Il y a longtemps que je ne me suis pas attardé ici.
Je me perds dans l'océan des blogs qui peuplent ce site, sortant partiellement la tête de l'eau durant quelques minutes avant de retourner dans les abîmes profondes. A la clé de ce moment de vie, l'espoir d'être lu et compris par une poignée de personnes dont vous savez éperdument qu'elles vous oubliront une fois la page fermée. Alors, tristement, on abandonne ce qu'on avait commencé à écrire, on garde en soi ce qu'on souhaitait coucher sur papier numérique. Se détacher définitivement de l'Internet, laisser ce monde virtuel bien trop réel pour nous.
Nous voici enfin seul. Difficilement mais sûrement, nous avons arraché notre corps à cette toile qui se refermait inexorablement et dont l'opression ne nous permettait plus de respirer.
Seuls.
Allongés sur le lit, notre esprit n'a pas encore vraiment fait le vide. Il se remémore les débats passionnés sur les forums de discussions, les soirées enivrantes à découvrir les artistes de demain, les dialogues enflammés avec des amis, d'un soir ou de toujours. Les fous rires incontrôlés et incontrolables, les nuits blanches à apprendre des choses insoupçonnées, les journées entières à les partager... Ces histoires nous serrent encore la gorge.
Et puis, doucement, nous oublions. Il ne reste plus que les souvenirs pénibles. Cette fille qui vous a humilié sur le forum, cette année de travail perdue à cause d'un hébergeur déplorable, ces matins à gueule de bois, ces heures de sommeil irattrapables, cette vie sociale massacrée...
On veut se reconnecter. Mais cette fois-ci, avec le vrai monde. On rêve d'intégrer cet univers que l'on a perdu de vue il y a si longtemps. D'en faire à nouveau partie, de réussir professionnellement et socialement. On rêve d'obtenir un diplôme, un salaire élevé, d'un mariage, d'une famille... On ose espérer que nos parents soient un jour fier de nous. Fier de notre retour dans la vie active.
Dans le vrai monde.
Ce vrai monde, que l'on nomme réalité. Ce monde qui nous a tant de fois piétinné, humilié, poussé à bout alors que l'autre, qu'on nomme virtuel, nous ouvrait les bras. Balotté, nous l'avons été, et la vie ne nous a appris qu'une seule chose : ce n'est pas celle là que nous voulons, celle qui rime avec hypocrisie et troupeau, avec misère et obligation de rentrer dans le moule. Nous voulons la culture et l'émotion, la raison et la pulsion, le Ca et le Moi.
Nous quittons ce monde où le physique dicte sa loi pour celui où l'esprit règne en maitre.
Car, après tout, n'est-ce pas l'intérieur qui compte ?
Et sinon, très bon article, ça te change du registre habituel ;-) .