Souvent dans l'ombre de George Brassens, on oublie que l'ami du chansonnier à la moustache était aussi un truculent styliste, pourfendeur des détenteurs de ce que Murray appellera "L'Empire du Bien". Du côté du peuple, de ce peuple que l'élite appelle parfois la populace quand elle est excédée par son comportement, René Fallet ne cesse d'être un amoureux du verbe et des plaisirs simples. Il suit le cyclisme, pratique la pêche et la pétanque. Un homme simple qui écrit un peu comme Céline, avec cet ardent désir de retrouver l'oralité par l'écrit.
L'extrait qui suit, issu d'Un Idiot à Paris, est une des ces savoureuses digressions propres à René Fallet. Le romancier parle des architectes, des "toujours contents" et, forcément, du rapport de cet élite aux râleurs français, le peuple en somme. Incisif et bien troussé, un styliste populaire comme on en fait malheureusement (presque) plus.
René Fallet
(...) Mets-toi dans le citron, Goubi, que les types qui construisent les HLM et ceux qui écrivent qu'il n'y a rien de mieux que les HLM pour les minus - ils sont "chauffés, ils ont l'eau et le vide-ordures, c'est merveilleux, qu'ils disent - ils se gardent bien d'y habiter, pas fou! C'est au coin du feu de bois, à Neuilly, ou à Passy, qu'ils nous mijotent ça, les architectes et les entrepreneurs, pas loin de la bonne à Madame en fourrure qui vote communiste avant de s'envoyer en l'air dans les petits studios de la rue de Berri. Les autres, au rayon publicité, ceux qu'ont le stylo en bois des îles et en flûte de Pan, si tu as le malheur de renauder, de rouscailler, ils te pourfendent : "De quoi! Vous préfériez les taudis, hein! Vous êtes un passéiste! Connaissez rien au monde moderne! Vous êtes pas encore assez minable d'abord! Pas assez serrés dans le métro! Dix étages seulement à vos immeubles, nous en faut quinze, vingt, trente, on s'en fout! Vous connaissez rien à la politique! Comment on le sait? Y'a qu'à voir comment vous votez pour être au courant! Nous faut soixante-quinze millions d'habitants, en France, plus si vous voulez, pas un de moins en tout cas, vu que c'est là l'optimum de la population, c'est Debré qui le dit! Quelqu'un Debré! Député de la réunion! Un crack! Plus vous serez de lapin dans la cage, plus vous aurez de carottes, officiel !" Voilà ce qu'ils disent des jamais contents, les toujours contents. (...)
L'article d'origine :
http://breviairedesvaincus.blogspot.fr/2012/08/rene-fallet-et-les-architectes.html
publié le 01/08/2012 à 15:51 par
alfouxlf
Un article rapide, tout bête, pour vous annoncer que le chaîne officielle du bréviaire des vaincus a atteint ce matin la barre des 12 000 vues. 12 041 au final. Bref, un petit exploit pour une chaîne littéraire où l'on trouve des interviews d'auteurs, chroniques et lectures.
Merci à tous
Le lien : http://www.dailymotion.com/alexishassler
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publié le 17/09/2010 à 04:54 par
alfouxlf
Nouvel épisode du bazar littéraire, la vidéo sur le lien suivant :
http://www.dailymotion.com/video/xet0i4_bazar-litteraire-levison-et-la-prec_webcam
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publié le 14/09/2010 à 20:48 par
alfouxlf
Voilà enfin la suite de l'atelier d'écriture, chapitre du roman sur lequel je travaille actuellement.
Je mets l'amorce, la suite via le lien
Atelier d’écriture, suite
L’habitude c’est une seconde nature disait Pascal. Mes rendez-vous réguliers à l’atelier d’écriture étaient devenus ma seconde nature. Chaque lundi, c’était avec le sourire que je me rendais là-bas, mes textes bien rangés dans mon sac. Une sorte de retour à l’état d’écolier, la douce régression.
Pierrette continuait de nous guider sans trop appuyer ses recommandations. Elle balisait à peine nos efforts. Le premier mois, j’avais trouvé ça étonnant ; le second un peu moins ; dès le troisième je m’en foutais éperdument. J’avais compris, comme les anciens, que l’écriture n’était qu’un prétexte. Que j’aurais probablement retrouvé les mêmes procédés dans un club de danse ou une association de joueurs d’échec.
Je m’amusais à écrire des choses inavouables et inavouées. Lors d’une séance, le devoir pour la fois suivante consistait à pondre quelques aphorismes. Des phrases bien troussées à la Wilde. J’avais eu un mal atroce à réussir ce travail de concision nécessitant une alliance subtile de la forme et du fond.
Un jour, en rentrant chez moi, j’avais rencontré un chien dans la rue. Le maître baladait son toutou, rien de plus normal. Seulement, je me suis arrêté pour regarder ce binôme lorsque le maître décida de faire un tour à la boulangerie. Le meilleur ami de l’homme n’était pas toléré, du coup boule de poils est resté dehors.
En à peine un mot, un geste, et encore, le chien s’est assis sur son postérieur, attendant sagement son maître sans même une attache solide. La seule chose qui retenait ce clébard, c’était son incroyable amour envers son maître. Pas besoin de chaînes.
Du coup, j’ai pensé à un aphorisme du style : « La fidélité des femmes n’égalera jamais celle des chiens ». Le jour J, je n’ai pas prononcé ma précieuse découverte, j’avais trop peur de froisser quelques connes, voire pire, ruiner mes maigres espoirs avec la jeune ibérique.
http://www.mymajorcompanybooks.com/Auteurs/hassler/
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publié le 11/09/2010 à 18:22 par
alfouxlf
Attention, voici la première interview littéraire organisée par le bréviaire des vaincus. Nous avons déjà d'autres idées d'interviews dont une en phase de montage. Bref, on essaie au mieux de vous proposer un contenu original et intelligent.
Pour cette première interview, nous avons posé quelques questions à Nada. Nouveau romancier, son premier roman, Hécatombe, noir, était l'occasion pour nous de bavarder un peu.
La vidéo est disponible sur le lien ci-dessous :
http://www.dailymotion.com/video/xebfkc_interview-litteraire-nada-hecatombe_webcam
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publié le 12/08/2010 à 17:37 par
alfouxlf
Nouveau concept littéraire, en vidéo, la petite lecture. Autrement dit, la lecture d'un extrait, illustré, pour vous faire découvrir en deux minutes un auteur, une oeuvre.
Aujourd'hui, Mon Chien stupide de John Fante
http://www.dailymotion.com/video/xed6em_petite-lecture-mon-chien-stupide-de_webcam
publié le 10/08/2010 à 07:26 par
alfouxlf
Avec un déménagement dans les pattes, pas simple de reprendre les bonnes habitudes. Voici donc un nouvel épisode du bazar littéraire consacré aujourd'hui à l'écrivain Ryu Murakami et son livre Miso Soup
La vidéo visible sur le lien ci-dessous :
http://www.dailymotion.com/video/xe6oc7_bazar-litteraire-murakami-et-la-pro_webcam
publié le 29/07/2010 à 10:15 par
alfouxlf
Nouvel épisode du bazar littéraire, au programme "Halimi et le journalisme" ou comment présenter le livre Les Nouveaux chiens de garde.
La vidéo visible sur le lien ci-dessous :
http://www.dailymotion.com/video/xdxexn_bazar-litteraire-halimi-et-le-journ_webcam
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publié le 06/07/2010 à 04:44 par
alfouxlf
Jean Lorrain fait parti de ce courant littéraire que l'on appelle le Décadentisme. On retrouve dedans des écrivains plus connus comme Barbey d'Aurevilly ou Huysmans. Dandys bien souvent, mélancoliques voire nihilistes, ils marquent les esprits grâce à une écriture raffinée doublée d'un vrai désespoir.
Dans son livre, Monsieur de Phocas, Lorrain nous décrit son personnage principal comme sujet à des pulsions meurtrières. Voyant des masques partout, il développe une haine incroyable pour ses congénères et rêve de tuer quelqu'un. Le passage qui suit retranscrit le virulent portrait des mondains que fréquente le protagoniste.
"Depuis que je le connais, la présence des autres m'est devenue plus intolérable encore, leur conversation surtout ! Oh ! comme elle m'angoisse et comme elle m'exaspère, et leur attitude, et leur façon d'être, et tout, et tout !... Les gens de mon monde, mes tristes pareils, comme tout ce qui vient d'eux m'irrite, m'attriste et m'oppresse, leur vide et bruyant bavardage, leur perpétuelle et monstrueuse vanité, leur effarant et plus monstrueux égoïsme, leurs propos de club !
Oh ! le ressassage des opinions toutes faites et des jugements appris, le vomissement automatique des articles lus, le matin, dans les feuilles et qu'on reconnaît au passage, leur désespérant désert d'idées, et là-dessus l'éternel plat du jour des clichés trop connus sur les écuries de courses et les alcôves des filles...et les loges des petites femmes ! Les petites femmes, autre loque de langage, la sale usure de ce terme avachi !
Ô mes contemporains, mes chers contemporains,... leur idiot contentement d'eux-mêmes, leur suffisance épanouie et grasse, le stupide étalage de leurs bonnes fortunes, les vingt-cinq et cinquante louis sonnant de leurs prouesses tarifées toujours aux mêmes chiffres, leurs gloussements de poules et leurs grognements de porcs, quand ils prononcent le nom de certaines femmes, l'obésité de leurs cerveaux, l'obscénité de leurs yeux et la veulerie de leur rire ! Beaux pantins d'amour en vérité, avec l'affaissement esquinté de leurs gestes et le démantibulé de leur chic (le chic, un mot hideux qui sied comme un gant neuf à leur allure, affalée, de croque-morts, épanouie, de Falstaff)... Ô mes contemporains, les ceusses de mon cercle, pour parler leur argot ignoble, depuis le banquier juif qui les a eues toutes et racole cyniquement pour l'Affaire, jusqu'au gras journaliste qui a son couvert, lui aussi, chez toutes, mais à de moindres taux, et parle tout haut ses articles, comme je les hais, comme je les exècre, comme j'aimerais leur manger et le foie et le fiel et comme je comprends les bombes de l'Anarchie !"
Bréviaire des vaincus - blog littéraire -
http://breviairedesvaincus.blogspot.com/
publié le 29/06/2010 à 06:36 par
alfouxlf
publié le 25/06/2010 à 04:55 par
alfouxlf