L’univers du jeu vidéo, comme celui du cinéma et des arts en général, fonctionne un peu comme une partie de poker. Lorsqu’un développeur confie à son éditeur une licence, c’est comme si elle lui donnait la chance de mettre sur la table aussi bien une malchance paire qu’une excellente quinte royale. C’est quitte ou double. IO Interactive, le créateur de la célèbre série des Hitman, le sait malheureusement bien aujourd’hui puisqu’après avoir brillé bien des années avec son charismatique héros chauve, le temps semble s’être gâté pour le développeur avec Kane & Lynch 2. Après un premier épisode relativement moyen, IO remet le couvert en tentant de corriger les mauvais points du prédécesseur. Peine perdue il faut croire.
Fin novembre 2007, deux antihéros font leurs apparitions dans le paysage vidéoludique : un ancien mercenaire, Kane et un psychopathe sous sédatif, Lynch. Légèrement inspiré du cinéma de Michael Mann, le titre ne tire pas à la façon d’un Hitman le jackpot et déçoit même grandement les joueurs et pour cause, la technique du jeu, en dessous des productions de son temps. Malgré les mauvaises critiques, il semble que Kane and Lynch : Dead Men ce soit bien vendu puisqu’aujourd’hui son développeur, IO Interactive, nous propose de retrouver les deux compères dans une dernière aventure. Une véritable seconde chance pour les deux malades de la gâchette de nous prouver qu’ils en ont dans le ventre.
Alors qu'il semble avoir désormais une vie relativement rangé à Shanghai, Lynch qui vit maintenant avec une chinoise, fait appel à son vieux pote Kane pour l'aider sur un petit coup. Rien de bien méchant selon lui et pourtant... après une trépidante course poursuite dans quelques quartiers de la ville, ils remarquent qu'une petite erreur va leur couter extrêmement cher : parmi les nombreuses balles tirées par les compères, l'une d'entre elle est venue se loger dans la tête de la fille d'un des mafieux les plus puissants de Shanghai. Une erreur suffisante pour déclarer la guerre à nos deux malades. Poursuit l'instant d'après par les mafieux, la police et l'armée en même temps, ils se voient donc contraint de quitter la ville pour survivre. S'ensuit, comme vous pouvez le penser, une aventure aussi malsaine que morbide.
Un scénario peut être classique dans le fond, mais qui n'est pas pour nous déplaire puisque la descente aux enfers de Kane et Lynch s'avère assez cinglé pour captiver. Enfin, du moins au début puisqu'après quelques péripéties, on remarque que tous les maux du monde tombent sur nos malades. Aussi usant pour eux, que pour nous dans le fond.
Si le premier épisode nous laissait surtout prendre les commandes du mercenaire Kane, ce second volet nous propose de nous attarder sur le cas de son vieil acolyte, Lynch. Bien sûr, les deux sont contrôlables dans le jeu en solo, mais vous n’aurez pas l’occasion de plus que ça de prendre en main Kane. Autre changement par rapport au précédent volet, la disparition de la gestion d’équipe. Votre second allié devra se contenter maintenant de son I.A pour vous couvrir et se cacher. Un peu gênant pour un titre qui mise sur la coopération, dans le genre on se souvient d’un certain Army of Two qui lui propose une gestion plus poussé de son allié.
Malheureusement, ce n’est pas le seul défaut du titre puisque l’une des carences du précédent épisode refait une fois encore surface après près d’une heure de jeu : la difficulté de rendre l’action véritablement intéressante. Si on regarde bien, l’unique objectif de Dog Days c’est de s’échapper. Il faut toujours fuir des situations en mitraillant une centaine d’ennemis tous plus stupides les uns que les autres. Vous aurez l’occasion quand même lors de l’aventure, de protéger votre supérieur ou encore de canarder à bord d’un hélicoptère via une scène statique des vilains mafieux ou policiers. D’ailleurs, cette scène sera assez longue pour que finalement vous regrettiez son existence. Finalement, la monotonie a aussi du charme.
Une question pas si stupide dans le fond, puisqu’avec un peu plus de temps, il est certain que IO Interactive aurait pu peaufiner un peu Kane & Lynch 2. Du peaufinage, il en aurait fallu pas mal d’ailleurs ! Exemple, lorsque les personnages parlent, ceux-ci n’ouvrent pas la bouche. Alors à moins que les personnages du jeu ne soit ventriloque, il faut avouer que ce n’est pas à la hauteur d’un titre disponible en 2010. Autre point, la visée et le système de couverture. Pourquoi diable Lynch se couvre/tire t-il aussi mal ? Heureusement, le jeu offre la possibilité d’activer (de base) une visée automatique qui aide quelques balles perdus à se loger dans l’ennemi. Pour la couverture par contre, bonne chance.
Kane & Lynch 2, tout comme le premier, n'est certainement pas une démonstration technique. Graphiquement, le tout s'avère un peu fade. Les textures sont hasardeuses et souvent grossières et les animations se montrent légèrement rigides. Pour sauver le titre de la misère complète, IO Interactive a eu la brillante idée de rajouter un filtre et un style de caméra particulier au jeu. C'est donc avec une caméra façon film amateur, tremblotante, que vous aurez l'occasion de parcourir les niveaux. Si le mal de mer vous guette, sachez qu'il est possible dans le menu de stabiliser la caméra. En plus de ça, le titre sature les couleurs les rendant ainsi baveuse à souhait. Kane & Lynch 2 se veux être crade et noir, de ce côté c'est une réussite puisque l'ambiance se montre largement à la hauteur. Dans le fond, on imagine que le filtre fait quand même un peu office de cache-misère, mais passons, le résultat reste présent.
Côté bande son, le casting des voix est véritablement excellent puisqu'on retrouve le doubleur français officiel d'Al Pacino ou encore de Vin Diesel. Mise à part ça, les musiques accompagnent bien les situations et l'atmosphère est au rendez-vous. On regrettera seulement les animations labiales.
Kane & Lynch 2 ou l’apogée d’une série qui n’arrivera finalement jamais à marquer les esprits. Trop brouillon, ce second volet est à l’image de son style graphique, amateur. Hâtivement bouclé, l’aventure qui démarre pourtant bien se montre être très rapidement répétitive et surtout bien trop pauvre en originalité. Dommage puisque dans le fond l’ambiance ainsi que la réalisation crade aurait pu donner quelque chose d’intéressant. Un titre à conseiller surtout aux fans de jeu d’action à la troisième personne ou encore aux fans de la série. Finalement, Dog Days est bien une journée de chien.

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posted the 09/09/2010 at 10:17 PM by
jeu75