Le salon annuel de jeux vidéo organisé par la chaîne de magasins Micromania permet de découvrir sur le même terrain neutre parisien les consoles PlayStation 3 et Wii. Les jeux sont peu nombreux, les temps d'accès limités, mais il s'agit bien d'une exclusivité pour une fois destinée au public et non aux médias. Mode infiltration activé…
Organisé d'abord pour sa clientèle armée d'un ticket acheté 5 € à l'avance, le Micromania Games Show ne se présente pas comme les salons professionnels du jeu vidéo malgré quelques similitudes. On croise des lapins crétins sur le trajet en tapis roulant (des masques du prochain Rayman Wii sont généreusement distribués à l'intérieur). Un comptoir Micromania à l'entrée permet d'acheter des jeux sur place. Un écran de projection de plusieurs de mètres de base avec des petits poufs à ses pieds pour les spectateurs aimante l'œil juste après avec une démonstration de MotorStorm sur PlayStation 3. Une démo trop vite cassée par le commentateur anonyme au micro qui balance d'une grosse voix pas gênée :en mars 2007, viens avec ton gros portefeuille acheter la PlayStation 3, c'est dieu qui te le dit. Les fameuses hôtesses sexy sont ainsi remplacées par des animateurs haranguant la foule sur des podiums. La chaîne de TV GameOne enregistre son émission sur place et se garantit une foule de curieux. Une sensation de foire ou de fête foraine confirmée par l'odeur sucrée de barbe à papa entretenue par la moiteur non climatisée du hall 8 du Parc des Expos de la porte de Versailles à Paris.
Les jeux à la sortie imminente sont présentés sous leur enseigne plutôt que celle de leur éditeur. On se dirige vers la menaçante tente militaire pour essayer Call of Duty 3, la salle de vestiaire reconstituée de Bully (Canis Canem Edit), le podium Buzz pour participer publiquement aux fameux quiz de la PS2, on fait la queue devant un espace Gears of War. Pour accéder aux jeux ou aux stands les plus importants il faut d'ailleurs être passé par la billetterie à l'entrée où sont distribués des tickets (gratuits après le droit d'entrée) pour des cessions de jeux dûment planifiées sur un panneau d'affichage. La foire est bien organisée. Heureusement, certains jeux tout aussi populaires comme Need for Speed Carbon ou Pro Evolution Soccer 6 se la jouent moins exclusif et tendent leurs manettes sur de grandes rangées de bornes en libre accès. Où se laissent aborder sans complexe, comme les Phantasy Star Universe, Virtua Tennis 3 ou le dernier Sonic de Sega sur Xbox 360. Les consoles, elles, ont leurs espaces dédiés. Ouvert à tous, celui, circulaire, de la Xbox 360 ou de la PS2 bien connues du public ou, fermés sur eux-mêmes, ceux des nouvelles arrivantes, Wii et PlayStation 3.
PlayStation 3, 2 minutes de chauffe.
Le plus étrange peut-être dans la petite salle close et sombre de la PlayStation 3 où trônent à hauteur d'homme 8 écrans plats Sony gigantesques, ce sont les jeunes hôtes et hôtesses en train de discuter entre eux au lieu de rester scotchés devant les jeux PS3 en démonstration comme on voudrait le faire. Nous sommes pourtant le premier jour du salon. Une sensation rageante puisque les visiteurs patients dans une file d'attente de taille modeste (ce jour en tous cas) ne peuvent rester plus de 2 minutes dans la salle. 120 secondes montre en main à quelques dérapages ou négligences prêts avant de se faire éjecter ! Impossible d'essayer plusieurs jeux dans ces conditions. La première manette saisie sera la dernière. Pour avoir une idée de ce qu'il se passe sur un autre écran il faut jeter un œil pardessus son épaule tout en jouant. Exercice kamikaze obligatoire pour nourrir, à défaut de satisfaire, la curiosité. Les jeux au programme : Gran Turismo HD, MotorStorm, Resistance: Fall of Man et peut-être, aperçu du coin de l'œil hélas, Genki : Days of The Blade ou Heavenly Sword, tous édités logiquement par Sony Computer. Pour y jouer, les manettes SIXAXIS sont toutes reliées par fil à un placard sous les écrans et s'utilisent de façon traditionnelle. Un seul poste laisse voir une PS3 laquée debout. Toujours aussi - et presque anormalement - légère depuis notre dernier et seul contact à l'E3 2006, la Dual Shock améliorée semble avoir été légèrement remaniée. Notamment les deux gâchettes se substituant aux boutons R2 et L2 : plus fermes et moins de trajet à effectuer avant de toucher la butée. Plus fiable donc.
Quel effet cela fait-il alors de jouer sur PlayStation 3 ? Grand et clair. Les écrans géants derniers cris (Full HD mais résolution 1080p pas forcément activée ici, Resistance plafonne officiellement à 720p, par exemple) renvoient une image énorme, forcément, mais aussi d'une grande netteté et, surtout, très lumineuse. Les contours ne sont pas forcément 100% lisses et les textures peu fouillées, notamment GT HD où l'aliasing se fait remarquer, pourtant, les arrière plans sautent littéralement aux yeux. Même les décors en trompe l'œil de GT HD font prendre conscience d'une grande profondeur de champ. C'est un peu l'effet visuel provoqué par la HD sur des films. MotorStorm attire avec ses parcours rocailleux vertigineux surplombant des vallées, dommage alors que la prise en main agréable des véhicules ne laisse pas une grande impression de contrôle (les autres joueurs aperçus avaient aussi des difficultés à coordonner leurs mouvements). Toujours très en dessous de la frimeuse vidéo de 2005, le jeu offre malgré tout des effets d'accélération, de fumée et de casse haut de gamme. Avec ses textures héritées de la PS2, GT HD brûle quand même les yeux d'un éclat indiscutablement nouveau. Proche de l'indispensable sur un écran HD, ce GT 4,5 sera sans doute plus discutable sur un écran standard. Les échanges de coups de feu de Resistance : Fall of Man confirment un gameplay très frénétique, apparemment proche d'un Black (Criterion) avec des séquences de tir à l'intensité presque hystérique. Là également les arrières plans aussi présents que le décor des premières loges donnent au jeu une densité peu commune, comme son esthétique monochromatique un cachet indéniable. Petite surprise, alors que le jeu semblait viser un rendu purement photo réaliste, des contours dessinés, surlignés plutôt, d'un trait noir, viennent apparemment donner un petit aspect BD (tel Crackdown sur Xbox 360).
Wii, rien que du frais
Avec une console Wii bientôt disponible partout (le Wii décembre en Europe disent quelques brochures), Nintendo ne cache plus son jeu et se donne les moyens de montrer sa nouvelle gamme. Dans un grand espace climatisé – bienvenu et assorti à la thématique blanche de l'endroit – le public engagé dans la file d'attente peut venir essayer une quarantaine de stations Wii pendant 30 minutes avant d'être obligé de se diriger vers la sortie. Il faut donc faire vite pour essayer d'attraper les deux seules Wiimote Zelda, dont une sur une estrade jouable sur un écran monstrueux de 55' ou 60'. Un luxe qui, hélas, révèle les limites graphiques de cette démo Zelda déjà présentée à la presse depuis l'E3 2006 et à Londres en septembre dernier. Après les professionnels de la profession, c'est au tour du public jeune et moins jeune de s'essayer à la nouvelle interface et d'évidence, les enfants ne sont pas complexés par l'interface, contrairement peut-être, à des gamers plus âgés. Parmi la sélection de jeux présentée ici à l'identique de l'événement Nintendo londonien, il fallait repérer la première version jouable d'un Call of Duty 3 à la prise en main très convaincante (et excitante) malgré un rendu graphique très en-dessous de sa version Xbox 360 native. Cooking Mama était présenté pour la première fois et la Wiimote ne sert pas seulement à battre les œufs en neige puisqu'il faut aussi la faire tournoyer pour faire tourner en parallèle une crêpe à l'écran. A défaut d'être goûteuse, la cuisine Wii sera au moins spectaculaire ou rigolote comme le démontrent les mini jeux de Rayman et ses lapins crétins (entre autre : dessiner à la Wiimote et à la volée sur l'écran la saucisse ou la boite de thon qu'un lapin vorace, attablé serviette autour du cou, attend que le joueur lui serve, hilarant !).
En l'absence de Resident Evil (5 hypothétique), le Necro Nesia de Spike qui semble lui ressembler donne envie avec son personnage trottant dans une sombre forêt avec une lampe torche. Sitôt la Wiimote en main, hélas, le jeu révèle ses graves manquements ergonomiques. Passer en vue subjective pour assener des coups de bâton sur des araignées dégoûtantes (en pressant sur un bouton et non en secouant la Wiimote) est illogique et maladroit. L'affaire se lâche vite, comme celle d'un inédit et non identifié jeu de bille à déplacer sur des parcours d'équilibriste à la Super Monkey Ball. Très solide, mais aussi redoutable avec une Wiimote obligée de maintenir constamment une assiette horizontale ou de complètement tourner sur son axe, il faudra beaucoup de patience pour maîtriser ce jeu de bille. Un patience que les joueurs de passage ne peuvent pas avoir quand Super Mario Galaxy ou Zelda : Twilight Princess leur tendent les bras non loin.
Les Wii Channels, le joker multimédia vers le succès de la Wii annoncé il y a peu par Nintendo, sont aussi présentes et, comme prévu, très accessibles. Ergonomique et volontairement peu inquiétant, le design de l'interface a un petit air enfantin qui renvoie la Wii à la notion de jouet dont, semble-t-il, elle veut aussi s'affranchir.
De toute évidence tactile et cérébrale, jouer à la Wii ne laisse pas du tout la même sensation que le jeu, très semblable, sur PlayStation 3 et Xbox 360. La nouvelle proposition interactive de la Wii séduit instantanément. Néanmoins, si Nintendo doit réussir complètement un pari susceptible de se répercuter, à terme, sur les autres constructeurs, l'entreprise va devoir aller puiser très profond dans sa poche magique à créativité, car, visuellement, n'importe quel jeu Xbox 360 ou PlayStation 3 file un coup de vieux immédiat à tous les jeux Wii d'aujourd'hui et de demain. Un constat particulièrement flagrant quand la PlayStation 3, montrée ici timidement, laisse, sans trop faire d'effort, une très grosse impression.
Micromania Games Show : du vendredi 27 au mardi 31 inclus (9h-19h)
Source Overgame