Réalisateur du génialissime "Velvet Goldmine", Todd Haynes s’attaque encore au rock mais cette fois nous dresse le portrait de Bob Dylan. Et quel portrait! "I’m Not There" est un ovni, Haynes convoque six acteurs afin de dresser un portrait de l’idole rock américaine. A la manière d’un kaléidoscope on est embarqué dans un voyage à travers les âges de la vie de Dylan.
Il est assez difficile d’écrire ce qu’on pense après avoir vu le film. "I’m Not There" est un électrochoc comme on en voit peu de nos jours, un film barré et qui s’assume. En 2 heures on va de personnage en personnage, tricotant peu à peu le portrait de cette icône où chaque nouvelle séquence apporte une pièce supplémentaire au puzzle qu’est Dylan. La force du film repose sur ces interprètes. Que ce soit le génialissime Christian Bale en Jack Rollins, chanteur martyr, Marcus Carl Franklin en Woody Guthrie, jeune garçon âgé seulement d’une douzaine d’année mais débordant déjà d’une étonnante maturité, Ben Winshaw en Arthur Rimbaud, poète désincarné et torturé, Heath Ledger en Robbie, acteur désinvolte, Richard Gere en Billy, un cowboy solitaire hors-la-loi ou la géniale Cate Blanchett en Jude, ils incarnent tous avec perfection la liberté. Six rôles donc et un qui a retenu particulièrement mon attention est c’est celui de Jude, copie/coller au féminin de Dylan autant physique de moral, Blanchett n’incarne pas Dylan, elle est totalement habité par ce rôle dont seul le sexe opposé fait la différence. Encore une fois et avec un charisme de fou, Blanchett livre une très grosse performance.
Si cette dernière propose le rôle le plus intéressé du film, on ne peut pas en dire autant de Richard Gere. On ne le voit pas énormément à l’écran et les moments où il entre en scène ne sont pas très fascinants. C’est dommage car ce rôle de solitaire hors-la-loi aurait pu proposer de bonnes idées. "I’m Not There" est d’autant plus magnifié par sa photographie rétro sublime allant du noir au blanc à la couleur. Servis aussi, mais il fallait s’en douter, par une BO tout juste énorme. D’ailleurs il ne suffit pas d’être un fan du chanteur pour apprécier le film à sa juste valeur car "I’m Not There" n’est pas une biopic à la Ray, non, "I’m Not There" est un voyage en quête de liberté, un voyage comme le cinéma nous en a très peu servis.
Bilan :
Todd Haynes s’approprie le mythe Bob Dylan, entretient la légende et nous livre un chef d’œuvre d’une puissance graphique sans pareil porté par un casting parfait et une BO entraînante. "I’m Not There" est un film culte, un film unique et déstabilisant, une œuvre barrée, schizophrène et bordélique, "I’m Not There" est un monument du cinéma !