Mon Bordel Perso
Un peu de contexte : le 3 janvier 2000, j’ai eu le bonheur de découvrir un nouveau dessin animé sur des créatures à capturer, sous le nom de Pokémon, et ce fut en quelque sorte un coup de foudre. J’ai supplié mes parents de m’acheter le jeu quand j’ai appris qu’on pouvait les avoir dans ma Game Boy. Je suppose que, comme pas mal de monde, je pensais que le jeu était une adaptation du dessin animé.
Sans le savoir, je découvrais le genre du JRPG, dans une proposition tellement singulière qu’elle se distinguait des autres titres du genre : un système de combat au tour par tour avec une vue claire, un monde relativement guidé par une succession de villes, de donjons (grottes, bâtiments, routes) et de boss (les champions d’arène), des objets consommables stratégiques comme les potions, et un scénario découpé en actes, sans parler de sa direction artistique et de ses OST marquantes.
J’ai commencé par Bleu, puis Argent, Saphir (qu’est-ce que j’ai adoré le concept de base secrète) et Vert Feuille. Mais là où j’ai vraiment pleinement apprécié la série, et où je considère qu’elle était à son apogée, c’est clairement la période DS : un scénario plus mature avec Diamant, un remake grandiose avec Âme d’Argent, et la consécration ultime avec Noir et sa suite.
La 3DS marque réellement, pour moi, le début de la décadence : un sentiment de jeu bâclé avec Y, un sentiment de foutage de gueule avec la Zone de Combat de Saphir Alpha, et Lune qui, malgré sa proposition innovante pour les arènes, reste oubliable. Cette déception liée au passage à la 3D n’était qu’une mise en bouche pour la suite.
Le passage d’une console portable à une console de salon (certes aussi portable) devait être un énorme défi. Force est de constater que la marche était trop haute. Pourtant, cela commençait bien : Let’s Go Pikachu, même avec son système de capture calqué sur Pokémon GO, était vraiment beau graphiquement. Mais c’était sans compter sur l’espèce de monde ouvert de Bouclier, avec son clipping inexcusable.
J’ai sauté le remake de Diamant, où j’ai eu un fou rire lors de sa révélation dans un Pokémon Presents, en misant davantage sur l’autre épisode se déroulant également à Sinnoh. Même si, techniquement parlant, le jeu est aux fraises, Légendes Pokémon : Arceus est un petit plaisir coupable, avec son côté « safari » où j’ai réellement le sentiment d’explorer un monde dangereux (la première rencontre avec Ronflex est brutale). Sa direction artistique lui donne un cachet certain, et l’idée de compléter le Pokédex par l’observation des Pokémon dans leur environnement est exactement la proposition que j’attendais de l’idée même de répertorier ces petits monstres.
J’ai eu énormément d’espoir pour Violet après cette expérience, mais après avoir joué à Zelda, je ne pouvais pas pardonner sa technique en retard, ses villes insipides, ses mini-jeux cheap et son absence quasi totale de scénario — alors même que l’endgame est vraiment intéressant et aurait pu servir de fil rouge principal.
Pourquoi je vous raconte tout ça ? Tout simplement pour donner du contexte avant de donner mon avis sur ZA. Cela permet de montrer que la déception qui va suivre est celle d’un joueur fan de la licence, qui, peut-être, n’est plus la cible, mais qui attendait un meilleur traitement.
Le jeu nous emmène à Illumis. Cette fois-ci, plus de zones sauvages, mais une ville — et c’est là son problème : aucune verticalité. Et je ne parle même pas de ces espèces de phases de parcours, avec une maniabilité du héros aussi raide qu’un pain dur. Le jeu est inspiré de Paris, et quand on connaît la ville avec des lieux comme le Sacré-Cœur, les catacombes, le musée des Égouts, le métro… il y avait clairement de la matière pour donner envie de se déplacer dans la ville plutôt que d’utiliser des points de téléportation.
Et parlons de la téléportation… Il est inadmissible pour moi qu’en 2025, une licence comme Pokémon propose des téléporteurs pour se déplacer sur les toits, alors que ce n’est pas comme s’il n’existait pas des monstres capables de se déplacer de multiples manières. Mieux encore, ils auraient pu utiliser Zygarde comme Pokémon monture : des chaussures pour marcher sur les murs, puis, au fur et à mesure qu’on trouve ses cellules, une tenue complète. Au lieu de ça, il apparaît dans le jeu de manière assez forcée.
On me dira qu’on a enfin un système de combat en temps réel. Mais le fait de ne pouvoir déplacer que le dresseur me frustre, et ce n’est pas l’idée que je me faisais d’un Pokémon en temps réel. Pourquoi ne pas aller jusqu’au bout, à la manière de Ni no Kuni ? En parlant de combat, toute la force stratégique du tour par tour a complètement disparu : celui qui tape le plus vite gagne.
Bon point néanmoins : le Tournoi Royale Z-A, véritable « American Nightmare » de Pokémon, est une formule bien trouvée pour remplacer la boucle routes, combats et arènes. Et merci d’avoir accéléré le rythme, car le faire 25 fois aurait été pénible. En revanche, un élément clé est quasiment inexistant : les donjons. Ils manquent cruellement. Vu le nombre de bâtiments emblématiques de la ville, il était pourtant facile de les transformer en véritables quêtes annexes. On aurait par exemple pu imaginer une histoire dans un clone du Louvre, avec une tentative de vol.
En parlant de musée, celui du jeu montre en tableau des zones inutilisées dans X et Y, comme par exemple la centrale électrique de Kalos. C’est précisément cet aspect qui me pousse à écrire cette critique. Le DLC annoncé, avec ses distorsions spatiales, me semblait être l’occasion parfaite de visiter enfin ces lieux et de réparer, en quelque sorte, un vieux préjudice.
Mais il n’en est rien. En 2025, la licence la plus puissante au monde propose un DLC à 35 euros, avec un recyclage de la carte du jeu… mais en négatif. Certes, on dépasse le niveau 100 et on obtient de nouvelles Méga-Évolutions, mais la pilule ne passe plus. D’habitude, je joue pour faire une critique, mais cette fois j’ai décidé de regarder un replay de cette extension, et mon instinct m’a permis de faire quelques économies.
La conclusion ? J’ai une règle simple : pour moi, un bon jeu est un jeu pour lequel je me pose la question « est-ce que j’y rejouerais ? ». Si la réponse est oui, alors c’est un bon jeu, voire un très bon jeu. Pokémon Z-A n’entre pas dans cette catégorie. Le DLC est le dernier coup de marteau sur le cercueil de mes attentes envers la licence. Je suis d’accord avec le principe de surprendre les joueurs en leur donnant ce qu’ils n’attendent pas, mais encore faut-il que l’exécution suive.
posted the 12/12/2025 at 10:14 PM by
aggrekuma
Je pense effectivement qu’il y a un vrai problème de créativité chez Game Freak (probablement bridé par les délais), alors même que la licence Pokémon permet énormément de choses. Plus on a avancé dans les générations de consoles, plus les jeux ont perdu en créativité, mais aussi sur le plan technique.
De plus, au lieu d’avoir l’intelligence de proposer des remakes ou des suites en HD-2D, alors que le studio a historiquement bâti le succès de la licence sur ce style, on a préféré forcer une 3D sans âme, au détriment du charme du pixel art, que le studio maîtrise bien mieux historiquement.
Ce qui est certain, c’est qu’après la DS (même si j’ai quand même apprécié XY), la qualité globale a fortement baissé. Et il se trouve que le départ de en 2022 (décrit comme trop contrôlant et exigeant apparement) n’a pour le moment pas porté ses fruits, bien au contraire.
Effectivement le planning de sorti avec les cartes, anime, merch etc doit être un frein, mais dans ce cas, faites comme Ubisoft : faites plusieurs équipes, pour avoir un temps de développement raisonnable et a la hauteur de leur ambition
Je ne demande pas à Pokémon d'être photoréaliste, c'est pas le but, mais la licence mérite vraiment mieux.Si on enlève le skin Pokémon, les jeux auront au mieux la moyenne dans leur notation presse.
Même la D.A et le level design, c’est très pauvre dans l’ensemble.
(Je rajoute à mon précendent message que je parlais du départ de Masuda, qui en plus en réalité a déjà arrêter de vraiment diriger à partir de Let’s Go, comme par hasard depuis c’est la débandade).
sonilka on a défoncé à l'époque les quetes annexes de FF XVI, je ne comprends pourquoi trés peu de monde ont pas critiquer les quetes annsexes