Aujourd'hui, hommage à un artiste disparu la veille: Lou Reed. Un article que j'ai voulu accessible, en éspèrant que vous apprécierez. Pour information, l'article est également disponible sur mon site http://born2listen.e-monsite.com dans de meilleures conditions: meilleure lisibilité et ressources vidéos et audios présentes.
Bonne lecture!
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LOU REED: DANDY DECADENT
Aujourd’hui, à l’heure d’entamer la rédaction de cet article, nous sommes le dimanche 27 Octobre 2013. Je m’étais mis en tête que, ce soir, je rédigerais une critique d’un album de Lou Reed; Transformer ou peut-être New York. Et pourquoi pas un du Velvet Underground? Mais là, je n’en ai plus l’envie. Les évènements font que c’est précisément ce soir que la mort a emporté ce pionnier du rock. Triste coïncidence, bien réelle. Alors, si ce n’est pas une critique, qu’êtes-vous entrain de lire? Bon. Bah en fait, là tout de suite maintenant, je n’en sais rien. J’ai juste envie d’écrire sur ce grand artiste qu’était Lou Reed, le présenter à certains, parler de mes lacunes musicales à ce sujet, vous faire part de ce que je pense de cet homme, de ce poète triste des bas-fonds d’une Grosse Pomme pas si parfaite que ça.
En bref, je ne sais pas exactement où je vais avec cet article. J’écris sans fil conducteur, au rythme de mes pensées. En espérant que le tout ne soit pas trop indigeste pour vous! Etant dans une démarche d’accessibilité, il faudrait que vous sachiez au moins de qui je parle. En effet, lire un billet à propos de quelque chose ou quelqu’un qui nous est inconnu, il n’y a rien de plus chiant. Bon, par où commencer? Lou Reed est un chanteur et guitariste rock mythique, dont les plus belles années sont à situer entre 1967 et 1979 (même si par la suite, il y aura quelques bijoux). Plus discret et moins vendeur que certains autres titans du rock comme Jagger ou Bowie, il reste néanmoins un des plus illustres représentant du genre. Brève présentation.
Une carrière et une vie mouvementée
Petit-fils d’immigrés juifs, Lou Reed vit à Long Island en périphérie de New York. Né dans une famille relativement aisée en 1942, le jeune Lewis Alan Reed connaît une jeunesse plutôt turbulente et marquée par plusieurs incidents déterminants pour sa carrière future. La prise de drogue par exemple, débutée relativement jeune, deviendra un sujet récurrent des textes de l’artiste. Autre moment crucial, celui où ses parents inquiets de voir leur fils de dix-sept ans avoir des tendances homosexuelles décident de le livrer à des électrochocs pour le « guérir ». Cet évènement destructeur sera abordé dans la chanson Kill Your Sons, parue sur l’album plutôt moyen Sally Can’t Dance en 1974. Sinon, il passe une partie de sa jeunesse à suivre une formation littéraire (ce qui s’en ressentira dans ses textes), tout en jouant dans les bars le soir. Cependant, deux rencontres bouleverseront le cours de sa vie.
En effet, Lou Reed rencontre tout d’abord le musicien John Cale avec qui il décide de fonder le groupe avec lequel il va réellement démarrer: The Velvet Underground. La formation est alors remarquée par un homme des plus influents, à savoir Andy Warhol: le pape du Pop’art américain prend alors Lou et sa bande sous son aile en leur faisant intégrer la fameuse Factory (lieu de représentation et d’exposition d’œuvres de Pop’art, et haut lieu de rencontre). Une relation élève et maître naît alors entre le chanteur et l’artiste multi-facettes: Andy Warhol sera l’une des seules (si ce n’est la seule) personnalité que Lou Reed admet admirer. Bref, The Velvet Underground sort un premier album solo (The Velvet Underground & Nico) en 1967 sous la houlette d’Andy, qui contribuera à la tâche en dessinant la pochette devenue dès lors mythique (celle avec la banane sur fond blanc). Cependant il impose la présence de sa nouvelle recrue Nico, une mannequin et chanteuse allemande avec laquelle Lou Reed entame une brève liaison. L’album devient mythique et adulé par la critique, malgré un violent échec commercial. Le groupe sort alors un soi-disant très bon second opus (soi-disant car je ne l’ai pas écouté, shame on me), White Light/White Heat, mais peine toujours à obtenir une reconnaissance commerciale. Lou Reed vire alors John Cale avec qui les relations se compliquent, et quitte le groupe après la sortie de Loaded en 1970, le quatrième album de la formation. Si The Velvet Underground n’a pas connu le succès à l’époque, l’ensemble de son œuvre a été asse vite reconsidérée à sa juste valeur.
Lou Reed sort alors un album à son nom au début de l’année 1972: ce dernier sera un échec retentissant, aussi bien en matière de ventes que de critiques (même si, très personnellement, je ne trouve pas ce premier opus solo si mauvais que ça, sans être vraiment bon non plus). Lou est alors dans une mauvaise passe dont il arrivera à se sortir relativement vite. En effet, quelques mois à peine après la sortie de Lou Reed, il rencontre un de ses fans les plus dévoués qui n’est autre que David Bowie. L’anglais était alors en pleine ascension: fort du succès critique de Hunky-Dory et de quelques tubes comme Space Oddity et Life on Mars?, l’inventeur du glam-rock a sorti la même année le mythique The Rise And Fall Of Ziggy Stardust And The Spiders From Mars. David décide alors de sortir Lou Reed de son trou et lui permet de produire un nouveau disque sur lequel il a carte blanche. C’est ainsi qu’est né le plus grand succès du prince de New York City, à savoir l’album Transformer. Sorti en décembre 1972, soit quelques mois à peine après la parution du premier, ce CD est une véritable renaissance artistique: Lou se transforme en créature glam et androgyne (on constate donc l’empreinte de Bowie) et chante la vie des bas-fonds de N.Y et de la factory: drogue, homosexualité, transsexualité… Tous ces thèmes passent sous la plume de notre artiste. Il devient dès lors une icône rock critique et public, connu pour des tubes comme Perfect Day ou Walk On The Wild Side (son grand classique). Lou Reed ne souhaitant pas devenir une simple pop-star, il enchaîne alors avec des albums beaucoup plus pointus et moins accessibles, plus ou moins réussis: ainsi, Berlin (1973) est régulièrement cité comme étant son chef-d’œuvre, tandis que des opus comme Sally Can’t Dance (1974) peinent à convaincre. A partir de là, il continue sa carrière dans un anonymat plus ou moins prononcé (la décennie 80 sera assez compliquée pour lui). Cependant, la sortie de l’album New York en 1989 remet Lou Reed sous le feu des projecteurs, le remettant donc sur son trône perdu. Il adopte et popularise par la même occasion le fameux « parlé-chanté », devenu dès lors sa marque de fabrique. Depuis, et ce jusqu’à aujourd’hui, il a continué sa carrière en publiant des albums de temps à autre et en réalisant d’autres projets parallèles.
Une personnalité hors du commun
Voilà un bref résumé de la carrière de ce monstre du rock. Bon, de quoi pourrais-je bien vous parler maintenant… Peut-être de sa personnalité. Parce que c’était un personnage Lou Reed! Caractériel, égocentrique, mélancolique, mais en même temps tellement génial et novateur. Car oui, en bon élève d’Andy Warhol, Lou Reed avait un goût pour la diversité artistique et pour l’innovation. D’ailleurs, il y a plusieurs illustres exemples musicaux! Par où commencer… Eh bien déjà avec les Velvet Underground, les sonorités pop sont pour l’époque très originales et on peut même y déceler les débuts de l’art-rock et du rock psychédélique (le premier album est sortit la même année que Are You Experienced de Jimi Hendrix ou Sgt Pepper‘s des Beatles, souvent considérés comme les premiers du genre), alors qu’il est pourtant bien loin de l’idéologie hippie. Et même avec l’album Transformer en 1972, il devient l’un des premiers et plus illustres représentants du glam-rock avec T.Rex, David Bowie et Roxy Music. Bon, ça c’était pour la partie cool des innovations de Lou.
Car soyons honnêtes, Lou Reed n’a pas toujours donné naissance à des créations abouties. Tiens, il y a peu de temps, il s’est essayé à la photographie tout comme son mentor Andy. Bon, il paraît que ça n’est pas une réelle réussite. Mais c’est dans le domaine musical que l’on trouve les plus étranges expérimentations de Lou. Prenez l’album Metal Machine Music de 1975: un véritable troll musical, une heure de larsen inaudible qui vous vrillent les tympans aussi fort que l’écoute du dernier Lorie. Certains crient à l’arnaque, d’autres au génie, tandis que les plus modérés (dont je fais partie) voient en cet opus une ode à la liberté artistique. Car, disons-le franchement, qui aurait les cojones de faire une chose similaire de nos jours? Plus récemment, en 2011, Lou Reed a tenté une étrange collaboration avec le groupe Mettallica. Le résultat c’est Lulu, un disque dérangeant où la voix chevrotante du vieux Lou côtoie les guitares furieuses des membres du groupe métallique. Pour tout vous dire, personne n’a comprit.
En même temps, rien de surprenant venant d’un homme comme ça. Lou Reed s’est toujours comporté en marginal, en perpétuel rockstar de l’ombre. C’est un peu comme le Dark Vador du rock américain. Là où des pionniers du genre ont joués le jeu de la célébrité (Jagger, Bowie, etc), lui s’est toujours tenu à l’écart de la presse et de la reconnaissance. Et contrairement à ce qu’on peut croire, pas forcément par volonté d’anonymat et encore moins par modestie. Lou Reed déteste les journalistes, mais s’aime profondément. Ainsi, ses interviews sont toujours de délicieux moment d’égotrip à savourer en famille. Exemple: fin 2012, il accorde une interview au journal Le Figaro au sujet de son livre de photographies. Après avoir reproché au journaliste d’une façon pas très diplomate de fumer, il répond quelques questions plus tard: « Je ne fais pas de réponses longues juste pour faire des réponses longues. Oui, c’est oui, non, c’est non. Vous comprenez? ». Sympa! Et là, lorsque vient le sujet de l’album en collaboration avecMettallica, il guillotine le pauvre journaliste (qui laissera parler sa haine lors de la rédaction de l’artiste, ce qui est compréhensible): « Vous avez d’autres questions de ce niveau? ». Bon, vous me direz qu’il était déjà affaibli à l’époque. Peut-être, mais ce comportement ne date pas d’aujourd’hui! L’un des meilleurs exemples, c’est l’article rédigé par Philippe Manœuvre dans le Rock & Folk n°140 datant de septembre 1978. Lou Reed convie des journalistes, décide finalement d’annuler les interviews, puis les fait venir au concert, puis refuse les interviews, puis décide de dédier une demi-heure à chaque journaliste. Au final, Philippe Manœuvre a passé des heures et des heures accompagné d’un collègue anglo-saxon et d’un Lou particulièrement bavard, mais pas sur les sujets escomptés. Il finira par les virer comme des malpropres. Si vous avez l’occasion de lire cet article, c’est à mourir de rire. Voici un passage où il parle de lui, des autres, et de comment il est trop fort et trop bon: « Je me fous de l’opinion des gens. Je me suis toujours considéré comme génial et grand. Et je sais que j’ai toujours eu raison. ». Plus tard, en parlant des managers, radios et autres critiques: « Mais même quand ils ont essayés de m’arrêter, ils ne pouvaient pas: Lou Reed était toujours là. ».
Lou Reed et moi, une relation avortée
Ah ça, on aimerait que tu sois toujours là mon Lou. Mais il faut croire que ta pratique du tai-chi n’a pas suffi à combler tes problèmes de santé liés à la drogue et l’alcool. On parle quand même d’un mec qui a dédié une chanson à sa seringue: Sister Ray. On parle aussi d’une personne ayant déclaré: « J’ai essayé de me débarrasser de la drogue en buvant. Mais ça n’a pas marché » en 1992... Fuck la logique. La vie de Lou Reed fut marqué par les excès et par des traumatismes, qu’il retranscrivait avec brio en chanson. La lecture de ses textes est souvent intéressante, ceci étant dû à une farouche volonté de lier l’intelligibilité aux sensations, purement musicales.
Lou Reed… Soyons honnêtes: j’ai découvert il y a peu de temps cet artiste hors du commun. Alors certes, j’avais déjà écouté le premier album du Velvet Underground et Walk On The Wild Side, mais je n’avais jamais approfondi. Cependant, tragique coïncidence, je me suis penché sur sa discographie il y a à peine plus d’une semaine, souhaitant rattraper mon retard. Et j’ai aimé. Vraiment. Si Transformer reste mon préféré, et de loin (j’ai toujours été très sensible aux albums glam), j’ai beaucoup aimé d'autres albums comme Berlin, mais aussi New York ou même The Bells. Même Metal Machine Music m’a, à défaut d’emporté, fait bien rire. Lou Reed est une personnalité que j’ai aimé découvrir, une personne atypique qui nécessite à l’occasion de cette macabre mise en lumière, que chacun le redécouvre. Je suis légèrement sous le choc de la disparition de cet artiste qui s’est très vite fait une place parmi mes références, les circonstances étant par ailleurs étrangement liées. Ah, et comble de l’ironie, Lou Reed était visionnaire: il s’est éteint un dimanche matin, Sunday Morning étant l'une des plus célèbres chansons du Velvet. Pour conclure, on va finir sur une formule convenue mais de circonstance: Lou, take a walk on the other side.
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