L'école toujours démunie face aux blogs
Dans le Val d'Oise, une collégienne risque l'exclusion pour des propos injurieux sur un prof, tenus sur son blog personnel
• L'administration scolaire se défend d'avoir surréagit •
Pas de trêve estivale pour les collégiens bloggeurs. Vendredi soir à 19h00, E., élève de quatrième, est convoquée dans son établissement, le collège Aristide Briand de Domont (Val-d'Oise). Pas pour y rendre ses livres — elle est en vacances depuis une semaine— mais pour affronter un conseil de discipline. Motif: «E. a tenu des propos injurieux et diffamatoire à l'égard d'un professeur sur un blog».
Comme un élève sur deux en collèges et lycées, selon les estimation de la déléguation aux usages de l'Internet, la jeune fille, redoublante mais sans histoire, avait son blog. Pas un défouloir ordurier mais un carnet de bord où elle notait ses états d'âme sans clairement distinguer la frontière entre espace privé et domaine public. «Elle ne se rendait pas compte que ça pouvait être lu», assure son père. Pas de raison pour elle, donc, de se priver de commenter sa vie quotidienne à l'école et d'écorner au passage sa professeure de français. Avec ce commentaire sous un cliché de la salle de classe: «Je la déteste cette prof de merde».
Branle-bas de combat administratif
Le blog a été mis en ligne le 29 mai. Une semaine plus tard, un professeur curieux de savoir ce qui se dit sur le Net à propos du collège de Domont sur rend sur Skyblog.com, la plate-forme de la radio Skyrock qui recense plus de 2 millions de blogs. Il trouve le site de E., prévient la professeur offensée qui se retourne vers le principal. «C'était branle-bas de combat, agitation, tergiversation, dit un membre de l'équipe pédagogique. Au départ le principal ne savait pas trop quoi faire.» Tandis que la professeure porte plainte, l'inspection académique est avertie. Tout s'emballe.
«L'administration a conseillé au principal d'opter pour la fermeté», dit un prof. «Nous n'avons donné aucune consigne, nous nous sommes contentés d'enregistrer le problème», réplique l'inspection académique. Quoiqu'il en soit, la direction de l'établissement décide de convoquer E. devant le conseil de discipline, une procédure lourde qui se solde souvent par une exclusion définitive. Ni les excuses que E. a faite selon sa famille, ni celles de ses parents, et pas même la fessée que son père affirme «lui avoir filé devant la professeure qu'elle a traitée» ne convaincront l'établissement de revenir sur sa décision. Le principal du collège, qui a refusé de répondre aux questions de Libération, s'est contenté de lâcher: «Il y a un conseil de discipline comme dans les autres établissements. Un professeur a été insulté, nous appliquons le règlement intérieur».
Blog-boulée
Si E. est définitivement exclue vendredi soir, elle deviendra le treizième élève blog-boulée cette année en conseil de discipline. «Il y a une dizaine de cas où les chefs d'établissements sont peut-être allés un peu loin, ce n'est pas si important que ça», estime Michel Guillou, adjoint du conseiller en Technologie de l'information et de la communication à l'Académie de Versailles. Sur 5,8 millions d'élèves dans le secondaire, c'est une goutte d'eau mais individuellement la mesure est lourde et très humiliante. Surtout, ces exclusions définitives tranchent avec le discours du rectorat et du ministère.
«Notre approche est pragmatique, affirme le rectorat de Versailles qui prépare une plaquette consacrée aux blogs qui doit être distribuée l'an prochain aux élèves. On travaille sur la pédagogie en tentant d'aider les élèves à s'adapter à ce formidable outil de communication. Quand des dérapages sont constatés, il y a beaucoup de choses à faire avant le conseil de discipline. D'autant que les jeunes n'arrivent pas à appréhender la dimension universelle des blogs. La première chose est de leur expliquer qu'ils ne sont pas sur un journal intime mais sur un outil d'expression publique».
Règlement scolaire aux normes internet
Mais le sujet est rarement abordé avant que ne tombe la sanction. C'est elle qui devient finalement le prélude à la prévention et, plus rarement, au débat pourtant prôné par le ministère. Derrière l'affichage, la réalité scolaire met du temps à s'adapter. Alors que la charte de l'Internet censée en réglementer l'usage devait être diffusée par tous les établissements à la rentrée dernière, seuls 70% d'entre eux l'ont annexée au règlement intérieur (lire l'encadré). Le collège de Domont faisant partie des 30% qui ne se sont toujours pas règlementairement mis au Net.
Et s'il est demandé aux rectorats de faire ajouter un paragraphe sur le blog dès la rentrée de septembre, les actions de sensibilisation concrètes restent embryonnaires. Ainsi, «un clic, déclic: Tour de France des collèges», opération lancée en février à l'initiative du gouvernement pour former les jeunes à un usage «moral et citoyen» de l'Internet, est loin de répondre aux besoins. Avec une douzaine de formateurs, le projet doit intervenir dans 500 collèges d'ici à la fin 2006. L'académie de Versailles compte à elle seule 650 collèges et lycées.
Vous savez à quoi vous en tenir les gars, les blogs ne sont plus des espaces d'expression personnels mais -un outil d'expression publique- , autrement dit une atteinte de plus à la liberté d'expression individuelle ?
Je vois pas où est le problème, ce ne sont que des paroles de lycéens que tout un chacun à déja eu et/ou aura si ce n'est pas sur les blogs, ce sera ailleurs ...
La france ou comment avoir la main mise sur toutes les formes d'expression ...même quand ce ne sont que des coups de gueule de lycéens ...
Source : Libé

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posted the 07/01/2005 at 01:47 PM by
blakguy
C'est pour cela monsieur le juge que j'exige le non lieu et que par la suite ma cliente mlle E. porte plainte envers son etablissement et envers son prof pour dommage et interet et vice de procedure !!!!!!
lol nah je deconne xD (quoi que ça pourrait sans doute passer aux ztats zunis =ppp )