Maintenant que Padrino a avoué son terrible secret, je crains de moi aussi devoir faire un pas dans la sincérité afin que vous chers lecteurs (savourez ce moment, je ne vous appellerai que très rarement chers lecteurs et y voir, même ici, un quelconque sentiment humain serait une grossière erreur) puissiez...euh...en faire quelque chose, je sais pas quoi, mais finalement ça m'est bien égal. En fait tout ce qui m'importe, c'est de parler de moi, de donner ici un exutoire à mon narcissisme et cet exutoire, c'est vous vils lecteurs (je me sens redevenu moi-même, là) ! J'allais donc vous parler de ma profession, pas celle de foi, ni même celle de vendre des foies ou celle qui me fait travailler dans la ville de Foie, ou de Foyes, ou encore Foi - oh et puis merde - dans la ville dont le nom est l'homonyme du mot qui se répète dans la phrase précédente. Ce métier, c'est de se faire de l'argent sur les catastrophes de la vie des autres - ou et c'est encore mieux - la mort des autres. Le malheur des uns fait le bonheur des autres, sans doute, en tout cas il constitue mes revenus. Je ne travaille pas aux pompes funèbres, je ne déterre pas non plus les morts, et je ne suis pas de corvée d'après chambre à gaz comme on dit dans le jargon à Auschwitz. Non moi je bosse pour la télé, si si. Car derrière Delarue, et Bataille et Fontaine se cache le type qui leur présente leurs sujets ! Et qui met aussi en scène les émissions. J'avais aussi pensé à mettre 12 jeunes dans un appart avec 150 caméras et micros et autant de paquets de préservatifs, mais on m'a piqué l'idée. D'ailleurs pour illustrer mes propos, voilà le dernier script que j'ai envoyé à une chaîne dont je tairais le nom car elle a voulu garder l'anonymat.
L'émission ouvre sur son habituel jingle (ndlr : celui subliminal qui passe pendant que PPDA finit son journal télévisé). Sur la chaise des invités, se trouve, seul, un jeune garçon, on lui a maquillé des cernes et il a les yeux larmoyants pour accentuer l'effet dramatique. Debout, vêtu de noir, le présentateur annonce une émission exceptionnelle avec un seul invité. Nicolas, dont le papa est mort dans le crash d'avion au Venezuela.
Bonjour Nicolas, lance-t-il avec un sourire qui se veut paternel (ndlr : il faut porter la sympathie sur le présentateur, aussi con soit-il, ça aide à rendre les gens accrocs à l'émission, ça et l'annonce que la fois prochaine il y aura la plus grosse poitrine du monde sur le plateau), quel âge as-tu? (ndlr : ça c'est la question classique, on donne l'âge de l'interviewé, plus c'est petit, plus l'empathie du public est forte, de même Nicolas n'est pas son vrai nom mais ça passe moins bien si on dit qu'il s'appelle Ayoub).
Entre deux sanglots préparés lors des répétitions, le petit garçon lève la tête et répond J'aurai 8 ans cette semaine, et *sanglot numéro 1* mon papa *sanglot numéro 2 (ndlr : on comprend ainsi que le père est bel et bien mort)* voulait me ramener un cadeau du Pantagruella. (ndlr : l'écorchage du mot est volontaire, le public sourit de compassion).
Oh et tu l'aimais ton papa? demande le présentateur dont le sourire faiblit à mesure qu'un panneau pleurez descend du haut de la scène. Panneau qui doit passer inaperçu pour le téléspectateur.
O... le petit ne peut finir sa phrase et hoche simplement la tête. En fait Ayoub a jamais aimé son père, il le battait, mais c'est le seul petit garçon des victimes dont la mère ait accepté qu'il soit payé pour jouer le rôle.
La suite y ressemble beaucoup, tout cela pour dire qu'une émission réussie -c'est à dire qui fait pleurer près de 60 % de l'audimat de la soirée et aboutit à quelques tentatives de suicide, avec un peu de chance, puisqu'ils serviront au prochain sujet Télé et suicide : vérité ou fiction? - ne joue que sur la progression de l'effet dramatique et doit être orchestrée à la manière d'une pièce de théätre, l'interviewé comme l'intervieweur obéissent en effet tous deux aux didascalies du metteur en scène, c'est à dire moi. Pour ceux qui sont intéressés, la profession ne demande qu'une avarice immodérée, une connaissance du public (petite astuce: ça revient à le prendre pour un con), et une absence totale de sens moral. Ah ouais et faut en être fier aussi, c'est très important.
Quelques victimes possibles : les gens appartenant à une minorité, les gens souffrant d'une maladie incurable ou/et qui détruit leur vie, Gotrunks, les homosexuels, les gens violés par des célébrités, les célébrités elles-même (si elles peuvent montrer leurs fesses sur le plateau), les victimes d'une catastrophe ou encore mieux, leurs proches si elles en sont décédées, les lecteurs de jeuxfrance, les anciennes vedettes devenues alcooliques, les L5, les handicapés mentaux, les femmes à la plastique de rêve.

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posted the 08/22/2005 at 09:36 PM by
orackle
Comme pour le blog de pad ^^
chapeau bas l'artiste rare sont les blogs comme le tient
Le débat avec lolopower va reprendre ^^