Les créateurs de People Can Fly, à l'origine de la franchise Painkiller et du récent Gears of War : Judgment, forment un nouveau studio pour nous faire vivre une aventure bien loin des conventions.
The Vanishing of Ethan Carter est exactement ce que l'on peut appeler un OVNI. D'abord simple jeu d'aventure en point'n click qui ressemble d'avantage à un Myst qu'à d'autres titres du même genre comme
Sherlock Holmes ou
Runaway, celui-ci devient carrément étrange au fur et à mesure que son scénario s'étire. Votre voyage commence en tout cas à l'entrée d'un tunnel par lequel s'échappe un chemin fait de rails. On apprend alors que l'on incarne Paul Prospero, un détective qui est visiblement appelé à la rescousse par un jeune garçon nommé Ethan Carter, en proie à une menace plus que sérieuse. Au-delà du scénario qui ne s'explique pas pour éviter les spoilers éventuels, le jeu du studio
The Astronauts puise son inspiration dans plusieurs jeux, dont
Myst justement, mais aussi
Dear Esther. Car notre intéressé n'est pas un jeu comme les autres : il force à la contemplation, et n'aide jamais vraiment le joueur à avancer.
Dès le premier écran, les développeurs vous apprennent qu'ils ne sont pas là pour vous tenir par la main et que pour résoudre cette enquête en compagnie de Paul Prospero : il va falloir faire marcher votre imagination et votre désir d'aller plus loin que le simple chemin qui s'ouvre devant vous. Vous avancez alors, le long des rails, jetant un coup d'œil autour de vous. Notre enquête peut se faire en courant, mais pour notre plaisir personnel, on va l'effectuer à pied, justement pour être acteur de cette épopée qui va très vite commencer à porter ses fruits. Car si on ne vous donne pas d'indication sur l'endroit où vous devez aller, la première énigme arrive cependant rapidement, afin de mieux comprendre comment fonctionne le gameplay. En clair, une fois que vous arrivez sur des lieux intéressants, vous allez devoir résoudre une première séquence vous demandant de récupérer des indices, pour ensuite les replacer au bon endroit. Une fois que c'est fait, vous serez en mesure de déclencher une vision du passé qui se séparera en plusieurs morceaux qu'il faudra placer dans le bon ordre.
Mais après la première scène, vous êtes libre d'aller où bon vous semble. La zone où vous vous trouvez - Red Creek Valley - s'étend à perte de vue. Vous voyez les petites maisons désolées au fond de la vallée ? Vous pouvez les explorer. Et tout le scénario va justement s'articuler autour de ces lieux pittoresques, où de sombres événements semblent s'être déroulés. Vous pouvez les faire dans l'ordre que vous souhaitez, même si le jeu vous entraîne toutefois sur un chemin tout tracé, notamment grâce aux dialogues vous envoyant ici et là. C'est une fausse liberté, car la dernière partie du jeu peut potentiellement être un peu gâché par votre engouement à vouloir tout faire d'une autre façon que celle qui est souvent logique. Bien sûr, ça ne peut pas être forcément de votre faute : il y a bien des moments où l'on se retrouve complètement perdu, cherchant dans le moindre feuillage quelque chose avec lequel interagir. Un vrai travail de fourmi avec ses nombreux documents disséminés ici et là, et qui laissent entrevoir une intrigue aux niveaux de lecture multiples.
Car se contenter du scénario de base autour de la disparition d'Ethan Carter serait une erreur : si vous le faites et que vous ne vous creusez pas la tête à comprendre les divers textes, lettres et panneaux laissés ici et là, vous pourriez facilement trouver l'histoire du jeu fort peu passionnante. Si les clefs de l'intrigue ne sont pas clairement définies à la fin de votre partie, c'est justement parce que les talentueux développeurs veulent vous faire réfléchir, et c'est là tout le génie de
The Vanishing of Ethan Carter. Malgré tout, l'expérience s'avère courte : même en prenant un peu son temps et en butant sur quelques puzzles (comme celle du portail), vous dépasserez difficilement les cinq heures de jeu. C'est dommage que les énigmes n'aient pas bénéficié du même souci du détail que les graphismes. Et en dépit de la présence d'easter-egg et de secrets, il n'y a aucun succès sur PC, nuisant de ce fait à la rejouabilité.
On pouvait difficilement refermer ce test sans parler des graphismes. Avec son jeu d'aventure, l'équipe redéfinit complètement le terme « photo-réalisme ». C'est simple, chaque coup d'œil offre un panorama exceptionnel, un fond d'écran possible, et si vous vous amusiez à les imprimer et à les montrer comme des photos de vacances, vos amis n'y verraient que du feu. C'est en cela que le jeu se rapproche de Myst, mais il dépasse le titre de
Cyan World et ce, largement. Le réalisme est époustouflant, l'Unreal Engine 3 est ici utilisé jusque dans ces derniers retranchements. Il n'y a pas une texture qui se ressemble. Chaque petit caillou, feuilles, brins d'herbe, débris divers se contemple. L'ambiance glauque qui émane du jeu est sidérante, bien aidée par l'absence totale de mouvement dans ce décor d'exception où les effets de lumière en mettent plein la vue. Et comme le titre ne serait rien sans : on se souviendra longtemps de la musique qui dépote et qui transporte le joueur dans une autre dimension.
Les plus | Les moins |
+ Le photo-réalisme à son paroxysme
+ L'ambiance glauque
+ Le sentiment de liberté
+ La narration à base d'énigmes
+ Le scénario qui possède plusieurs niveaux de lecture | - Très court (5h)
- Énigmes trop simples
- Quelques soucis d'optimisations |
Conclusion : Expérience plutôt que vrai jeu d'aventure, The Vanishing of Ethan Carter n'en demeure pas moins passionnant. Court, mais passionnant. Qu'il s'agisse de ses décors à couper le souffle, de son scénario qui ne se dévoile vraiment qu'à la toute fin de votre enquête, ou de son ambiance unique, ce sont autant de choses qui rendent votre expédition aussi extraordinaire que surprenante.