Lorsque Hideo Kojima dit en avoir fini avec sa série
Metal Gear Solid, on finit par en rigoler tant ce genre d'annonce semble maintenant faire partie du show du maître. Dur de lâcher un tel bébé… Aujourd'hui, c'est au tour de
Peace Walker de faire parler de lui. Ses objectifs sont simples : faire jubiler ceux qui avaient déjà adoré
Portable Ops et attirer les derniers fans de la licence qui ont réussi jusqu'alors à se détourner de la PSP. La Team Kojima n'y a d'ailleurs pas été de main morte en garantissant que le scénario aurait parfaitement sa place dans la série et, mieux encore, qu'il aurait tout simplement pu s'appeler
Metal Gear Solid 5. Ah ouais, rien que ça… On va voir si l'ami Snake en a suffisamment dans le ventre pour nous scotcher à nouveau à la console pendant une paire d'heures.
S'attarder sur une histoire post-
Metal Gear Solid 4 aurait été la plus grave erreur qui soit dans la série tant le final de ce dernier concluait parfaitement le scénario global. Kojima ne s'y est d'ailleurs pas trompé en plaçant par-ci par-là de nouveaux opus qui explorent les zones encore inconnues, comme le futur
Rising situé entre les épisodes 2 et 4, ou encore maintenant
Peace Walker qui fait suite à Portable Ops, et donc au troisième, qui lui-même incarnait la base de la saga chronologiquement parlant. Ah ça oui, il faut suivre… On joue donc une fois encore Big Boss dans une des phases principales de sa légende : la création de son armée de soldats, baptisée ici
Militaires sans Frontières. On évitera de spoiler mais indiquons tout de même que les développeurs ne se sont pas moqués de nous puisque, oui, cet épisode portable propose un scénario à la hauteur de nos attentes. Si les néophytes s'y perdront rapidement avec une masse de personnages et un contexte politique qui leur retournera le cerveau, les fans purs et durs se mangeront de belles révélations et un nombre important de clins d'œil. Indispensable de ce coté, selon votre affiliation avec la série.
Avant d'attaquer le gros du jeu (le gameplay), faisons le point sur l'aspect sonore et technique. Pour le premier cas, rien à signaler une fois encore avec des mélodies qui signeront leur retour histoire de toucher l'oreille nostalgique des habitués, et faire découvrir des morceaux juste magnifiques pour ceux qui prennent seulement le train en marche. Même constat du coté des voix avec le doubleur habituel de Snake. Pour les graphismes, on garde le moteur de
Portable Ops qui a fait ses preuves, en le peaufinant comme il faut pour nous offrir un des plus beaux jeux de la machine, et surtout une ambiance proche de celle de
Snake Eater, avec donc beaucoup de jungle, des marais, les obligatoires bases… Le tout de jour comme de nuit. Pour les cinématiques, il faudra une fois encore faire avec Ashley Wood, le responsable de
Metal Gear Solid Digital Graphic Novel. On aime ou on déteste donc, mais reconnaissons que le tout se montre assez rythmé, d'autant qu'on peut interagir durant certaines scènes.
Le jeu en lui-même ne se démarque pas beaucoup du précédent avec toujours un enchaînement de missions assez courtes où se mêlent infiltration et action. Pas de mode de difficulté dans le sens général où on l'entend mais des missions répartis en plusieurs classe allant du très facile à l'enfer si on n'est pas préparé. Comme souvent d'ailleurs, on aura franchement tendance à se la jouer action dans les missions les plus simples, ce qui tombe plutôt bien puisqu'en l'absence de second stick analogique, le gameplay se montre beaucoup moins souple que les épisodes sur consoles de salon, et ce malgré le choix entre trois configurations au niveau des boutons. Evidemment, dans les missions les plus hardos, inutile de se la jouer bourrin sous peine de Game Over rapide (et rebelote au tout début) et il faut donc prendre son temps en usant des techniques classiques du personnage comme se plaquer contre un mur, observer le terrain, ramper, se planquer où on peut, user de son silencieux, etc. La technique de combat aux corps-à-corps (CQC) est évidemment de retour mais vous aurez vite fait de la délaisser une fois arrivé à un certain stade, les ennemis étant suffisamment balaises pour contrer votre art. Rajoutons que si l'IA ne brille toujours pas, vous devrez parfois redoubler de vigilance, d'autant que l'action ne freeze plus lorsqu'on plonge dans son inventaire.
Assez rapidement dans l'aventure, vous commencerez à développer votre propre camp d'entraînement : la Mother Base. Accessible entre deux missions, ce terrain vous demandera un bon moment avant d'être pris en main mais finira par vous bouffer de nombreuses heures de votre aventure tant il est indispensable pour progresser correctement dans le jeu. En effet, à l'instar de
Portable Ops, vous allez devoir recruter un grand nombre de personne pour fonder votre armée. Certains vous rejoindront sans mal, tandis que pour les autres, il faudra user de la politique
« Tu me suis, point final ». Heureusement, le système s'avère bien moins lourd que dans l'épisode précité où, souvenez-vous, il fallait se trimbaler chaque corps jusqu'au camion situé en début de mission. Ici, vous attachez simplement l'ennemi assommé à un petit robot qui l'emmènera dans les cieux en attendant que vos gars viennent le rapatrier. Pas forcément très réaliste mais quel temps gagné !
Une fois la mission terminée, il faudra faire le point sur vos nouvelles recrues. En effet, chaque soldat a ses propres caractéristiques qui vous obligent à réfléchir correctement avant de le balancer dans n'importe quelle section. Pour faire simple, ne balancez pas un intellectuel sur le front. La base est donc divisée en cinq parties où il faudra répartir vos hommes : la radio pour trouver de nouveaux objets, la recherche pour améliorer votre équipement (armes), la médecine pour soigner vos combattants blessés, l'intendance histoire que chacun soit bien nourri et que certains ne quittent pas la base du jour au lendemain, et le combat pour envoyer au final quelques soldats dans des missions annexes. On se prend rapidement à ce jeu dans le jeu, et il n'y a de toute manière pas le choix puisqu'il s'agira du seul moyen d'obtenir certains objets ou armes. Evidemment, si on est bien entouré, on peut gagner un temps fou en grattant quelques soldats d'élite à nos potes via le système d'échange en Wi-Fi.
Mais la raison de cette « obligation » de gérer sa Mother Base n'est pas innocente puisque, sans ça, l'aventure est d'une difficulté parfois abusive. Alors oui, on se plaint souvent du manque de challenge dans certains jeux mais ici, il est clair que la Team Kojima a cédé aux sirènes de la mode japonaise, à savoir le multi en coopération (
Monster Hunter,
Lost Planet 2, etc.). En bref, si certains boss sont une véritable partie de fun lorsque l'affronte à quatre, on en viendrait à se tirer une balle en solo. Le jeu est de toute manière construit pour accueillir plusieurs joueurs, la plupart des missions pouvant être abordé de cette manière. A vous maintenant de voir si vous avez des potes qui possèdent la console et le jeu pour vous faciliter la tache car sinon, seules les longs passages dans la Mother Base vous permettront d'atteindre la victoire. Au final, le jeu nous prendra une bonne vingtaine d'heures en ligne droite et en étant balaise, mais il faut bien entendu rajouter à cela l'aspect collection de soldats, les multiples récompenses, ce fameux coop mais également quelques autres modes multijoueurs allant du classique à la chasse aux gros dinos dans le monde de
Monster Hunter. Un UMD plein comme un œuf en somme.
Pour la deuxième fois, l'ami Snake pose son emprunte sur la PSP pour le plus grand bonheur des fans de la série. Beau comme un sou neuf et suffisamment long pour multiplier les allers-retours vers le chargeur de batterie, Peace Walker se montre en plus clairement pensé pour la PSP, que ce soit dans sa progression et ses nombreuses nouveautés comme la gestion de la Mother Base. Seuls reproches : une maniabilité toujours aussi délicate, la faute au manque d'un second stick, et l'obligation de jouer en multi pour les moins patients. Pas de quoi l'empêcher d'entrer dans le panthéon des meilleurs jeux de la machine.