Prélude
Love Hina est un pantsu, un sous-genre minoritaire du shônen (voir lexique à la fin pour les genres et sous-genres du manga). Les pantsu sont toujours des manga plutôt malmenés par la critique, et les arguments sont plus souvent tournés contre le genre que contre le manga lui-même (à savoir les scènes dénudées, l’absence d’un vrai scénario…). Les détracteurs nous disent que tel pantsu est un manga moyen, mais à la vue de leurs arguments, il est clair que c’est plutôt qu’ils n’aiment pas les pantsu que ce manga en particulier… Bref, on entend plus les détracteurs que les fans, pour une raison qui reste obscure. Aussi, le nombre de lecteurs de manga français qui ont lu des dizaines de manga sans jamais lire un seul pantsu en entier me fait un peu froid dans le dos. Alors j’ai décidé de prendre le parti du plus grand pantsu qui soit, et d’essayer de vous donner envie de le lire, puisque j’ai l’impression que personne d’autre ne le fera… Je m’attacherais à spoiler le moins possible ce que j’espère être votre prochaine lecture !
A noter
Dans tout cet article, on ne parlera que du manga Love Hina et pas de l’animé. Sachez que j’ai trouvé l’animé vraiment beaucoup moins intéressant que le manga. Dans l’animé, les personnages sont moins beaux, moins attachants, l’humour est moins présent, le scénario peu fidèle au manga d’origine est nettement moins intéressant… Bref, si vous n’avez vu que l’animé, vous ne pouvez même pas vous faire un avis sur le manga, tellement le gouffre est grand. Aussi, il faut réellement lire Love Hina en entier pour se faire un vrai avis, ce qui n’est pas souvent le cas pour les pantsu.
I/ Présentation
Introduction
Love Hina est un shônen style pantsu, écrit par Ken Akamatsu (également auteur de Negima) et qui a été pré publié dans le Weekly Shônen Magazine. Le manga comporte 14 volumes, et est plutôt populaire au Japon, malgré qu’il ne se soit vendu qu’à un total de 13 millions d’exemplaires au Japon (ce qui reste pourtant le record pour un pantsu). C’est aussi le seul pantsu à s’être aussi bien exporté hors du Japon, et c’est pour ça qu’il y a de grandes chances que vous connaissiez au moins ce manga de nom. Il s’agit clairement du pantsu le plus populaire au Japon et en dehors du Japon. « Hands down » comme diraient les anglophones. Voilà l’intrigue pour que vous connaissiez au moins de quoi il en retourne.
L’intrigue
Keitarô Urashima est un garçon bien décidé à rentrer à Todai, l’université la plus prestigieuse du Japon, située dans la capitale. Malgré qu’il ait déjà échoué à deux reprises, il compte tenter le concours d’entrée une troisième fois. Cette abnégation est due à une promesse qu’il a fait à l’âge de 5 ans à une petite fille de 3 ans. Ils se firent la promesse d’entrer ensemble à Todai, car selon une légende, les couples qui entrent ensemble à Todai vivent heureux pour toujours. Après son deuxième échec, il emménage à la résidence Hinata qui appartient à sa famille, et il doit en devenir le gérant. Alors qu’il croyait qu’il s’agissait d’un hôtel, celui-ci est devenu depuis quelques années un pensionnat pour filles, alors habitée par un groupe de 5 filles. L’une d’entre elles, Naru Narusegawa, rêve aussi d’entrer à Todai et va passer le concours d’entrée l’année prochaine. Une autre coïncidence est que la raison est également une promesse faite à un garçon… Naru serait-elle la petite fille à qui Keitarô a fait sa promesse ?
II/ Analyse
Le scénario
Love Hina fait parti des pantsu qui possèdent une vraie continuité. Il ne s’agit pas d’une succession de petites histoires courtes comme c’est le cas pour To Love-Ru par exemple. Par conséquent, il existe un vrai scénario, même si celui-ci n’a pas une grande importance, comme pour tous les pantsu. Certains trouveront l’évolution trop lente, pour ma part, je trouve que c’est vraiment intéressant, avec des rebondissements, des passages clés, quelques mystères… Alors bon, ce n’est pas le même genre de rebondissements que dans des shônen style Nekketsu tels One Piece, Naruto ou Fullmetal Alchemist. C’est plutôt un scénario type shôjo, où les choses qui évoluent sont les relations d’amitié et d’amour entre les personnages. Il faut aussi ajouter à cela l’entrée à Todai, qui est bien sûr l’élément central du scénario.
L’univers de Love Hina
La plus grosse partie de l’action se passe bien évidemment dans la pension Hinata. Ken Akamatsu a d’ailleurs particulièrement travaillé ce lieu… qui est particulièrement gigantesque. La pension fait parti d’un gigantesque parc, où se trouve également un grand café/restaurant qui est un autre lieu fréquent de l’histoire. La pension elle-même est une gigantesque maison où chacun des résidents à une grande chambre. La pension possède également un Rotenburo (que serait la pension Hinata sans son Rotenburo ?). Certaines petites choses dans la maison font partie de la magie du lieu, comme le trou dans le plafond de Keitarô qui mène directement à la chambre de Naru (et c’est loin d’être un détail…) ou les passages secrets qui auront également leur importance. Le soin apporté à la géographie et à la magie de ce lieu est simplement remarquable. La représentation de Todai a aussi été très travaillée par l’auteur, et la masse de travail et la difficulté que représente l’entrée à cette université est bien retranscrite. Enfin, le style graphique est assez sobre et classique, et le dessin est de grande qualité, et ce du début à la fin du manga.
Des personnages attachants
Un des gros points forts de Love Hina, sans aucun doute. Les personnages sont vraiment… uniques. Ils possèdent tous des caractères très différents, et finalement assez complémentaires. Certains personnages sont plutôt timides alors que certains sont beaucoup plus extravertis. Ils possèdent aussi tous certaines manies qui nous font régulièrement rire ou sourire. Mais ce ne sont pas des manies classiques, surtout pour les personnages secondaires (Naru et Keitarô sont des personnages plus classiques pour un pantsu). Quand je dis manies, c’est un terme bien général, puisque ça va de Sû qui souhaite manger la tortue domestique de la pension jusqu’à Mutsumi et ses malaises imprévisibles. Les filles de la pension Hinata nous sont présentés comme de vraies pestes au début du manga, mais cependant elles se révèlent ensuite être des filles au grand cœur. Finalement, tous les personnages sont vraiment aimables, serviables, généreux et bons, et leurs petites manies qui nous font rire ne font que rajouter à l’attachement que le lecteur peut leur porter.
Une histoire d’amour exceptionnelle
Difficile d’écrire ce passage là sans trop spoiler, mais Love Hina comporte peut-être à mon avis la plus belle histoire d’amour qui n’ait jamais eu lieue dans un manga. Contrairement à pas mal d’histoires d’amour dans les shôjo sentimentaux comme C’était Nous, Parmi Eux, Fruits Basket, celle-ci semble étonnement plus vraie, plus naturelle, plus forte. La différence est peut-être que dans Love Hina, elle est un peu trop toute rose et tout se passe un peu trop bien, avec moins d’obstacles (ou disons que les obstacles sont surmontés un peu trop facilement). Mais un peu d’optimisme, ça ne fait pas de mal ! La timidité des deux amoureux fait que ça prend du temps pour se mettre en place, mais c’est ça qui fait qu’on y croit autant après tout. On peut simplement regretter que par rapport à la durée sur laquelle s’écoule le manga (c’est-à-dire 7 ans), on ait l’impression qu’on ne nous montre pas grand chose de tout ce que nos deux tourtereaux ont vécu. Mais bon, il vaut mieux ça que sacrifier l’énorme dose d’humour qui saupoudre Love Hina !
Une amitié indestructible
L’amitié qui règne entre les personnages de la pension Hinata est forte, et beaucoup de passages sont là pour le souligner. Cependant, ça ne s’est pas construit en un jour ! Au début du manga, l’accueil réservé à Keitarô ne laisse pas entrevoir une telle amitié. Et finalement, celle-ci devient si forte que les personnages n’hésitent pas à traverser le Japon pour s’entraider, et même malgré les difficultés, c’est toujours le sourire et la bonne humeur qui règne dans la pension. Encore une fois, on peut trouver ça trop idéaliste… les disputes, les arrières pensées… ça n’existe pas ici. Malgré tout, peu de manga réussiront à vous faire croire autant à l’amitié sans tâches. On a vraiment envie de faire partie d’une telle bande d’amis. Malheureusement, il faut bien avouer que de telles amitiés sont bien rares aujourd’hui.
Et qu’est-ce qu’on se marre !
L’humour est de plus en plus présent au fil des tomes. Jusqu’à l’arrivée du personnage de Mutsumi (dans le tome 3 il me semble), on peut dire qu’on était dans des proportions normales de rires à la lecture, mais ensuite, c’est toutes les 10 pages qu’on rigole ! Love Hina rivalise ainsi avec les plus grands mangas humoristiques tels que School Rumble, Yotsuba to ou le plus récent Beelzebub. Pour décrire l’humour sans trop spoiler, on va dire que ce sont souvent les manies des personnages qui nous font rire, même si l’humour de situation est évidemment présent, comme dans tout bon pantsu qui se respecte. Mais l’humour n’a rien de rébarbatif, et l’auteur parvient toujours à innover dans ce domaine. Du grand art.
Conclusion
Love Hina est un manga qui m’a profondément marqué. Entre de nombreux passages humoristiques qui me font marrer simplement en y repensant, une histoire d’amour extrêmement bien mise en scène et crédible que n’importe quel lecteur prendra facilement à cœur tant elle est belle et pure… rarement penser à un manga ne m’aura remémoré autant de passages. Si vous êtes vraiment amateur de manga, il est indispensable que vous lisiez Love Hina. Si vous aimez les pantsu, vous ne pourrez qu’aimer Love Hina. Et même pour quelqu’un dont les pantsu n’est pas la tasse de thé, il pourrait bien y trouver son bonheur. Ne cherchez pas plus loin la référence des pantsu, seul Love Hina peut prétendre à ce titre.
Lexique
* La classification des manga en genres n’est pas due au style du manga, mais au magazine dans lequel il est pré publié, et le public que celui-ci vise. Pour certains manga comme Video Girl Ai, on arrive à quelques bizarreries, ce dernier étant un shônen (il a été publié dans le Weekly Shônen Jump) malgré qu’il ait vraiment tout d’un shôjo.
- Shônen : manga pour jeunes garçons
- Shôjo : manga pour jeunes filles
- Seinen : manga pour hommes adultes
- Josei : manga pour femmes adultes
La classification en sous-genre est en revanche due au style du manga. Dans les shônen, on repère 3 sous-genres principaux :
- Les shônen style nekketsu, où le héros se bat pour ses amis avec une volonté incroyable, se relevant à chaque fois encore plus fort, etc… (les clichés sont nombreux) Exemple : One Piece, Naruto, Bleach, Fairy Tail, Dragon Ball, Saint Seiya, Fullmetal Alchemist…
- Les shônen style pantsu, où le héros est en général un garçon timide qui vit entouré d’une ou plusieurs filles et ceux-ci se retrouvent souvent dans des positions embarrassantes… Il y a en général aussi plus ou moins de nudité et pas mal d’humour. Exemple : Love Hina, To Love-Ru, Ichigo 100%, Beelzebub...
- Les autres ! Bon, on retrouve pas mal de manga policiers/enquêtes (Detective Conan, KochiKame, Death Note…), des manga sur le sport qui sont proches du nekketsu tout de même (Eyeshield21, Prince of Tennis…) et des manga plus inclassables (Baku-man…).
Il en va de même pour les autres genres. Pour les shôjo, on trouve particulièrement les romances et les magical girl, pour les seinen on retrouve l’héroic-fantasy, l’horror, le manga historique…
* Rotenburo : source d’eau chaude. Elles sont encore assez présentes et exploitées au Japon.
posted the 08/30/2009 at 02:44 PM by
yoyo1
mnt je suis surtout dans le seinen, meme si j'apprécie tj on bon ptit shonen ou shojo, tant que ça pars pas dans des connerie harem qui sont tj pareilles.
Je doit avouer que j'ai tendance à considérer les Episodes avec le divorce des parents de Shinobu, la soeur de Naru et le frere de Kaolla comme aussi canon que le manga.
Pour le reste, en effet, le manga est meilleur
Sinon, plus que le meilleur manga harem echii, Love hina est surtout le véritable premier du genre. Après, depuis, d'autres très bon sont apparu (Negima qui est le meilleur actuel), et certains sont aussi bon voire meilleur que Love Hina (mais Love hina est la reference car le premier)
Sinon, j'aurais aussi aimé que des personnes qui ne connaissent pas ait envie de lire Love Hina en parcourant cet article... là il y a que des connaisseurs, donc je suis pas certain d'avoir accompli l'objectif.
Sinon, je serais moins méchant que vous à propos des autres pantsu, il y en a pas mal des bien sympa. Ils ne valent pas Love Hina, certes, mais ça change bien les idées entre un chapitre de Claymore et de Vagabond. Après, faire des jugements de valeurs comparés entre un seinen et un pantsu (je pense à Megaman Rockman en disant ça), ça me parait un peu idiot, sachant que ce sont des manga qui ne visent pas du tout le même objectif. Et moi, très sincèrement, j'ai besoin des deux. Des manga sans humour à longueur de journée... moi je pourrais pas. Autrement, je conseille aussi fortement "Yotsuba to" en manga humoristique.