La présidente du Front national et future candidate à la présidentielle de 2012 cherche depuis plusieurs années en Israël et en France à gagner le vote juif. Une stratégie de rupture avec son père soigneusement élaborée.
«Pression trop forte», «cela prenait des proportions trop importantes». Sous la colère des associations juives, dont le Crif, Radio J a renoncé à recevoir Marine Le Pen dans son émission politique du dimanche 13 mars. L'invitation de Marine Le Pen sur cette radio juive avait surpris et choqué. Et pourtant l'offensive de Marine Le Pen auprès des électeurs juifs n'est pas récente. La nouvelle présidente du Front national n'a de cesse de faire oublier l'antisémitisme chevillé au corps de son père.
D'ailleurs, ce modernisme incarné par Marine Le Pen, ses discours plus policés et acceptables, commencent à avoir un impact sur le vote juif. Cela fait même des années que celle qui n'était pas encore la présidente du Front national ni la probable future candidate à l'élection présidentielle de 2012 en fait beaucoup pour s'attirer les faveurs des juifs français et aussi des quelques dizaines de milliers de juifs binationaux français et israéliens. Elle a deux atouts non négligeables: sa personnalité –Marine Le Pen séduit les juifs quand Jean-Marie les révulsait– et son hostilité délibérée et affirmée à l'égard de l'islam.
Marine Le Pen m'avait accordé en septembre 2008, en tant que journaliste israélien et dans les locaux de son parti, une interview d’une heure, entièrement enregistrée pour contrecarrer les éventuels démentis sur les propos tenus. Elle y exposait déjà en détail la stratégie qu'elle a suivie depuis. Marine Le Pen a puisé auprès de Philippe de Villiers sa technique d’approche de la communauté juive en caressant l’Etat d’Israël dans le sens du poil. Il avait pour habitude de se placer au premier rang de toutes les manifestations pro-israéliennes pour drainer à lui la frange nationaliste juive. La place étant libérée depuis son retrait de la vie politique, Marine Le Pen s’est bornée à se substituer à de Villiers.
Lors de l'interview qu'elle m'a accordé, elle expliquait vouloir chasser sur les terres sarkozystes du vote «communautaire».
Plus étonnant encore, Marine Le Pen fait une percée en Israël où un courant de sympathie se développe à son égard dans la communauté francophone. Elle s'appuie sur les éléments les plus extrêmes qui lui servent de fer de lance pour répandre ensuite la propagande frontiste dans la communauté juive française. De nombreux emails provenant ainsi du site haineux Humanoide sont renvoyés à destination des juifs d’Israël et de France. La haine est leur fond de commerce. La haine de l’arabe, la haine du gouvernement israélien jugé timoré, la haine des travaillistes et des centristes de Kadima, la haine des gens de gauche décrits comme «vermines gauchistes juifs», la haine du grand Rabbin de France Gilles Bernheim et enfin la haine des membres du Crif. Marine Le Pen est la seule à avoir grâce à leurs yeux.
Leur argument unique est que le Front national est le seul parti qui s’en prend aux arabes. Ils occultent le fait que les adorateurs de Pétain, des collaborateurs de la SS et des néo-nazis européens sont à l'origine du FN. On trouve parmi eux pêle-mêle les nostalgiques de l’OAS et des paras d’Alger, des sympathisants de Bigeard et des extrémistes religieux juifs. «Reverra-t-on bientôt, les joyeuses ratonnades de notre jeunesse? Ou bien faudra-t-il ressusciter l'OAS? Les combattants sont prêts mais il nous manque Salan», écrivent-ils.
Elle ne considère pas les camps de concentration comme un "détail de l'histoire", c'est la faute "aux immigrés et aux arabes" pour faire bref, et là ça touche beaucoup plus de travailleurs français qu'à l'époque de son père, le chômage, la baisse encore et toujours du pouvoir d'achat, la crise censé être terminé, et le gouvernement Sarkozy qui nous en aura fait voir de toutes les couleurs (people, scandales, débats en faveur du FN, etc...), elles gagnent de nouveaux électeurs, surtout que l'on commence (et c'était déjà le cas depuis quelque temps) à voir des adhérents UMP se lâcher un peu et évoquer quelques idées plutôt extrémistes (comme la député qui parlait de remettre les immigrants dans les bateaux comme l'avait dit Marine).
En bref : En 2012, si rien ne change on aura un Le pen vs UMP ou PS.
Ça l'intéresse moins ?
Pas si moderne que ça, la Marine, finalement...