Il va m’être difficile de rédiger ce test sans un maximum d’inspiration, car je souhaite faire honneur au jeu et ne pas décevoir les nombreux fans. En laissant une marque impérissable dans le monde vidéolutique Shadow of the Colossus a non seulement marqué ma vie de joueur, mais s’impose également comme l’un des softs les plus innovants et original de cette dernière décennie. Il est temps de prendre mes responsabilités, redécouvrons ensemble cet univers onirique où réside de véritables géants mythologiques.
L’introduction débute sur un jeune cavalier qui arpente le chemin vertigineux d’une montagne, et, accompagné d’une douce mélodie, entre dans un domaine inconnu. La frontière entre le monde réel et ces territoires inexplorés se marque par un immense aqueduc reliant la falaise à un temple majestueux. Son long corridor orné d’immenses statues à l’effigie d’anciennes divinités s’achève par un autel sur lequel notre homme dépose le corps inerte de sa bien aimée. Les premières minutes dégagent une étrange mélancolie et renvoient une atmosphère calme, sereine, mais aussi mystérieuse et envoûtante. Le jeu n’a pas commencé que l’on est déjà dans l’ambiance, car c’est la toute la force de Shadow of the Colossus qui offre un monde fantastique bercé de magie. L’univers immense s’explore avec un cheval comme seul moyen de locomotion, Agro, votre fidèle monture et compagnon de solitude dans ce territoire. Mais cette étonnante immersion serait impossible sans une solide réalisation. Ainsi comme rien n’est laissé au hasard on retrouve une 3D fine, des textures réalistes aux teintes terreuses et servies par une animation exceptionnelle. Les colosses s’avèrent somptueux et il faut les voir en mouvement pour réaliser l’ampleur technique du jeu. L’ensemble s'avère gratifié d’une mise en scène impressionnante ainsi que d’un design inspiré. L’architecture du monde dégage une puissance folle, en résulte un émerveillement visuel permanent.
A cette ambiance divine vient se greffer des compositions non moins somptueuses. Des thèmes d’une puissance folle lors des affrontements épiques, et d’autres pistes bien plus calmes et reposantes nous renvoyant vite à la solitude du monde exploré. Une bande son magistrale qui sait aussi se faire discrète au profil des bruitages environnants.
Tout commence donc dans cette citadelle, lieu de repos récurrent après chaque victoire sur les 16 colosses du jeu. Wanda souhaite ramener sa bien-aimé à la vie, quitte à y laisser la sienne en affrontant les gardiens de ces terres. Ainsi au fil du temps le corps de notre héros se décompose, son corps estropié devient de plus en plus fragile mais sa détermination reste inébranlable. Le scénario de Shadow of the Colossus est plus ou moins inexistant, tout dépend de votre façon d’aborder le jeu. Ce manque de trame scénaristique ne peut qu’accentuer la vraisemblance et l’émotion de la quête qui nous attend.
Cependant venons-en à l’essence même du soft ; son gameplay si particulier. Pour résumer les déplacements se font soit à cheval, soit à pied, mais l’exploration s’effectue principalement avec Agro sous peine d’une avancée archaïque tant le territoire est immense. Wanda prend le relais pour les phases de plate-forme précédents les chocs titanesques avec les colosses. C’est là que le néophyte lisant ce test (ou pas) se demande ; « Il est bien gentil mais j’ai toujours rien compris au gameplay ». Patience mes amis, patience. Tout est calculé pour vous pousser à lire jusqu’au bout (ou pas bis).
Après une petite séance d’escalade, servant accessoirement de tutorial, nous voici sur un plateau avec une cinématique qui introduit le premier colosse du jeu dans une mise en scène épatante… On reste perplexe quelques minutes, puis on réalise enfin que l’objectif est d’affronter cette montagne vivante. L’approche est hésitante mais il faut donc escalader l’ennemi et lui porter des coups aux points faibles marqués d’un idéogramme bleu. Ceux-ci ne sont pas toujours visibles et votre ascension imposera des techniques variées. Ainsi le premier colosse se dompte facilement : quelques coups d’épées aux pattes lui mettront un genoux à terre, ce qui offre la possibilité de monter jusqu’à la taille, puis la tête. Une touche maintenue enfoncée permet de vous agripper à ses poils uniquement, il ne reste plus qu’à vous déplacer avec le joystick, sauter si nécessaire, et trouver une nouvelle « surface » exploitable. Mais on ne peut pas rester accroché indéfiniment, une jauge se vide et une fois à zéro Wanda lâche prise, d’où le challenge de savoir se reposer de temps en temps en jouant aux équilibristes. Difficile d’expliquer ceci sur le papier, je n’ai pas le talent nécessaire pour définir limpidement un tel système et vous incite donc à l’achat du jeu (facile j’avoue, et pourtant je ne touche aucunement des dividendes de Sony). J’en termine avec la jouabilité pour préciser que notre héros dispose d’un arc (indispensable pour toucher certains points vitaux) et que l’aide d’Agro sera souvent prolifique pour mener à bien une bataille. De plus j’ai cité volontairement l’exemple basique du premier colosse, mais les techniques pour les suivants s’avèrent parfois difficiles à cerner puisque leur variété est de mise.


Il me reste à parler de la durée de vie relativement faible (guère plus de 10h pour une première partie) mais qui se complète une fois l’aventure finie par un mode contre la montre et un niveau de difficulté supplémentaire. Si vous cherchez des points négatifs seul la caméra peut légèrement ternir le tableau, difficile à gérer tout en combattant.
Shadow of the Colossus reste à ce jour le jeu m’ayant le plus marqué avec Okami, sans tomber dans le mélodramatique je pourrais même employer le terme « bouleversant ». Je vous conseille de jouer sur grand écran (écran plat et PS3 rétro étant la solution idéale) pour profiter au maximum des sensations offertes. Quant à ceux qui restent sceptique sur le gameplay dites vous que je l’étais également, mais cela ne m’a pas empêché de réaliser un test passionné deux ans après ! Voilà j’espère n'avoir déçu personne avec cette critique sensible, nul doute que je ne suis pas seul à considérer ce jeu comme un chef d’œuvre absolu.
NOTE: 18/20