La question de l'utilité de l'Art est probablement aussi vieille que la notion d'art. Au fond, pourquoi créons-nous ? Quelle est la raison d'être d'un roman, d'une nouvelle, d'une œuvre de fiction ? Certains prônèrent l'utilisation de la littérature comme une arme politique (Sartre), d'autres se dégagèrent de tout critère d'utilité comme le mouvement du Parnasse.
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Théophile Gautier, dans sa fameuse préface du roman Mademoiselle de Maupin, popularisera la formule, et par extension la position, de "l'Art pour l'Art". Par cette expression, le romancier et poète français cherchait à nous signifier que l'Art n'a d'autre utilité que l'Art. Un poème s'apprécie pour la beauté du poème, comme une oeuvre qui contient en elle-même sa finalité, contrairement à un marteau qui s'accomplit dans une utilisation sur d'autres matériaux.
Même si aujourd'hui la critique de l'utilité de l'Art par Gautier est justement critiquable, il prétend par exemple que la suppression des fleurs ne serait pas un problème or ce serait un véritable problème car cette disparition mettrait à mal l'écosystème dont l'homme dépend (et sous lui : les abeilles, donc les fruits, etc.), il n'en demeure pas moins que ce représentant du Parnasse a encore un fond de vérité.
Il est bon de remettre la littérature à sa place. Oui, il est possible de vivre sans littérature; non, il est impossible de vivre sans eau, nourriture, vêtements (pour les périodes rudes), etc. Néanmoins, en dépassant cette opposition un peu simpliste sur laquelle s'attarde et s'amuse Gautier, il faut avouer que la littérature a un rôle essentiel dans la vie des hommes.
Pourquoi ? Car la littérature est une activité stimulatrice qui peut permettre au lecteur de s'évader, de se projeter un temps dans un monde imaginaire. Cette déconnexion est nécessaire pour supporter un monde parfois bien rude. D'autres arts peuvent accomplir cela, la littérature s'inscrit simplement via le texte dans cette idée générale. L'homme se recentre sur lui-même, non plus en tant que consommateur, travailleur, machine humanisée s'incorporant dans un processus de productivité, dans un système marchand, mais en tant que cerveau, être sensible. La littérature pour la beauté du geste et non le rendement, redevenir homme pensant.
De plus, en passant de l'autre côté, la littérature peut parfois être un exutoire. Après un deuil, après une séparation, il est parfois bénéfique d'accoucher son ressenti sur la papier. Un poème, une nouvelle, un roman. Sans rentrer dans l'écriture-thérapie, où ton malheur est prétexte à une fiction, la littérature peut offrir à certains cette distance de dire sans dire en son nom, de transcender sa douleur pour la magnifier et donc la combattre.
Même si Gautier affirme que "ce qui est utile pour l'un ne l'est pas pour l'autre", je reste convaincu que la littérature est utile pour n'importe qui, du moment que cette personne prend le temps de se poser et de creuser ce vaste domaine. La littérature n'est pas utile qu'au poète contrairement à ce que Gautier sous-entend.
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Non, imbéciles, non crétins et goitreux que vous êtes, un livre ne fait pas de la soupe à la gélatine; - un roman n'est pas une paire de bottes sans couture; un sonnet, une seringue à jet continu ; un drame n'est pas un chemin de fer, toutes choses essentiellement civilisantes, et faisant marcher l'humanité dans la voie du progrès.
De par les boyaux de tous les papes passés, présents et futurs, non et deux cent mille fois non.
On ne se fait pas un bonnet de coton d'une métonymie, on ne chausse pas une comparaison en guise de pantoufle; on ne peut se servir d'une antithèse pour parapluie ; malheureusement, on ne saurait se plaquer sur le ventre quelques rimes bariolées en manière de gilet. (...) Il y a deux sortes d'utilité, et le sens de ce vocable n'est jamais que relatif. Ce qui est utile pour l'un ne l'est pas pour l'autre. Vous êtes savetier, je suis poète. - Il est utile pour moi que mon premier vers rime avec mon second. - Un dictionnaire de rimes m'est d'une grande utilité ; vous n'en avez que faire carreler une vieille paire de bottes, et il est juste de dire qu'un tranchet ne me servirait pas à grand-chose pour faire une ode (...)
Rien de ce qui est beau n'est indispensable à la vie. - On supprimerait les fleurs, le monde n'en souffrirait pas matériellement; qui voudrait cependant qu'il n'y eût plus de fleurs ? Je renoncerais plutôt aux pommes de terre qu'aux roses, et je crois qu'il n'y a qu'un utilitaire au monde capable d'arracher une plate-bande de tulipes pour y planter des choix (...) Il n'y a de vraiment beau que ce qui ne peut serir à rien ; tout ce qui est utile est laid, car c'est l'expression de quelque besoin et ceux de l'homme sont ignobles et dégoûtants, come sa pauvre et infirme nature (...) L'on a donc inventé la critique d'avenir, la critique prospective. Concevez-vous, du premier coup, comme cela est charmant et provient d'une belle imagination ? La recette est simple, et l'on peut vous la dire. - Le livre qui sera beau et qu'on louera est le livre qui n'a pas encore paru. Celui qui paraît est infailliblement détestable. Celui de demain sera superbe ; masi c'est toujours aujourd'hui (...)
Ne serait-c pas quelque chose à faire que la critique des critiques ? car ces grands dégoûtés, qui font tant les superbes et les difficiles, sont loin d'avoir l'infaillibilité de notre saint père (...)"
Préface, Mademoiselle de Maupin de Théophile Gautier
Par exemple dans le jeux vidéo, on peut considérer (par exemple) Metal Gear comme une oeuvre d'art car sa réalisation est bien fichu, la mise en scène, les dialogues, le travail sur les personnages. On a la une véritable petite histoire mais on le sait bien que Kojima souhaite faire passer un message anti-nucléaire a travers ces titres.
Alors qu'est-ce qu'on peut dire de Metal Gear Solid ? Une oeuvre ou un outil de communication ?
Je pense que c'est, soit au gré de chacun de choisir ce qu'ils en ressentent, soit au créateur même de placer son projet sous tel ou tel catégorie.
Après j'ai cité Metal Gear mais ça peut marcher avec tout. 1984, l'homme qui plantait des arbres ( la nouvelle et/ou l'animation ) ...
Kratos > Cherche pas, c'est pas de ton level