Demain c’est le grand jour : je fais ma rentrée ! Je vais en CM2. Je suis aussi excité qu’inquiet. J’ai des raisons quand même. Déjà, on vient de déménager, il y a deux mois de ça papa a dû changer de travail. Il paraît qu’il n’a pas eu le choix, qu’on lui a gentiment fait comprendre qu’il fallait « bouger ». Bref, de toute manière, personne n’aborde le sujet à la maison. Ça fait parti de la longue liste des « on n’en parle pas », « tu verras plus tard » ou encore « tu poses trop de questions ».



Je peux en poser questions quand même. Papa nous fait tous bouger et moi pendant ce temps je perds tout ! Les copains, l’ancienne école, la ville et sa bibliothèque, mes petites habitudes quoi. Je les suis, tout simplement. Mais ça, visiblement, ça ne les intéresse pas plus que ça vu qu’ils sont plus souvent dans leurs conversations d’adultes qu’avec moi.

Ma nouvelle école ? J’en sais pas grand-chose. Il paraît qu’elle s’appelle l’école Victor Hugo. Je sais pas trop bien qui c’est. Maman m’a dit qu’il avait écrit des livres, y a longtemps. Des gros livre du style pavés, des livres déprimants avec de la misère et des morts. Moi j’aime bien lire, j’adore ça même, mais certainement pas des trucs à vous faire pleurer. Je préfère quand y a de l’action et surtout des monstres, ça c’est agréable.

En tous les cas, je me suis bien préparé. J’ai fait mon sac la veille. J’étais tellement stressé que je l’ai refait trois-quatre fois pour être sûr de rien oublier. Et puis j’ai quasiment pas dormi, c’est pas une image, je me sentais remuer dans mon lit essayant d’imaginer par avance ma journée de rentrée. C’est bête mais j’essaie toujours de tout visualiser, de tout anticiper, comme si le fait de vivre un événement dans ma tête me permettait de bien l’aborder dans le réel. Je sais, c’est bizarre, et je suis même pas sûr que tout le monde comprenne.

C’est maman qui m’a accompagné le jour J. Cinq minutes de marche à peine mais cinq minutes de torture. Chaque pas qui me rapprochait de l’école faisait battre mon cœur un peu plus fort, j’avais l’impression d’accomplir un exploit surhumain. Je me disais : « je vais vers l’inconnu ». J’allais arriver dans une école sans rien connaître, ni les lieux, ni les camarades, ni les adultes…rien que du neuf. Et puis, à un moment…on est arrivé. C’était grand, c’était haut…c’était impressionnant.

L’école avait l’air plutôt ancienne, avec une vieille horloge placée tout en haut. Des fenêtres partout et peinte sur un mur une inscription un peu vieillotte indiquant « École municipale ». Un gros portail tout vert était ouvert laissant rentrer dans la cour des enfants par poignées. Dans quelques pas, j’allais découvrir ma nouvelle école.

PS : Les illustrations de ce premier épisode sont exceptionnellement réalisées par Yellowsubmarine. Le projet, d’abord commun, n’a malheureusement pas pu se poursuivre à deux. Les prochaines illustrations seront réalisées par moi.

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