L'enfant que j'étais jadis était un grand amateur de jeux d'aventure. J'avais eu mon lot avec Mystic Quest Legend, RPG ultrabasique. J'étais rôdé aux jeux de Plate-forme. Zelda : A Link to the Past me crispait totalement (Jusqu'a ce que je découvre la grosse bombe... On est ou on n'est pas nOOb !) Et un jour j'ai découvert une drogue dure au Marché de Provins qui à l'époque vendait des jeux vidéos.
A cette époque mes parents avaient l'habitude de m'acheter un jeu quand on passait. J'avais découvert de nombreuses perles telles Donkey Kong Country, Mario Kart, l'impossible à faire marcher Super Scope (On est ou on est pas... Je me répète !). Ce jour là, j'aperçois au fond du comptoir, qui m'appelle comme la corne de brume appelle le bison à brouter sa verte prairie texane, un jeu en boîte noué dans un élastique bon marché avec un livret presque neuf sur lequel un étrange oiseau d'or à tête de femme me regardait et m'appelait avec ses yeux. Sur l'emballage un jeune homme avec un fémur accompagné d'un chien rustique affronte une créature rouge griffue immonde. C'est le plus grand Pousse-Au-crime qui puisse m'être fait. Son nom : Secret of Evermore.
Le jeu acheté, je le déballe comme un cadeau de Noël alors qu'on devait être en Avril. Le jeu en cartouche je suis impressionné par le graphisme (On est en 1996/1997, je découvre la Super Nes après tout le monde et encore un de mes potes avait une Nes qui nous bluffait avec Tortues Ninja et un autre avait une Mégadrive... Bon j'arrête je fais assez pitié comme ça) Toujours est-il que je commence ce jeu qui me saisit de suite par la mise en scène du départ digne d'un Sitcom. Et à l'époque par chance je suis fan de Premiers Baisers.
Rien de tel que d'aller au ciné avec son chien pour tenir la chandelle
Welcome to the Jungle
Trêve de plaisanterie, en jouant à ce jeu je ne savais pas dans quoi je m'embarquais. Ambiance forêt vierge folle avec des fleurs qui frappent. Ma seule arme : Un os et un chien. Mon humanité en prend un coup. Cette jungle ne me laisse que peu d'options à savoir monter vers le nord. Là, attaqué par des raptors et ayant l'expérience d'une crevette en matière de combat, je m'effondre. Mon chien me tire jusqu'à un village.... Pas moche disons juste kitsch. Me voici dans la Préhistoire. Je me crois tout de suite revenu dans le passé, avec les dinosaures et tout... En réalité je suis en enfer mais je ne le sais pas encore. Une gamine rappelant Nellie Oleson avec des binocles m'envoie chercher un alchimiste et me donne ma première formule : Feu.
Cela ne m'empêchera pas d'être affreusement bloqué à l'insecte géant de Claustro. Bon là vous ne comprenez pas alors une explication IRL s'impose : J'ai passé environ 6-7 mois bloqué sur Gigantik, le boss sur la boîte qui s'avère être le premier. Grosse démotivation pour le jeu, voilà... Et un jour par miracle, alors que tout espoir était perdu, mais alors que par miracle j'avais quatre pétales.... Gigantik explose. Le jeu ne commence donc vraiment pour moi que six mois après son achat puis sa revente puis son rachat. J'ai des relations chaotiques avec mes jeux. Il faut avouer que la première contrée est d'une difficulté hallucinante par rapport au reste du jeu.
L'enflure qui brisa ma vie : Gigantik.
Intrigue générale
Le jeu est remarquable pour la bonne tenue de scénario. Là ou certains jeux semblent l'oublier parfois, ici chacun de vos actes est une pierre angulaire à votre avancée. Le héros, appelons-le Bob, originaire de Pontoise, est coincé avec son chien, Totor, dans un monde magique appelé Perpétua. Passant de Pontoise à Perpetua et s'apercevant que c'est le même bazar, le héros cherche à rentrer chez lui histoire d'avoir le câble. Il devra franchir quatre contrées : Prehistoria, qui est un vrai bagne turc, Antika qui aurait pu s'appeler Aire de détente, Gothika, la plus jolie et la plus prise de tête des contrées, et Metropolis qui n'a rien à voir avec le film. Chaque contrée a ses décors résumés en images et dans l'ordre :
C'est pas très représentatif des différents décors (Le monde médiéval est à tomber) mais pour vous montrer la variété des décors. C'est simple on ne s'ennuie jamais tant au niveau scénario qu'au niveau paysages. D'ailleurs votre chien se transforme selon les époques en bête féroce, noble lévrier, ridicule caniche ou Toaster-laser.
Les magies du jeu sont des formules alchimiques, c'est à dire que tels Mac Gyver, vous mélangez deux ingrédients ensemble qui n'ont rien à voir pour créer une effusion magique. Par exemple le mélange de racines et d'eau procure la formule Guérison (Qui est obtenue après un boss et un demi-boss, bonjour la cohérence). Certaines formules sont interessantes mais inutilisables en combat réel telle Corrosion, un champignon et trois portions d'eau, c'est de l'arnaque à tous les plans.
Le jeu trouve donc son originalité dans bien des points. La traduction est plus que potable (C'est à l'époque ou ils étaient encore motivés) et la VF est donc appréciable. On rencontre divers personnages, Regard de Braise (Nellie), Alec Orbusier (La minorité visible) Anémone Dujardin (qui compte triple) et le professeur Rouflaquettes (Qui porte bien son nom), qui vous aident de diverses manières, avec des chapelets ou des conseils voire des missions suicides. Chacun de ces potes a un jumeau maléfique qui fait rien qu'à vous embêter. Parfois vous rencontrez le jumeau avant l'original ce qui est assez déroutant.
Guide touristique au rabais
Malgré le guide-vendu-avec, c'est un véritable tord-boyaux que ce jeu. Outre ma mésaventure avec le premier boss, qui fut suivie d'une méfiance exagérée avec chaque boss rencontré dans le jeu (psychose de la loose en série), il faut se rendre à l'évidence : Le guide n'explique pas tous les passages du jeu et il faut donc se crever le c** pour les passer seuls. Ainsi vous devrez vous étrangler avec votre manette pour trouver la sortie de la chaufferie avec votre toutou caniche qui a eu la sale idée de se fourrer là. Le plus marrant c'est que cette mésaventure se déroule pendant un banquet, donc si comme moi vous y passez des heures, lorsque le chien arrive au banquet cinq heures plus tard lorsque vous avez trouvé ce FOUTU PASSAGE DISSIMULE DERRIÈRE UNE ÉTAGÈRE, vous êtes soulagé de voir qu'ils en sont encore aux entrées.
seul le chien peut passer ce pont. Vous, vous vous contenterez de le regarder vous narguer de l'autre côté.
Aussi, la jauge et la roue qu'il faut chercher à un moment sont introuvables sans une jugeote monstre (Que j'ai mis des mois à mettre en place) et surtout parce que leurs boss gardiens ne sont même pas signalés dans la soluce....
Bref le guide stratégique est bon à jeter aux ordures ! Et je ne vous parle même pas de Metropolis ou des plantes en verrière qui infligent 999 de dégâts, vous mettez du temps à comprendre qu'il suffit d'éteindre les lumières pour passer !
Ambiances, références et gameplay
L'ambiance du jeu change d'une partie à l'autre. Le monde préhistorique est sauvage et étouffant. De la jungle au marais en passant par le volcan, franchement on a envie de modernité après ça. Le monde Antique est reposant avec ses couleurs blanches, ses lieux classe et sa propreté. Le monde médiéval est sublime et on aurait presque envie d'y rester. Metropolis est un best-of de tout ce que vous verrez dans le jeu, et dans d'assez incroyables situations.
Surtout ce jeu est parfois relativement effrayant : certains boss sont impressionnants comme Maralg le seigneur du Marais, ou Guignolo et ses marionettes conscientes de leurs destins qui revisitent une pièce de théâtre tout ce qu'il y a de plus sérieux de façon lugubre. La pyramide du monde Antique est impressionnante et passionnante à visiter. De nombreux détails provoquent frissons et sourires, et parfois on se prend à parler aux gens juste pour voir si leur réponse sera différente... et parfois elle l'est !
Le jeu comporte aussi de nombreuses références à la culture pop, parfois camouflées sous des pastiches, et parfois relativement explicites. Par exemple dans le monde médiéval, les deux cités voisines s'appellent Ebony & Ivory, et croyez-moi elles ne vivent pas toutes les deux en harmonie. Le tout séparé par un échiquier et une forêt maléfique. Le héros cite souvent des films en exemple et la dernière forme du chien est une référence explicite au chien K-9 de la série des Docteur Who. Par ailleurs les plus malins reconnaitront l'oeuf de Chocobo, et la référence subtile en intro à Maniac Mansion...
Concernant le gameplay, tout se gère par les anneaux de Secret of Mana (Mais les deux jeux n'ont rien à voir) sans la moindre confusion. On regrettera les limites d'objets portables à six par objet ce qui est scandaleux.
Conclusion
Secret of Evermore est un jeu légendaire à mes yeux qui a contribué à m'attacher définitivement aux jeux d'aventures. Si vous aimez les jeux corsés, les combats acharnés et être bloqué des heures dans une chaufferie sombre pour faire durer un banquet cinq heures, ce jeu est fait pour vous. D'autant que même encore aujourd'hui le jeu n'a rien perdu de sa saveur.
Conversation sur un volcan : -Salut, beau temps ? - Oui fait très chaud cette saison !
Faudra que je ressaye alors de trouve cette putain d'étagère!
Sinon globalement c'est un très bon jeu, mais qui ne surpasse pas mon jeu culte Secret Of Mana!