La Nintendo DS piratée à l'aide d'une simple cartouche
David Maume , 01net., le 13/03/2007 à 07h00
Des fabricants ont mis au point une nouvelle génération de cartouches pour la Nintendo DS permettant de regarder des films, d’écouter de la musique et de profiter des jeux téléchargés sur Internet.
Pouvoir enregistrer et faire tourner une multitude de jeux sur une seule cartouche Nintendo DS ou DS Lite, c'est ce que permet la dernière génération de linkers. Officiellement, ces petits accessoires sont destinés à faire tourner les logiciels développés par les utilisateurs de la console, à écouter des MP3 et à regarder des films en Divx. Mais, pour de nombreux utilisateurs, les linkers servent, avant tout, à exécuter des jeux téléchargés sur Internet et dont ils ne possèdent pas les originaux. Autrement dit, un usage totalement illégal.
Extérieurement, les linkers ressemblent à une cartouche de jeu, à ceci près qu'ils disposent d'un emplacement pour recevoir une carte mémoire miniature microSD (1), un format que l'on retrouve notamment sur les téléphones portables. Il suffit de copier les fichiers (jeux, films, musique...) sur cette carte à partir de son PC pour les utiliser sur sa console. Ces produits se vendent près de 75 euros (avec une carte de 512 Mo) sur Internet ou dans les boutiques spécialisées.
Des dispositifs toujours plus perfectionnés
Le concept du linker n'est pas nouveau. Quasiment, toutes les générations de consoles de jeux ont donné naissance à ce type de composants. Mais jusqu'à présent, leur utilisation présentait quelques inconvénients. Sur Nintendo DS, les premiers modèles utilisaient le slot GBA de la console (qui permet de faire tourner les jeux destinés à la GameBoy Advance).
Pour désactiver un mécanisme de protection mis en place par Nintendo, il fallait mettre à jour la mémoire flash de la console, une opération risquée pouvant annuler la garantie ! Les fabricants de linkers ont alors proposé un composant additionnel dit « nopass » à insérer dans le slot au format DS de la console. Plus besoin de « flasher » la console, mais l'utilisation simultanée des deux connecteurs de la console, réduisait considérablement l'autonomie des batteries.
Les dimensions des premiers modèles étaient imposantes, les linkers dépassaient de la console ; plutôt gênant à l'usage. Enfin, il fallait utiliser un logiciel pour convertir les applications téléchargées sur Internet avant de les copier sur son linker. Bref, ce type de produit était réservé à un public averti. Aujourd'hui, ces problèmes techniques ont disparu.
Essentiellement basées à Shenzen, près de Hong Kong, les équipes d'ingénieurs (teams) qui conçoivent les linkers proposent désormais des cartouches miniaturisées qui s'insèrent dans le slot au format DS et ne nécessitent aucune intervention sur la console. Sur PC ou sur Mac, un simple glisser-déposer suffit pour copier un jeu ou une application sur la carte mémoire.
L'industrie des jeux vidéo a tout à y perdre
Aujourd'hui, les rares cybermarchands qui distribuent ces composants en France sont en rupture de stock. Pourquoi cette pénurie ? « Le bouche à oreille a dopé la demande pour les linkers de dernière génération qui sont très simples à utiliser. Les fabricants chinois ont bien du mal à y répondre. Qui plus est, les vacances de l'An chinois n'ont rien arrangé », explique Emmanuel Millot, directeur général de Gameland-Shop.fr, un cybermarchand spécialisé dans la vente de linkers pour Nintendo DS.
Les moyens des fabricants de linkers restent limités comparés à ceux des industriels des jeux vidéo. Ces derniers n'ont évidemment aucun intérêt à commercialiser de tels matériels car le risque de piratage - qu'ils se sont employés à réduire en développant des protections - est manifeste.
« Ce type d'appareil est très pratique pour nos développeurs, qui peuvent plus facilement tester leurs programmes. Nos commerciaux les utilisent aussi pour transporter facilement les jeux de notre catalogue et faire des démonstrations. Mais nous ne comptons pas les commercialiser, car cela reviendrait à scier la branche sur laquelle nous sommes assis », confie le responsable produit d'un éditeur de jeux vidéo qui commercialise également des accessoires pour Nintendo DS. Modèle économique oblige, la vente des linkers à la Fnac n'est pas pour demain !
(1) Certains linkers possèdent leur propre mémoire interne et sont fournis avec un adaptateur USB permetant de les connecter au PC.
Quel contenu pour les cartouches « linkers » ?
Les cartouches linkers pour Nintendo DS permettent d'exploiter une foule d'applications libres de droits développées par des particuliers et téléchargeables sur Internet. Lecteur multimédia (MP3, vidéo, etc.), émulateurs d'anciennes consoles, navigateur Internet, messagerie, DS Linux..., ces logiciels dits « homebrew » permettent de démultiplier à l'infini les possibilités d'une console.
La plupart des jeux commerciaux de la Nintendo DS sont aussi disponibles sur Internet sous la forme de fichiers au format NDS (16 à 128 Mo). Il s'agit de copies créées à partir des jeux originaux par des équipes de hackers. Dans la mesure où l'on possède déjà le jeu commercial - et seulement dans ce cas -, leur installation n'est pas jugée illégale.

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