Chapitre V - Hideo Kojima et Metal Gear Solid
Pourquoi un paragraphe sur ce mec là ? Pourquoi lui et pas un autre ? Pourquoi Hideo Kojima alors que nous sommes sur un site Nintendo et que Shigeru Miyamoto serait plus à même de remplir cette page ? Je répondrai simplement par : parceque Hideo Kojima, avant d'être l'un des plus grands développeurs de jeu vidéo au monde, est et restera avant tout un fan de cinéma. Petit retour sur la vie de cet homme. Né le 24 Août 1963 à Setagaya, l'un des 23 arrondissements formant Tokyo au Japon, Hideo déménage avec sa famille dans la région de Kansai à l'âge de 3 ans. Fan de robots, de manga mais également de cinéma (qu'est-ce que je vous disais...), il réalise alors plusieurs courts métrages avant d'intégrer Konami en 1986, se plaçant directement au poste de chef de projet. A l'heure actuelle, Hideo Kojima est marié, père d'un petit garçon, et considéré comme le maître incontesté du jeu vidéo à caractère cinématographique et comme le génie de Konami, si bien que la société est parfois appellée Koji-nami.

Metal Gear Solid mit tout le monde d'accord. La Playstation était, à l'époque, une console qui avait encore tout à prouver. La SuperNes avait proposé des softs d'une qualité inégalable, mais ayant également beaucoup de mal à toucher ce public non-joueur, ce public adulte réticent à ce loisir abrutissant. Sony avait clairement affiché son intention de faire du jeu vidéo un média à part entière et l'arrivée de nombreux jeux novateurs ont été porteurs de cette philosophie. Avec des titres comme Resident Evil ou Final Fantasy VII, la donne était lancée : la Playstation était une console pour adultes et le jeu vidéo devenait un loisir aussi important que le cinéma et la musique. C'est à ce moment que le studio de Konami s'est décidé à dévoiler son nouveau projet, censé apporter un nouveau genre au jeu vidéo : le Tactical Espionnage Action Game (littéralement traduit par : Jeu d'action tactique et d'espionnage). Sans grand mal, puisqu'aucune concurrence n'existait à cette époque, le jeu de Konami s'est imposé comme une référence, non seulement dans ce genre mais aussi au sein du monde des jeux vidéo même, faisant de Kojima l'une des personnes les plus respectées à l'heure actuelle. Metal Gear Solid était un jeu extraordinaire, au côté hollywoodien parfaitement assumé, mais qui manque nettement de maitrise pour s'imposer comme une expérience cinématographinteractive (oui, c'est un mot inventé, c'est de moi, c'est moche, tant pis.) digne de ce nom. La puissance de la PS2 sous le bras et fort d'une réputation grandissante, Kojima présente son nouveau bébé, le jeu qui explosera les frontières qui séparent le jeu vidéo du cinéma : Metal Gear Solid 2 : Sons of Liberty. C'est ici que commence notre histoire.
Je ne vais pas vous détailler les scénarios des différents Metal Gear, mais sachez toutefois qu'il s'agit, dans les grandes lignes, d'une histoire de complot américain où Snake campe le dernier espoir de l'humanité. De toute façon, si vous avez déjà joué à un Metal Gear et que vous ne connaissez ne serait-ce qu'une once de la richesse extrême de sa mythologie, vous savez de quoi je parle. Sinon, pendez-vous, ou jouez à un MGS. Mais bon Dieu, jouez !
Parmi les nombreuses références qui constituent l'univers Metal Gear Solid, on retrouve bien évidemment James Bond et les 007. La musique d'introduction de Metal Gear Solid 3 donne le ton dès le début, avec un sonorité qui doit autant au Main Theme de Bons Baisers de Russie qu'à celui de Goldfinger. La mise en scène, à grand coups d'images de la guerre, et agrémentée d'une typographie changeante qui s'échappe comme de la fumée (quand on sait la fascination qu'a Snake pour la cigarette...)
Dave, le vrai nom de Solid Snake, est une référence directe au chanteur français à qui l'on doit de nombreux titres à succès tels que... Oui, bon, j'avoue, je déconne. Le Dave vient de David Bowman, héros du film 2001, L'Odyssée de l'Espace. Toujours dans les références à ce film, on peut noter qu'Otacon s'appelle en réalité Hal, tout comme l'ordinateur central dans le film de Stanley Kubrick. Quant au physique particulier de Snake, Kojima n'a jamais caché qu'il s'était ouvertement inspiré de celui de son acteur favori : Kurt Russell. Ce dernier porte d'ailleurs le nom de Snake Plisskin dans le film Los Angeles 2013 et New-York 1997. Snake emprunte également beaucoup à Rambo, puisqu'il lui doit sa voix calme et graveleuse, ainsi que son mentor qui n'est qu'un ersatz du Colonel Trautman.
Ensuite, notons que le blockbuster Titanic n'a pas fait couler que des larmes sur les joues des jeunes adolescentes en manque d'émotion, puisqu'on dénote de nombreux liens entre MGS 2 et le film de James Cameron. Un bateau qui coule, un Raiden dont le vrai nom est Jack et une fille qui nous fait sauvegarder appelée Rose... pas la peine de vous faire une dessin !
Pour chercher encore plus loin, le making-of de MGS 2 nous apprend que Snake et Raiden sont inspirés des deux plus grands monstres de l'histoire du cinéma : Godzilla et King Kong. Snake ayant été créé par l'Homme (puisqu'il n'est rien d'autre qu'un clone de The Boss) et Raiden ramené par l'Homme, tout comme le fût King Kong.

La plus grosse similitude entre la saga Metal Gear et le 7ème Art réside dans la mise en scène des séquences cinématiques. Dès le premier épisode (si tant est qu'on considère Metal Gear Solid comme le premier épisode), on dénote une influence certaine du cinéma, rien que dans le placement des caméras qui alternent armes en gros plan, plongées/contre-plongées censées rendre certains passages plus impressionants, et travellings aussi rapides que courts. A mesure des épisodes, le lien entre le cinéma et le jeu vidéo se ressere jusqu'à ne presque former plus qu'un avec Metal Gear Solid : The Twin Snakes, l'épisode GameCube. La mise en scène des cinématiques de ce volet a été confié à Ryuhei Kitamura, producteur, réalisateur et scénariste japonais à succès, connu pour le très bon film Versus. En résultent des scènes d'action d'un rythme incroyable, avec des chorégraphies si grandiloquentes qu'elles en deviennent presque ridicules, mais qui flattent toujours la rétine.
La musique, dans Metal Gear, est presque aussi importante que le jeu en lui-même. Sublime dans le premier épisode, elle prendra un côté film de guerre très prononcé à partir de Metal Gear Solid 2, puisque Harry Gregson-Williams (à qui l'on doit Armageddon, Ennemi d'Etat ou encore Kingdom of Heaven) s'occupe alors de la bande-sonore. Mis à part le jeu, la mise en scène, la musique et l'histoire en elle-même, l'aventure cinématographique que propose la saga MGS ne s'arrête pas là. Le mode Theater, présent dans MGS 2, permet au joueur se jouer les casteurs en choisissants, via une palette de 8 à 14 personnages suivant les scènes, les acteurs des différentes scènes cinématiques du jeu. Grâce à cela, vous pouvez remplacer Snake par n'importe quel soldat du jeu, selon vos désirs et vos envies du jour. Ce mode, débloquable uniquement lorsque le jeu est terminé, montre une fois de plus le caractère très cinématographique de l'oeuvre de Kojima. A l'inverse, on ne décelle aucun Theater à l'intérieur de MGS 3, mais toutefois un mode Démo permettant de revoir toutes les scènes cinématiques.

Avec de tels liens entre Metal Gear et le cinéma, une question brûle toutes les lèvres : à quand une adaptation de la saga sur grand écran ? Ne vous en faites pas, Hideo Kojima veille au grain et la licence ne tombera pas entre les mains acérées d'Uwe Boll (hé oui, pas de oll...). Kojima-san a d'ailleurs annoncé, devant le succès au box-office de Silent Hill (autre licence Konami), qu'il aimerait beaucoup collaborer avec Chan-Wook Park, le réalisateur de Old-Boy et Sympathy for Lady Vengeance, mais ce dernier ne semble pas particulièrement interessé par un tel projet.
Au niveau de la mise en scène, la saga Metal Gear est sûrement l'une qui doit le plus au cinéma et il est certain que beaucoup de films ont depuis une influence Metal Gear Solidienne.... Avec un scénario digne des meilleurs blockbusters américain et des affrontements qui jouent particulièrement sur la similitude avec les chorégraphies hong-kongaises, Metal Gear Solid a inscrit son nom au top 10 des sagas aux mythologies les plus intéressantes de tous les temps. L'arrivée de Metal Gear Solid 4 devrait facilement faire de MGS le jeu vidéo ultime, que dis-je, le loisir ultime. Bien plus fort que le cinéma, bien plus fort que le jeu vidéo : MGS4. Ami, achète une PS3.
BONUS
Je vois clair dans ton jeu. Ca y est, tu ne peux plus te passer des bonus en fin de paragraphe. Alors voici, comme promis, quelques vidéos, fonds d'écran, artworks et autres petites choses sur la saga Metal Gear :
La vidéo d'ouverture de Snake Eater
La vidéo d'ouverture de Metal Gear Solid
Une vidéo de Metal Gear sur NES
L'intro de Metal Gear Solid 2
Un trailer MGS4 amusant
Hideo Kojima prouve que MGS4 est du temps réel