Annoncé comme le plus grand succès espagnol, comment ne pas jubiler devant un tel propos ? Produit de plus par le grand Guillermo Del Toro, l’Orphelinat a toutes les cartes en mains pour vous séduire. L'horreur à la sauce espagnol sa donne l'Orphelinat.
Laura a passé son enfance dans un orphelinat. Plus tard, alors qu’elle est mariée et mère d’un petit garçon, elle décide de restaurer la bâtisse de son enfance pour fonder elle-même son propre orphelinat. Mais elle ne sait pas qu’en aménageant dans cette maison, son fils va se trouver des amis imaginaires. Laura va tout tenter pour aider son fils en allant, même, jusqu’à croire que dans les profondeur de cet orphelinat, se cache un lourd secret.
Une demeure, des gamins et des fantômes ? C’était effectivement le recette du film « Les Autres ». Dans le fond c’est pareil, dans la forme c’est radicalement différent. Juan Antonio Bayona, dont c’est la première réalisation s’entoure d’un grand, Del Toro en personne. Si on sent qu’il n’officie pas en tant que réalisateur, la pâte du maestro y est bien ancrée.
L’Orphelinat s’apprécie à différent type de lecture, la première approche serait de le qualifier de film de fantôme. C’est du moins se que tente de nous faire croire le début, L’Orphelinat sombre par la suite dans un mélodrame psychologique établissant ainsi une réflexion sur les dégâts du temps, la répercutions des impacts de l’adulte à l’enfant et sur la différence.
Que ceux qui attendent une bonne dose de frisson s’abstiennent d’entrée sous peur d’être entièrement déçu. Le film de Bayona impressionne par son ambiance et son aura, qui répercute le mal être constant des protagonistes. Pourtant, on ne peut pas dire que le script déborde d’originalité. Si il est certes, rébarbatif sur le papier, le script s’ouvre à toute les portes, permettant d’installer un conflit familial opposant le père à sa femme et à son fils. Elle espère en sa progéniture, trouver des réponses à son passé, offrant un final à mi chemin entre le drame et l’happy end.
Belen Rueda, en tête d’affiche réalise une performance époustouflante. En mère désespérée, elle évite soigneusement les clichés et offre sa justesse et sa grâce à la magnifique photographie du film. Les plans prés de la plage sont magnifiques et le cadre global offre de belles images. La réalisation est touchée par la poésie des situations, ou comment rendre le moment le plus triste, en un moment de pure beauté (la scène finale est d’une émotion énorme, idem pour le passage de la cave !). Bayona essai de donner un juste équilibre à l’ensemble mais impossible de ne pas se perdre parfois dans les moult réflexions et indices qui s’accumulent. Le métrage s’égarant sur des sentiers mille fois battus par le genre, n’impose pas de réincarcérer quelque chose de nouveau en la matière, si le réalisateur n’offre pas d’alternatives, il s’approprie proprement le sujet qu’il lui a été donné. On pourrait comparer l’approche identique à celle de [Rec.], qui lui aussi n’invente rien mais réinvente tout. C’est efficace en fait. Et l’efficacité, c’est pas se qu’il manque à cet Orphelinat (stupéfiante scène de la médium, la première rencontre entre le petit garçon mal formé est puissante). C’est trés dur de retranscrire se qu’on ressent après avoir terminé l’Orphelinat. Un mélange de tristesse et de mélancolie vantant ces moments de frissons modéré mais diablement efficace. Tissant, via son fil invisible, la structure limitant deux mondes parallèle mais identique où des fantômes sortent et rentrent constamment, au dépit d’un jeu machiavélique du chat et de la souris, dur de rester insensible à ce tour de montagne russe.
Bijoux espagnol, l’Orphelinat réalise l’exploit. Plusieurs fois primé et ovationné dans les festivals, le chef d’œuvre de Juan Antonio Bayona est un moment magique remplis de rage de et de larmes, une œuvre épuisante et dramatique. Bayona convoque Ses fantômes pour un moment de pur bonheur. Un futur classique.