«Mon amour, mon éternel, mon ange, mon tout-petit», dit la femme en talons roses, apparemment très triste.
Lucien se meure en même temps que l'ange sur le grand lit blanc. Bien trop grand, ce lit. Les minuscules pieds roses de l'éternel étaient dissimulés par le monticule blanc de draps javalisés. Le soleil était à son déclin, mais les volets de fer descendus. Nul ne pouvait voir l'horizon rose, pas plus que sentir les derniers rayons du soleil. La femme pleure un peu. Lucien la regarde. Elle a les cheveux en bataille sur son front pâle. Elle était très belle. Elle était japonaise, aussi. Ses yeux humides se posèrent sans un mot sur ceux de Lucien. Il sourit, car il n'avait rien d'autre à faire. Il allait mourir dans le cimetière blanc. Il allait mourir... Ca voulait dire quoi? La Mort... C'était très lent, très blanc aussi. C'était doux mais pas très agréable. Lucien avait si mal au coeur. Il se souvint, que quand les gens meurent, ils perdent 21 grammes. Est-ce ça, le poids de l'âme? Le poids de l'âme... La revanche des scientifiques sur les philosophes, trop jaloux de leur savoir, infiniment plus grand...
Mauvais, la science.
Oui, c'est à ça que l'on pense en agonisant. Aux hommes, à la philosophie, à tout sauf à notre vie respective. Lucien ne pense pas à ce qui se termine, il pense à ce qui est.
Le soleil était couché, à présent. La nuit descendait sur l'hôpital, sombre comme les yeux de la belle femme. Il respirait difficilement, émettant un râle discret.
L'infirmière, en tailleur rose, se dirigeait vers lui, à petit pas pressant dans le couloir. Sans un mot, vide d'émotion et certainement fatiguée de sa journée,l'infirmière Parfaite ouvrit brusquement les rideaux de fers. La nuit s'engouffra. Lucien ne put s'empêcher de constater que les larmes de la japonaise sous les néons de la chambre blanche rivalisaient d'éclat avec le scintillement des étoiles sous la brise. Il sourit, faible, livide comme la chambre.
Parfaite sortit sans un regard accordé au patient ni à ce qui semblait être son premier amour. Celle-ci faisait la fontaine sur le lit propre. Elle l'avait lavé il y a à peine deux heures! Les gens ne respectaient rien. Dédaigneuse, elle les laissa.
Elle est tellement belle, pensait Lucien. Ma japonaise. Voilà dans quel état tu retrouves ton oeuvre d'art. Blanc comme l' hopitâl que tu hais. Tu vas quand même me prendre en photo, blanc comme ça? En espérant toujours les exposer au Louvre, tes photos de moi, depuis le collège? Mmmh... Va, ma belle, réalise ton voeu, je pars, moi, maintenant, à jamais, pour toujours. Quoi de plus beau que d'emporter ton image?
Il aurait voulu lui dire ça, mais il avait à peine la force de garder les yeux ouverts pour la contempler. Ca lui aurait fait tellement plaisir un «Je t'aime» murmuré avant la fin...Elle qui tenait tant au romantisme, il ne pourait lui adresser pas même un mot. «C'est pas pour nous, les belles fins comme dans les films. Pas même un mot, juste un regard où elle lirait tout. Oh, chère Nuit, même toi, ma fidèle (ma seule) amie d'enfance que j'ai toujours aimé, ma Nuit, même toi tu es moins belle que la femme qui pleure devant moi! Au revoir, au revoir! Il criait tellement en lui, mais rien ne sortait.
I will always love you!
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posted the 01/11/2006 at 01:51 PM by
asukaaa
plus tard, peut-être....
fodra lenvoyé a un pro
bravo asuka