Il me laisse à moitié déchue
J’ai l’air d’une pomme qui soupire
Assise sur un trottoir. Déçue
Comme on déçoit les filles pour rire
Et quand on leur marche fort dessus.
Il me laisse à moitié perdue
Cet archange me blesse et me cherche
Comme les peintres peignent les nus,
Comme la lune s’étend et se perche
Sur l’eau gracile des larmes qui tuent.
J’écris sans savoir celui qui me délaisse
J’écris sans vouloir les blessures illusoires,
Les infimes rancoeurs, les sourires amers,
Les pardons trop faciles. J’écris surtout la belle eau gracile
Qui sillonne les joues et s’accroche aux cils
J’écris la belle eau –ô la belle eau- des larmes d’amour,
J’écris la belle eau des larmes d’amour
Celle qu’on verse noblement
En milliers d’étoiles au vent.
