POMMIER
Pommier doux aux blanches fleurs,
Doux pommier, cher à mon cœur,
Entends-tu, pleurer, dans le vent qui passe,
Ma harpe d'argent ;
Entends-tu vibrer, à travers l'espace,
L'écho de mes chants, -
Doux pommier, cher à mon cœur,
Pommier doux aux blanches fleurs ?
Doux pommier du vieux verger,
Doux pommier, mal protégé,
Piétinant la haie et les murs détruits,
S'en vint l'Etranger
Briser tes rameaux et ravir tes fruits, -
Pommier doux et sans défense,
Doux pommier de notre France !
Pommier doux, cher à nos coeurs,
Pommier lourd de nos rancœurs,
Bientôt refluera le flot des Barbares
Qui t'ont ravagé ;
Bientôt sonneront joyeuses fanfares
Et refrains légers ! ...
Viendront bien les jours meilleurs,
Pommier doux, aux blanches fleurs !
Pommier doux du vieux verger,
Du vieux verger saccagé,
Entends-tu vibrer, dans le vent du soir
Caressant tes branches,
Entends-tu vibrer de beaux chants d'espoir
Disant tes revanches?...
Pommier, cent fois saccagé :
Bientôt fuira l'Etranger !
Pommier que chanta Merlin,
Pommier des rois très chrétiens,
Entends-tu frémir, comme aux temps antiques,
Ma harpe d'argent ?
Entends-tu vibrer les voix prophétiques
Des bardes d'antan, -
Pommier doux et sans défense
Du beau jardin de la France?
Pommier doux aux fleurs candides,
Pommier du jardin splendide,
Entends l'Etranger qui hurle et qui pleure
Et grince des dents ! ...
Le vent du soir siffle : « A chacun son heure,
- A toi, maintenant !
Pommier que chanta Merlin,
Blanc pommier du vieux jardin ! »
Doux pommier, de blanc fleuri,
Pommier doux du vieux pays,
Entends ce que dit le vent frémissant
Aux forêts de France,
Entends résonner sous le firmament
Son chant d'espérance :
Doux pommier, cent fois vengé,
Bientôt, fuira l'Etranger !
Merlin et son pommier