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On les avait laissés pour compte, vidés de leur sang et leurs sens, flingués par une maniabilité issue des bas-fonds. Descendus plus bas que terre, ils reviennent plus crados et plus barrés que jamais.
Shanghai 19h30. Un restaurant miteux, enfumé des lampions rouges à vingt yuans. L'atmosphère est pesante, les murs suintent la crasse, les visages sont blafards comme tirés d'une vidéo de mauvaise qualité choppé sur le Net. Lynch a une barbe de bûcheron, il aspire ses nouilles instantanées bruyamment, laissant dégouliner le bouillon sur son marcel. Même la musique de fond fait mal au crâne. Mais c'est surtout cette caméra qui file la gerbe. Affichant un filtre terne et des contrastes saturés, elle semble directement issue d'un téléphone portable. Instable, saccadé, le visage face caméra est mal cadré et l'image ne cesse d'osciller de droite à gauche. Quelques secondes suffisent à filer le mal de mer façon Youtube, les freezes de chargement en moins. D'un coup d'un seul, le bol de nouilles explose littéralement et un flot d'insultes accompagné de rafales d'automatiques nous met les tympans en sang. La caméra passe brusquement derrière le comptoir en plan serré, de façon à voir Lynch de dos en en version rapproché. Ce dernier vient de se jeter à couvert et de sortir sa pétoire, à sa droite, son compagnon de tablée, jusqu'alors ignoré, fait de même. Barbe mal dégrossie, mèche sur le côté et cicatrice de malade sur l'oeil droit, Kane a pris cher. Dans le boui-boui, c'est le Vietnam. Les nems pas très frais volent à travers la pièce et la sauce nuoc-mâm coule à flot. Tout ou presque explosent à l'écran. Tables, cloisons en bois, ustensiles de cuisine et clients en panique, rien ne résiste au feu nourri des nouveaux arrivants. Et vu l'armement, il ne s'agit pas là d'une sombre histoire d'appartements raviolis, à peine le temps d'en prendre plein la tronche que nos deux compères ripostent enfin. Le carnage vient tout juste de commencer....

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posted the 07/08/2010 at 11:55 PM by
jeu75