Mon plus gros mensonge était pour Lui.
Mon plus gros mensonge est cette histoire, où sont mêlés rêve et réalité si étroitement que personne ne peux les distinguer. Lucien...le moment me paraît important pour tout dévoiler. C'est l'Apocalypse, c'est le lever du voile.
A toi:
J'ai vu tes lèvres sur celles d'une autre, j'ai senti ton odeur et tes cheveux au gré du souffle des choses. J'ai senti ce que nul ne peux sentir, j'ai senti cette odeur chaude et presque sucré, moelleuse comme du pain: c'est la tienne. Tes mains un peu rugueuses et si légèrement humides, tièdes, je les voulais partout effleurer et mon âme et mon corps, modeler mes passions, la courbe de mes hanches comme un vent du désert dessine peu à peu les dunes. Grain par grain: je te voulais grain pas grain; puis entier.
Roi de la réalité, tu me dominais dans le monde des sens; mais en rêves et en songes, tu atteignais à peine mes chevilles. L'albatros maladroit que j'étais dans la réalité mouvait avec magnificience ses ailes au dessus de toi dans l'idéosphère. Je t'ai donné vie dans mon livre,mon roman, ma vraie vie. Tu t'appelais Lucien. Tu étais comme je voulais que le monde soit. Ainsi pour te donner un semblant de la douleur ressentie par mon être, j'ai implanté un virus. Curieux, un recours à la science pour une rêveuse comme moi, n'est-ce pas?
Tu me pardonnes, n'est-ce pas que tu me pardonnes?
C'est avec gravité que je veux exprimer tout ce que j'ai vécu. Pourquoi je t'ai implanté un virus, un virus, un virus, un virus pour détruire la seule couleur du monde...
Il fut un moment où tu ne savais rien de moi; j'étais la fille qu'on prenait inconsciemment en photo, derrière toi et ton amie ensoleillée, souriants comme deux enfants. Et au dernier plan, on me voyait, silencieuse, ombre cherchant à dissumuler l'immense admiration que j'éprouvais à ton égard derrière une mèche de cheveux sur les yeux. Ainsi tu ne me voyais pas, et je croyais pouvoir te contempler sans que tu t'en aperçoives. Je t'aimais, tu sais.
Oui.
Je brûlais secrètement d'envie qu'un jour tu me repères.
Mais dans l'attente de ce moment, c'était les vagues de douleurs, les ondulations d'un parfum toujours identique, l'attente interminable, lancinante, caressante et frustrante; les pensées de moments rêvés qui me laissaient sur la peau une impression de chaleur à chaque fois; c'était aussi les murmures à moi-même et les plumes qui m'étouffaient par leur douceur; ou alors l'attention fiévreuse, les battements de coeur interrompus par des insignifiances; puis la fièvre intense d'un sentiment réservé aux plus fous, la sensation d'être rien et d'être tout. Ensuite, de longues périodes de blanc, d'attitudes béates, tout un nuage de coton pour nous faire flotter et tout un gris brouillard pour boucher notre vue, s'estompant qu'à la vision de celui qui nous désespère.
Il apparaît comme une esprit, rendu davantage admirable par la totale inconscience de l'importance écrasante de son existence sur la mienne. Il a souvent la tête penchée, dans une attitude de dandys digne de celle d'Oscar Wilde. Il était ce qu'il y a de beau dans le mal et ce qu'il y a de mal dans le beau.
Cependant il deumeure une chose qui me fascine encore dans l'amour à sens unique: le panthaimé. Un néologisme qui n'a d'autre sens que d'exprimer cette façon unique qu'on ceux qui aiment, de voir dans chaque particule universelle le nom et le visage de leur bien-aimé. L'amour tisse une toile qui unie le Tout à Lui, ou à Elle.
...
Encore une fois, pour tromper la douleur qui m'étreind, je prend comme un bouclier mon point de vue cartésien et le force à considérer mon âme comme une expérience, mes larmes comme une réaction chimique.
Ca nous soulage de nous voir rats de labo.
Ca nous donne moins de..responsabilités.
Ca nous fait croire que rien n'est réellement réel.
Je dénonce le mensonge permanent de nos existences, mais le chérit par parfaite connaissance de l'inutilité qu'apporte la vérité.
Elle nous offre les choses telles qu'elles le sont, mais si aucun d'entre nous ne souhaite cette façon qu'ont les choses d'être?
Il suffirait de mentir et quel mal y'a-t-il à mentir?
-Le même mal qu'à aimer, chuchote une deuxième voix.
C'est l'inspecteur divisionnaire Barque. Depuis le début.
Ni procès, ni interrogatoire, ni meurtre si ce ne sont ceux que j'ai engendré dans mon cerveau malade, si ce ne sont ceux que j'ai couché par écrit. Tout a été inventé comme tout doit l'être dans les livres. Même le meurtre. Ne me dites pas que vous êtes déçus et que (attention subjonctif, c'est beau le subjonctif, ça fait hurler et grincer la langue française) vous eûsses préféré qu'il eût réellement lieu...ce serait cruel, et morbide.
Qu'est-ce qu'un adolescent de 15 ans a bien pu vous faire pour placer cette idées en vos têtes?
...Le fait peut-être, que pour une d'entre elle, il était plus beau que la mer et plus beau que la lune. Plus beau que la mort elle-même est libératrice. Il était comme ces livres dans les histoires de magie, qui sont si passionants que quiconque les lit ne peut à jamais les refermer.
En réalité, cette légende provient d'une magie réelle, celle qu'on les bons livres prêts à nous envoûter complètement, de façon à ce que l'on ai très peu envie de s'arrêter. Et par conséquent les légendes amplifient ce que le monde peut offrir d'un peu moins banal que d'ordinaire. Lucien est une légende, Lui une de ces créations «que le monde peut offrir d'un peu mois banal que d'ordinaire».
C'est encore une sorte de déception, de savoir qu'un homme aussi extraordinaire que Lucien n'existe même pas dans ce livre.
Le but de ce roman est de vous faire goûter peu à peu à ce genre d'amertumes, comme connaître et découvrir les aspects négatifs de celui qui a inspiré Lucien ont été les déceptions de ma vie.
Mais ces désenchantements romanesques sont les seules à donner un sens à ce livre; comme Il a été le seul à donner un sens à ma vie.
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Bonne continuation......Manew gros bisew !
t'es vraiment fantastique!
j'hallucine..
c'est trop beau!
vivement que je lise tout...