Une petite histoire à l'eau de rose facile sans prise de tête. s'imaginait Yuzo Takada, auteur de 3x3 Eyes, pour décompresser de cette série dont l'intrigue était effrénée. Pourtant le monsieur du mensuel Afternoon lui proposa un Jidaï-Guéki (un drame historique). Yuzo Takada, effrayé par la difficulté de l'exercice, accepta malgré tout, son
instinct de conteur ayant ressurgi.
Que penseriez-vous d'un marionnettiste ? lança le monsieur au papa de 3x3 Eyes. L'idée l'intéressait, alors il continua :
ce serait l'histoire d'un homme qui aurait perdu ses sentiments... pour finir par ajouter
l'époque, ce serait celle des guerres de clans du XVI siècle. Genzo, le marionnettiste, était donc né. Jamais on ne saura si le héros de Yuzo Takada était une création personnelle ou si son inspirateur se nommait
Hidori Jingoro. En effet, sculpteur et charpentier, né fin du XVI siècle, il est connu pour
son sleeping cat (le chat endormi) et les trois singes de la sagesse. Divers textes affirment qu'il aurait vu une femme si sublime qu'il l'a sculptée, et la sculpture prendrait vie dès qu'on la place en face d'un miroir - l'esprit de la femme y rentre. C'est sur ce point que Genzo lui ressemble. Les morts redeviennent vivants (Rien t'étonnant étant donné que Genzo signifie fantôme ou illusion).
Des offres généreuses, en veux-tu, en voilà ! Ce qui ne veut pas dire que Genzo s'enlise dans des propos mielleux à la limite du vomissement. Le héros, aux cheveux bruns et au regard vide, ne met pas en avant des valeurs altruistes. D'ailleurs, il ne connaît plus le sens de ce mot depuis la mort de sa tendre Saki. L'argent ne l'intéresse pas pour remplir les missions demandées, il agit à son propos compte ou contre une belle femme. Pas pour qu'elle devienne une esclavage - ce n'est pas l'époque qui l'empêche en plus -, mais tourmenté par la mort de son autre moitié, il n'a qu'un souhait : lui redonner vie sous forme de marionnette. Cela le rendrait heureux, comme aucun homme. Alors Genzo agit tantôt pour les mauvaises tantôt pour les bonnes causes. Le clan de Kikuhimé, sa partenaire après qu'il l'ait aidée, a vendu un faux sabre à Hidéyoshi Toyotomi, un seigneur. Un jour Nyûdo Kyôkaï, un grand amateur de sabres, a vu l'original, l'a récupéré et a menacé de tout révéler si Kikuhimé essayait de lui reprendre. Pourtant Genzo l'aidera et, comme on dit
passion exacerbée finit par tuer, Kyôkaï n'y a pas échappé. Tranché par la lame qu'il aimait tant. Et ce n'est pas tout. Le manga possède d 'autres histoires glauques. Cet univers réaliste et un brin fantastique n'a rien de chatoyant. Il semble triste, sombre. Pourtant, il ne parvient pas à nous happer entièrement. La structure, une histoire = un chapitre (bien qu'à partir du troisième volume, les chapitres durent plus longtemps), ne permet pas de s'attacher aux personnages. On en ressort mitigé à la fin. Illusionniste de talent dans l'intrigue, Genzo n'aura pourtant pas su berner le lecteur...
Fate