Marseille – Monaco. L’affiche a de quoi emballer les foules. Du moins avait, puisque les deux équipes qui dominaient le championnat il y a dix à quinze ans, sont toujours en haut du classement, mais se font bousculer chaque année par l’OL, le psg ou Auxerre.
Ainsi la confrontation sans merci d’antan a quelque peu perdu de son aura, mais constitue toujours un sommet du championnat de France.
Cette année ne fait pas exception à la règle. Les deux équipes se tiennent bien dans le haut du classement, certes loin derrière l’OL, mais offrent depuis plusieurs mois avec Auxerre et Lille une lutte sans merci pour la qualification en Champion’s League, notamment cette fameuse deuxième place directement qualificative.

L’affrontement à distance devient confrontation directe ce dimanche. Alors que Lille, comme beaucoup le sentaient, perd peu à peu du terrain et ne se positionne plus comme le (futur) dauphin de l’OL, l’OM et Monaco semblent les mieux armés pour se disputer les restes du championnat (tant Lyon, reconnaissons-le, a survolé, survole et survolera cette saison).

A ce jeu, l’avantage du moment est à créditer aux phocéens, puisque l’OM effectue un remarquable parcours depuis la trêve et l’arrivée de Philippe Troussier aux commandes. Les errements des matchs allers sont en passe d’être pardonnés aux joueurs, et maintenant que ceux-ci trouvent leurs marques, laissent augurer d’une saison prochaine du feu de Dieu, si tant est que l’effectif ne soit pas idiotement bouleversé comme il est d’usage de le faire à la Commanderie d’année en année. Mais revenons à l’actualité, et à ce match crucial pour la course à l’Europe.
L’avantage physique et psychologique est d’autant plus ancré du côté marseillais du fait que Monaco reste sur une inquiétante série de six matchs sans victoires, n’ayant pris que cinq points sur dix-huit possibles en championnat. Ajoutons à cela une sortie de la Champion’s League par la petite porte, contrairement à l’année dernière, et les monégasques se trouvent actuellement en plein doute, de l’aveu même des joueurs et de coach Didier. Ainsi, les rouges et blancs ont procédé lucidement à leur autocritique, avançant que les joueurs « n’y étaient plus », et qu’ « il faudrait du temps pour se remettre de cette élimination ». Le nul 0-0 décroché à Strasbourg cette semaine n’étant pas fait pour les rassurer. Bien qu’un point sur un match en retard à l’extérieur n’est pas une performance catastrophique en elle-même, c’est surtout la manière qui inquiète l’équipe du Rocher (Didier Deschamps en tête), tant le manque de lucidité des Saviola, Chevanton ou Adebayor fut criant.

Alors reprenons les bonnes habitudes du moment et espérons superstitieusement plein de bonnes choses pour nos bleus et blancs préférés. La première, c’est que l’OM n’a jamais été aussi fort à l’extérieur que cette année, chez les grosses cylindrées (Lyon, Lille) comme chez les plus modestes. Alors pourquoi pas une victoire de plus à l’extérieur chez une équipe en plein doute ?
La suivante, c’est que, situation géographique oblige et en raison de l’implication pitoyable du public monégasque, l’OM a fait de Louis II son second « chez lui », et les supporters marseillais devraient être encore une fois plus nombreux que les supporters de la principauté.
Enfin, c’est la complémentarité de nos joueurs offensifs qui ont su tirer chacun leur tour leur épingle du jeu. Battles nous a illuminé de somptueux coups d’éclats ponctuels, mais ô combien opportunistes … Luyindula s’est enfin révélé sous ses nouvelles couleurs en janvier et février, participant à l’excellente série de bons résultats du début d’année. Et à l’heure où Peg semble marquer le pas, c’est un revenant, Steve Marlet lui-même, qui s’affirme en sauveur olympien et qui enchaîne les bons matchs.
Alors à qui le tour ? L’attaque marseillaise se présentera décimée à Monaco, vu que Marlet est suspendu, Habib Bamogo est blessé, Fabrice Fiorèse ne s’est toujours pas remis de son étrange blessure au mollet, et Koke déclare aussi forfait. C’est le moment de se mettre en évidence, avis aux amateurs …

Il convient cependant de rester mesuré et méfiant de cette équipe monégasque. Bien que Squillacci, Givet et Rodriguez soient incertains pour le match dimanche, l’effectif sera bien garni et l’armada offensive compte bien se relancer et conjurer le mauvais sort dans ce match à six points.
Avec Saviola, Chevanton, Kallon en attaque côté rouge, et Peggy seul au monde côté blanc, le rapport de forces offensives ne souffre d’aucune comparaison, et il est fort à parier que l’OM jouera plus que jamais en contre avec un 5-4-1 faisant la part belle aux milieux Battles, Cheyrou et Nasri.

C’est certainement une des meilleures solutions à adopter en raison de la pénurie d’attaquants. D’autre part, c’est avec un schéma de ce type que l’OM a su s’imposer à de nombreuse reprises, sans faire le jeu, mais en attendant patiemment que les espaces se créent et que les défenses se découvrent. Quoi qu’il en soit, avec quatre points d’écart, une défaite ne serait pas alarmante, et un nul permettrait de garder nos distances et de glaner un excellent point chez un concurrent direct.

Quant à une victoire … celle acquise aux forceps contre Lens a su faire oublier le faux-pas de St-Etienne, alors une victoire à Monaco gommerait à son tour la déception istréenne … mais ne nous enflammons pas et rappelons-nous que les meilleures surprises sont celles que l’on attend le moins …