son poteau et sa barre transversale.

- Dabo (4) : il a souffert sur son aile face à Harjovic, qui lui a fait bien des misères. Il s’est très peu montré offensivement et sa complicité avec Danic est encore à démontrer. Blessé, il a dû céder sa place à Koné (61e), qui s’est positionné dans l’axe.

- Umtiti (6) : très solide, il a offert une belle prestation, aussi bien dans l’axe durant une heure, que sur l’aile gauche par la suite, malgré quelques relances manquées.

- Bisevac (6) : lire ci-dessus.

- M. Lopes (6,5) : le meilleur Lyonnais en première période. Le Portugais prêté par le Sporting est en train de s’imposer comme une bonne pioche du mercato rhodanien. Vigilant défensivement, il a bien bloqué son couloir. Offensivement, il a étalé son envie. Son duo avec Lacazette apparait prometteur. A noter un joli numéro terminé par un tir non cadré (28e). Très encourageant pour la suite.

- Gonalons (4) : le capitaine lyonnais n’est pas encore au top physiquement et cela se voit. En retard dans ses interventions, pris par le pressing adverse, il a connu un déchet inhabituel dans son jeu de passes, perdant plusieurs ballons dangereux. Averti d’un carton jaune, il n’a pas eu son influence habituelle.

- Malbranque (4) : lui aussi a connu un déchet surprenant. D’habitude si efficace dans l’orientation du jeu, il a été bousculé par la pression adverse et n’a pas souvent pu jouer entre les lignes. A court physiquement, il a été remplacé par Fofana (70e), qui s’est positionné plus près de Gonalons.

- Grenier (6) : il est l’homme en forme de l’OL. En première mi-temps cela ne l’a pas sauvé du marasme ambiant, mais il a su se distinguer par la qualité de ses coups de pied arrêtés, avec notamment deux coups francs directs détournés par le portier zurichois. Plus inspiré en seconde période, c’est lui qui délivre la passe décisive à destination de Bisevac pour le but qui a libéré l’OL.

- Danic (3) : il ne s’est pas encore acclimaté à son nouveau club. Peu servi, il ne prend pas assez d’initiatives pour amener une fougue supplémentaire au jeu lyonnais. Surtout, il a perdu bien trop de ballons ce soir pour espérer être un relais privilégié dans le jeu rhodanien. Trop timoré, il doit encore prendre ses marques. Remplacé à la 79e par Gourcuff.

- Lacazette (6) : le seul qui a apporté un peu de folie au jeu lyonnais en première période. Il a provoqué balle au pied mais n’a pas eu la réussite escomptée. Dommage car il s’est trouvé en bonne position d’ouvrir la marque plus tôt (19e, 36e) et n’a pas été récompensé de ses efforts. Trop brouillon, il a joué plus simple après la pause et s’est offert une autre situation dangereuse (53e).

- Lisandro (3) : débarrassé par sa direction de la concurrence de Gomis, l’Argentin est attendu au tournant cette saison. Saura-t-il retrouver toute sa hargne et surtout son talent pour être le goleador numéro 1 ? La question se posera toujours après le premier match officiel de la saison face au Grasshopper. Le travail de l’ombre, coincé dans la charnière centrale, Lisandro l’abat sans sourciller. Mais il n’a jamais été dans les (rares) bons coups, souvent à contretemps. On l’a vu tenter des chevauchées au coeur de la défense, vouées à l’échec. C’est bien trop peu pour un attaquant de son calibre, qui va devoir retrouver la lucidité de ses meilleures années.

Grasshopper :

- Bürki (7) : un très bon match du jeune portier suisse. Mis à contribution sur tout sur les nombreux coups de pied arrêtés lyonnais, il a su répondre présent sur sa ligne comme dans les airs.

- M. Lang (5,5) : très solide défensivement, il a profité d’un très mauvais match de Gaël Danic pour s’illustrer dans ce secteur de jeu. Auteur d’une superbe volée à la 15e qui termine sur le poteau, son apport offensif est toutefois resté limité.

- Vilotic (5,5) : un match sérieux de l’international serbe. Performant dans les airs, il manque d’ouvrir le score à la demi-heure de jeu sur corner, mais sa tête passe au-dessus des buts de Lopes. Carton jaune à la 57e.

- Grichting (4) : l’ancien Auxerrois a eu un match difficile. Peu rassurant lors des rares attaques lyonnaises dans l’axe, il est en retard sur le but de Bisevac.

- Pavlovic (5) : à l’instar de Lang, il n’a pas tremblé dans son couloir gauche. Malheureusement pour son équipe, il n’est quasiment jamais monté et n’a jamais dédoublé avec Gashi.

- Salatic (6,5) : le capitaine de Zürich a été le meilleur joueur de son équipe ce soir. Au four et au moulin, il a récupéré beaucoup de ballons et a su orienter le jeu. Il a même failli inscrire un superbe but de 60m mais son lob passe juste au-dessus des buts de Lopes.

- Abrashi (5) : moins en vu que Salatic dans l’entrejeu, l’international albanais s’est contenté de faire le minimum syndical. A pris un jaune dans les arrêts de jeu.

- Gashi (6) : très intéressant, le Suisse s’est beaucoup dépensé ce soir et a utilisé à bon escient sa jolie patte gauche sur coups de pied arrêtés mais aussi sur quelques frappes de loin. Met une tête qui termine sur la barre à la 24e. Remplacé par Feltscher à la 77e.

- Hajrovic (5,5) : lui aussi a fait valoir son pied gauche à plusieurs reprises. Très intéressant sur coups de pied arrêtés, il s’est peu à peu éteint en seconde mi-temps, la faute peut-être aussi à Lang qui ne dédoublait pas beaucoup.

- Toko (3) : l’international togolais a tout simplement été transparent. Peu de ballons, il semblait complètement perdu à ce poste de numéro 10. Quelques percées, en vain.

- Ngamukol (4,5) : le Français voulait se montrer et il a du coup beaucoup couru pendant plus d’une heure. Mais techniquement peu à l’aise, il n’a jamais tiré au but et s’est rarement mis en évidence dans ce rôle de pivot. Remplacé par Vonlanthen à la 69e, qui n’a pas montré grand-chose.