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I will always love you...
Bleue était dans la partie de son deuil où il lui fallait le connaître. Ce corps qui pourrit ici-bas, elle l'avait beaucoup aimé, mais l'avait-elle connu?
Connaissons-nous quand nous aimons?
Ce terrible besoin de lui s'exprimait chez Bleue par une violente envie de le posséder, de savoir qui il était.
-J'ai attendu la mort pour te connaître, Lucien, pensait-elle.
Et je pleure parce que tu n'es plus là, perdu dans le passé. Dans mes rêves, jamais tu n'y apparais! L'absence de toi se fait ressentir...Je ne me souviens même plus de tes traits, Lucien. Je me souviens de ta bouche si ronde et tendre , que l'on croque comme une cerise, lèvres sucrées, je ne me souviens que de ça. Comment étais-tu, vivant, vibrant? Les photos manquent de cette âme qui donnait à ta beauté un aspect si différent, à tes expressions une chose marquée et douce, un rayonnement intérieur.
Je me souviens quand je te regardais de loin, au temps où tes lèvres m'étaient interdises, je me rapellais de tous tes traits, chaque mouvement de ta silhouette, ta démarche par coeur. Comme tu paraissais intimidant et mystérieux, là-bas, à quelques mètres, qui m'en semblaient mille, de moi !Moi qui te contemplait comme on contemple un tableau, avide, je n'avais pas même l'envie de te hurler: «Je suis là, pourquoi est-ce que tu ne me vois pas!», non, plonger mon regard en toi me suffisait amplement.
Les photos sont froides, froides comme tes mains qui ne sentiront jamais plus les miennes. Comme il est affligeant de contaster que les choses ne sont pas éternelles...
La submergea alors le terrible regret de ne lui avoir pas fait d'enfant. Aucun petit Lucien ne veillait dans son giron. Elle aurait tellement voulu en avoir un, l'aimer encore davantage que son père. Ne pas se laisser fasciner par sa beauté, comme la mère de Lucien l'avait fait pour lui, le condamnant à devenir un enfant perdu, un admiré. Un objet d'art, quelquechose que l'on n'oserait toucher par peur de le briser. Une peur de gâcher ne serait-ce qu'une once de cette oeuvre, cette magnificience par le contact de nos doigts sales.
Non, il fallait l'aimer pour ses défauts, et respecter, admirer cette irréelle beauté.
Lui rendre hommage, l'honorer, faire quelquechose.
Cet enfant aurait été le continuation de lui, son fruit, son semblable. Rien que pour se souvenir quel est l'effet de voir le Beau lui-même en vie, en personne, Bleue souhaitait ardemment voir ses seins gonfler, son ventre s'arrondir pour protéger avec une affection sans bornes le résultat de leur amour. Desespéremment plat, cependant son ventre avait encore envie des étreintes de Lucien. Mais réellement, c'était chaque infime partie de son corps qui le réclamait, qui réclamait ce besoin de toute son âme et son être en un banal manque physique.
Psychosomatique, dans un sens.
Freud aurait été fier d'elle, songeait Bleue.
Il lui arrivait très peu souvent de ne refouler aucune de ses pensées
Il y avait aussi très peu de choses qu'elle désirait si ardemment, mais Lucien était l'une d'elle, et elle ne l'avait pas, lui. Il avait choisi le monde souterrain, il était loin, terriblement loin, rongé par les vers, toute sa beauté que l'on croyait immuable est à présent gâchée, pourrie, une charogne infâme...
«Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion!»
Elle se souvenait de ce jour. Ce jour où nul ne dormait, les étoiles au-dessus d'eux. La nuit avait pénétré en eux, sans aucun sourire, Bleue ne se souvenait même pas des gestes. Tout avait été glissé en silence, flou comme dans un rêve. N'en étais-ce pas un? Avait-elle à un seul moment douté de la réalité des évènements, ou était-elle bien trop préoccupée par ceux-ci? Etait-ce la même chose? Etais-ce un éclat inespéré, une lumière? Un miroir brisé pour donner la vérité? Etais-ce ce jour-là que le rêve avait défié la réalité? Cet instant précis était-il celui où la réalité d'Asuka avait dévié du rêve de Bleue? L'ultime instant où leurs deux vies n'étaient désormais plus la même. Jamais plus, de toutes façons, elles ne le seront.
C'est tellement dur de se dire que les choses ne sont pas éternelles.
Un jour viendra où tout changera, quoi que l'on fasse, quoi que l'on dise. Rien n'est immuable, et c'est la chose la plus désolante au monde. La beauté de Lucien ne sera jamais plus, c'est si dur de l'avouer, de l'accepter. C'est si dur de se dire que cette chanson finira bientôt, même si on la repasse en boucle, elle finira. Elle finira pour laisser place à une autre ou est-ce déjà la fin de l'album? Se souvenaient-ils du Serment?
Si soudainement il était venu, si soudainement il était parti, envolé.
-Où donc s'envolent les notes des chansons quand elles sont finies?
-Dans ta mémoire, Bleue, dit la voix grave de Klaus.
-Dans ma mémoire?
-Tu te souviens encore de Cure, non?
-Bien sûr.
D'un geste que Bleue remarqua à peine, plongée dans ses pensées, il appuya sur le bouton play et on joua la plus belle mélodie de tous les temps: on joua la mélodie de cette chanson, on joua les plus belles années de sa vie, on joua Lucien avec une voix murmurée, écorchée vive. Robert Smith lui chuchotait son Lucien, et elle laissa glisser ses larmes. «Klaus mon vieux magicien, comment as-tu fait ça?»
Whenever I'm alone with you
You make me feel like I am home again
Whenever I'm alone with you
You make me feel like I'm whole again.
Whenever I'm alone with you
You make me feel like I'm young again
Whenever I'm alone with you
You make me feel like I'm fun again
However far away
I will always love you
However long I stay
I will always love you
Whatever word I say
I will always love you
I will always love you .
Whenever I'm alone with you
You make me feel like I'm free again
Whenever I'm alone with you
You make me feel like I'm clean again.
However far away
I will always love you
However long I stay
I will always love you
Whatever word I say
I will always love you
I will always love you .
I will always love
you.

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posted the 03/28/2006 at 04:06 PM by
asukaaa
Cure je croyer ke cété un mek !!ouuuu chui creuvé la révolution sa fatigue!
continue!c tro bien
Et puis le Lucien originel, celui qui réside dans une enveloppe charnelle dans le monde des sens, si un jour il passe ici, tu crois qu'il comprendra ces paroles, les paroles que j'essaye en vain à chaque seconde de mon existence de lui insuffler, de lui dire, de lui faire comprendre?
¤ I will always love you ¤
Dommage
____
Continue !
(ben ui, I will always love him, pas ma faute...)
(c'est à toi que je parle!!)
ma chanson...
merchi je cherchais les paroles!!