Chapitre 3
A nous les riches, le superflu est notre seule nécessité.
Oscar Wilde
Le soleil avait grimpé haut, là-bas, dans l'horizon. Moi, jeune fille de 14 ans, je tapais sur mon ordinateur. J'écrivais cette histoire.
Je soupirais, semblait m'ennuyer à mourir.
Tryo résonnait à mes oreilles :
«te faire torturer parce que tes dreadlocks ont poussées, vivre dans ta cité pourrie, ton week-end comme seul ami...» Tryo le disait tellement doucement, tellement bien. Leur douceur me frappait à chaque note. Tryo, c'était la jeunesse, c'était ma jeunesse.Ma vie n'était qu'une utopie, une vie que je vivait dans les textes que j' écrivais, que je diffusais sur Internet, puis que deux ou trois amies à moi lisaient, laissant des commentaires gentils et flatteurs. Des commentaires qui m'insufflaient des raisons de vivre, comme ça, comme un feu d'artifice de consolations. Ma vie ne changeait pas pour autant. Néanmoins, mes voyages dans le monde que j' avait créé et les commentaires de mes amies me donnaient la force nécessaire pour lutter, chaque jour, chaque matin. On se levait, soldats de plomb. Les jours étaient identiques, banals. Je n'était plus amoureuse, je ne croyait même plus à l'amour.
Pourtant, il fallait s'accrocher, toujours et encore, s'accrocher avec les ongles, s'accrocher avec les dents.
Je sifflotais.
-Désolé pour hier soir
D'avoir finit à l'envers
La tête dans l'cul, l'cul dans l'brouillard
Les gars, désolé pour hier
Désolé pour hier soir
D'avoir fini à l'envers
Promis, demain, j'arrête de boire
Cette fois c'était la dernière
Désolé pour hier soir
Désolé pour hier soir
Désolé pour hier soir
Désolé pour hier soir...
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