...les créatures d'une conscience d'un être supérieur...
Je crois faire partie de celles qui font semblant. Un mensonge, je ne raconte qu'un mensonge. Lucien, Klaus, Morgan, Bleue, Arnaud, la Nuit ambulante, le Jour en crinière blonde... Mais qui sont-ils, ont-ils un rapport avec moi, leur Dieu? Existent-ils uniquement dans ma conscience ou sont-ils des personnages réels (mais en somme qu'est-ce que le réel?) Et nous, nous qui croyons vivre ailleurs que dans un livre, sommes-nous seulement les créations d'une conscience d'un être supérieur? Peut-être que je n'ai pas de volonté propre mais qu'Il me donne l'illusion d'en avoir une...Peut-être que cet être supérieur me fait écrire cette histoire,il m'y force, et dirige ainsi la vie, les actes et le destin de six milliards d'hommes? Si cette hypothèse est justifiée, je ne vois pas pourquoi on devrait le vénérer. Il n'est pas bon et raisonnable; il a fait naître des guerres, il a tué des hommes, en fait souffrir d'autre, tout ça parce qu'il...parce qu'il est Dieu-tout-puissant? Et il fait naître en nous un sentiment de vénération pour son bon-plaisir, pour avoir l'impression qu'il invente un univers où on lui est reconnaissant. Ces prières inutiles, ces sacrifices de moines ou de prêtres ne sont-elles pas la marque qu'il nous ordonne, nous oblige à réagir ainsi, même si c'est contraire à notre «bon-sens»? Il a forgé notre conscience de façon à ce que nous le considérions comme le responsable de notre bonheur, de son existence-même. C'est de la propagande! Un culte de la personnalité!
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Même moi, qui suis un Dieu pour Bleue et Klaus, n'est-ce pas cruel que de leur retirer une personne qui leur est chère, les faire souffrir si intensemment? «Mais ce ne sont que des personnages d'un livre», me diriez-vous.
Et si vous et moi l'étions également?
Que feriez-vous, ah, je me le demande...
Je les fais souffrir comme j'ai souffert, ou je les fait souffrir car leur réactions peuvent-être intéressantes. Des rats de laboratoires?! Dieu nous considère-t-il comme des rats de laboratoires? Il observe comment nous réagissons lorsque nous avons mal, lorsque nous sommes heureux, surpris. Cependant, cette thèse n'est aussi pas propable, puisque c'est lui aussi qui détermine nos réactions et nos sentiments! Moi aussi, j'aurais très bien pu ordonner à Bleue d'aller jouer au poker en riant bien de la mort de son Lucien, puis de rencontrer un serpent géant à trois têtes et de danser la samba avec lui. Mais je ne l'ai pas fait, par soucis de réalisme. Réalisme par rapport à la conscience de Dieu (c'est-à-dire le monde où nous vivons), mais qu'est-ce qui est vrai, qu'est-ce qui peut-être le réalisme pour Dieu? Si pour nous ce qui est réel, c'est ce qu'Il invente dans sa conscience, a-t-il lui aussi été créé dans une autre conscience que la sienne, ou est-il, justement, cet être parfait et totalemment indépendant, qui n'a d'autre monde que celui (ou ceux:imaginez qu'il ait d'autres mondes à gouverner en plus du notre...) qu'Il invente. Bleue et Klaus seraient les plus minuscules poupées russes...
Pour conclure, je dirai qu'il n'y a pas de doute: si l'hypothèse selon laquelle nous serions des créations d'une conscience d'un être supérieur à nous, et que chacun de nos gestes serait voulu et décidé par Lui est confirmée, Dieu est un dictateur,un égoïste, un belliqueux, un mégalomane, mais il est également quelqu'un de très étrange, et dont nous ne pouvons pas percevoir les idées. En effet, pourquoi me laisse-t-il l'insulter ainsi, pourquoi laisse-t-il Marylin Manson clamer à tort et à travers qu'il n'existe pas? Certainement pour des raisons qui nous échappent...Car il est trop puissant pour nous. Nous sommes ses esclaves, mais Il nous a offert la possibilité de nous révolter. Là peut-être résidera notre salut.
C'est pourquoi, à l'effigie de Karl Marx, je reprend:
ESCLAVES D'UNE CONSCIENCE DE TOUS PAYS, UNISSEZ-VOUS!
C'est un peu...lourd, vous ne trouvez pas?
Conscience de tout pays, c'est un feu d'artifices de mes idées jetées en l'air.
Non, tout ça c'est non, non je sais une idée en l'air.
N'empêche, ça fait froid dans le dos de seleument imaginer qu'il existe un être supérieur, maître de nos actions et de notre salut. Brrr...
J'en tremble encore!