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Cogito sum, ergo mais qui est ergo?
Le soleil éteint, la conscience tranquille, je somnole à moitié. Un jour déjà est passé. Un jour s'est déjà envolé. Demain, il faudra recommencer. A quoi bon tout ça, me diriez-vous, à quoi bon tout ça? Pourquoi sortir d'un rêve si beau, quitte à vivre dans le mensonge à jamais? Quelle est la sensation que la réalité nous apporte de plus intense que le rêve? Cette sensation du réel enjolive-t-elle les choses, les rend-elle plus importante à nos yeux? Pourquoi un rêve serait moins important que ce que nous appelons la réalité?
Le monde des sens est futile et imparfait; dans un rêve, notre vision des choses est idéale. Qu'est-ce qui nous pousse, chaque jour, à nous réveiller avant le soleil, tout un passé radieux derrière nous, et un futur incertain devant nous? Quel est ce curieux instinct qui nous force à vivre avec la sensation d'avoir vécu meilleur? Toutes ces choses que nul n'a voulu quitter, pourquoi s'acharne-t-on à nous les enlever? Quel est ce sentiment que nous procure la réalité, sensation qui nous oblige à quitter l'univers des songes? Les collines de mes rêves sont d'un vert tendre, le soleil est d'un rose de barbe à papa. Ici, les collines grisonnantes dessinent l'horizon tristement et le soleil est voilé par de gros amas de coton gris. Adolescence, enfance et philosophie...
L'origine des choses...
L'origine de notre existence...
L'essence de notre univers.
Pourquoi le rêve?
Je suis tellement mieux, là-bas...

Dans la poésie, il est laissé des marges vides, succédant aux vers. Il est très important de les lire, ces marges, ces espaces blancs. Ils appartiennent davantage aux poèmes que les vers eux-mêmes, et le lecteur peut caser ses pensées dans le vide. Ils sont comme une bouffée d'air. Lisez-les, je vous en prie, laissez votre regard se perdre jusqu'à la fin de la page, laissez vos yeux caresser ces derniers instants de liberté avant de s'envoler à la ligne suivante, lourde de mots et de sens. Laissez vos pensées glisser sur ces plaines de neige blanche, laissez-les...
S'envoler...
S'envoler au pays des rêves ou au monde des idées...
Laissez-les.
Chaque jour, ils me disent que je ne peux pas partir. J'en ai tellement envie, moi. Je n'ai plus rien n'a dire, j'espère avoir transmis un message, quel qu'il soit. Sa nature n'a aucune importance, mais son existence, si. Au fond, c'est peut-être ça la réponse: qui que nous soyons, quoi que nous fassions, l'essentiel est que nous sommes réellement, et que nos rêves se créent au fur et à mesure, au fil du temps. Qu'importe notre nature, pierre, plante, étoiles ou animal, la seule chose que la Mémoire retient, c'est qu'il fut un jour où nous fûmes ici. Mais pourquoi ici? Pourquoi pas là-bas? Pourquoi dans un pays libre où tous les hommes sont égaux en droits, ou pourquoi en Palestine, là où les bombes, la haine et la pauvreté ravagent les terres? Qui a bien pu décidé de faire souffrir les uns et de faire jouir les autres? Qui peut-être assez idiot, assez sectaire pour classer l'humanité en parties distinctes, sans raisons particulières? Assez puissant, aussi, pour décider de tout cela.
Dieu existe, certainement, mais ce n'est pas celui des religions. A moins qu'il y ai une cause naturelle à tout cela? Ce n'est pas la colère de Zeus qui fait tomber la foudre, c'est une histoire d'électrostatique, de pôle plus et de pôle moins.
-Mais alors, comment se fait-il que ceux que nous aimons meurent-ils un jour? Il n'y a pas d'électrostatique derrière tout ça... Uniquement de l'injustice.
-Et alors, pourquoi aimons nous?
-On serai tellement plus heureux, si on ne tenait à rien... Les robots doivent être les plus heureux au monde!
-Les robots, par définition, ne peuvent être heureux, car, tout comme les animaux, ils n'ont pas de conscience. Ils se nourrissent, se reproduisent, et l'instinct de survie les fait... survivre. Ils ne vivent pas, ils survivent. Jamais un lapin ne pleure, jamais une tortue ne se suicide. Mais jamais ils n'aiment, et c'est pourquoi jamais ils ne seront heureux, ou du moins, conscients de leur bonheur.
-C'est faux. Les animaux aiment, eux-aussi, ils protègent leurs petits!
-Instinct maternel.
-Et lorsqu'ils défendent leur maître bien-aimé aussi?
-Instinct de survie: le maître est celui qui lui donne à manger, à boire, vaut mieux pas pour le chien que le maître disparaisse... Je n'appelle pas ça de l'amour, mais du saprophysme.
-L'amour est donc notre seul moyen d'être heureux?
-Évidemment. Tu préfères être riche (mais seul car trop égoïste pour partager tes biens), obtenir tout ce que tu veux, ou vivre dans un taudis, comme un clochard, avec ta meilleure amie et ta passion?
Ou alors, préfère-tu conquérir les alentours de la Méditerranée, devenir un grand empereur, comblé de richesses et de plaisirs superflus, ou vivre dans un tonneau? Figure-toi que, des deux, le plus heureux était celui qui vivait dans le tonneau!
-...
-...
-...
-Ôte-toi de mon soleil...
(Surtout si c'est pour mourir à cause d'un poulpe cru...)
-...
-Non, arrête, Asuka, j'aime pas quand tu fais la stoïcienne...
Bon tu me balance la suite ??!!