En ce jour fatidique du 25 février 2006, ma grand-mère décidait de m'emmener au centre commercial du coin pour m'acheter mon cadeau avec 4 jours de retard (non non, ne partez pas s'il vous plaît ^^). Comme pour moi, cadeau rime avec jeu vidéo, j'me suis dit « Yeees !!! Ça faisait un moment que j'voulais me faire Dead or Alive 4 !... » Mais soudain, un récent souvenir me perça ma mémoire amnésique (contradictoire, n'est-ce pas ?) comme une flèche de Cupidon transperce le geek du coin lorsqu'il voit le canon du bahut (à moins que ce ne soit autre chose qui transperce son caleçon...) ; je me rappelais qu'un jeu sur la toute nouvelle PS two de mon frère - la vieille ayant rendu l'âme, m'avait particulièrement intrigué... Comme on dit pour se rendre intéressant, ce jeu avait titillé ma fibre artistique en seulement quelques screenshots, et en lisant l'histoire, toute simple certes, mais étonnament poignante pourtant : ce jeu, c'est Shadow of the Colossus. Alors je me suis dit « Bordel, c'est ta grand-mère qui t'achète un jeu, tu vas pas lui en faire acheter un avec des sal#pes en maillot de bain qui se foutent sur la gueule !? » Alors j'ai pensé que comme elle est sévèrement perchée ma grand-mère (toute proportion gardée), je devrais prendre un jeu qui lui rende implicitement hommage. Je choisis à la dernière minute de prendre le titre de Mr. Ueda, saisissant le blister en me rappelant que les médias avaient parlé d'une distribution en France très limitée. Sur ce, je rentre chez moi environ une demie heure après l'achat (habiter dans un canton paumé avec une mamie qui roule à 80 km/h sur la 4 voies, c'est sûr...).
Bon tout semble parfait, je découvre le très joli boîtier cartonné (édition normale en plus, chapeau aux éditeurs !) avec les 5 cartes incluses, et déjà je sens l'âme incroyablement entraînante et profonde du titre ; après quelques minutes de contemplation, je fixe le DVD sur le support tournant de la console à mon frère, et c'est parti !
Un menu super simple, un courant d'air (non aucune flatulence n'est venu gâché ce moment unique, juste le vent qu'on entend sur la vue sur le château de Dormin) qui vient titiller les oreilles... c'est sûr, on a qu'une envie, se plonger de suite dans l'aventure ! Bon après une cinématique un peu longuette, je le reconnais, mais qui a le mérite d'être simple et d'aller droit au but. On est tout de suite mis en condition, et ne serait-ce que la première minute de jeu est quelque chose qui vous prend aux tripes, ce genre d'impressions, de ressentiments qu'on aime se remémorer des mois, des années après. Les rayons de soleil qui transpercent littéralement l'immense hall, la connotation impressionnante des propos de Dormin qui vous guide vers le Colosse. Bref, quelque chose de relativement indescriptible, le seul conseil que l'on peut donner pour pouvoir interpréter cette senation, c'est d'y jouer, tout simplement.
On commence à apprendre les commandes, à pied tout d'abord, puis à cheval très rapidement (très vite assimiliées dans les deux cas) ; on remarque les animations incroyablement réussies de ce dernier, avec notamment le crin qui bouge au grès du vent tout comme les fringues de Wanda. L'inertie lors de la prise en main du cheval est également immersive au possible (très différente de celle de la prise en main à pied) : bref, que du bonheur en ce qui concerne le gameplay, somme toutes assez classique, mais après tout, on lui demande pas d'être ergonomique en jouant avec les pieds sous prétexte que ça va être révolutionnaire... Croyez-moi encore une fois, lorsque vous sentirez le vent fouettant votre visage en pleine course, le glaive cherchant votre prochaine victime, ou lorsque vous descendrez faire une pause (totalement inutile dans l'absolu, mais c'est SotC ^^) dans un petit coin tranquille, Agro buvant à la petite rivière et vous essayant de choper le lézard à queue blanche que vous avez entr'aperçu, d'autant plus compliqué à voir lorsqu'il s'éloigne de la lumière crée par le soleil filtrant à travers le feuillage – recouvrant toute la scène, sous forme de traits lumineux et parallèles... En ce qui concerne le visuel, on a souvent reproché à la PS2 qu'elle rendait un espèce de flou assez dérengeant dans la plupart des catégories de jeux. Ici, le flou devient flou artistique, et il est clair qu'il est (pour au moins une fois) exploité intelligemment, dans la mesure où l'intégralité de la carte est baignée dans une lumière douce et éblouissante à la fois, une sorte de flottement que le moteur rend parfaitement bien. Au risque de me répéter, c'est encore unique, et ça le devient d'autant plus lorsqu'on grimpe le premier Colosse, immense dans un premier temps, bien petit lorsqu'on découvre les autres...
Les Colosses, parlons-en justement... Si on reproche à SotC d'avoir une durée de vie assez limitée (16 Colosses en tout et pour tout), chacun apporte son lot d'originalité dans son approche de l'environnement, son approche à lui puis son exécution ; qu'ils soient terrestres, sous l'eau, sous le sable, en l'air (les deux en même temps ^^), armés, etc. Tous, sans exception, lors de leur mise à mort, émettent un cri à chaque fois différent, vous prenant aux tripes, et s'écroulent soit avec violence, soit en s'allongeant petit à petit, avant que les yeux ne s'éteignent complètement... Une symphonie, une hymne à la Mort, de la poésie barbare qui nous pousse à nous poser une seule question : « Putain, mais qu'est-ce que je viens de faire ? »
Il suffit d'être ému de la mort que l'on a provoquée soi-même de 2 ou 3 Colosses pour remettre totalement en question le but pour lequel on s'est lancé dans l'aventure. La vie de sa moitié, l'être pour laquelle il éprouve son seul et unique amour, mérite-t-il le massacre de ses 16 êtres à priori pacifiques ? Encore une fois, pour connaître une réponse, une seule solution les amies...
Pour conclure, si vous êtes assez intelligent pour passer outre les guéguerres stupides que l'on entend trop en ce moment, et ce ne serait-ce que pour un jeu, il ne faut plus hésiter une seule seconde, il y a encore des exemplaires sur le Net ! Pensez que pour le blé laissé, vous vivrez une expérience unique et tout bonnement marquante ; un jeu à posséder abolusment selon moi, un de ces titres qu'il faut avoir fini de fond en comble (et non pas fini une seule fois, oh que non !) pour se dire passioné par le Jeu Vidéo en général. Un jeu qui déclenchera sans nul doute encore et encore des passions inavouées auparavant, à l'image de chefs-d'œuvre comme ICO, Halo, Super Mario Bros., etc.
Stjimmy AKA syLpHeeD
Une image qui retranscrit relativement bien l'incroyable sentiment que l'on ressent à travers l'aventure : sommes-nous libre en ces contrées ? ou maintenant, enchaîné à une obligation fatale, et donc par conséquent totalement prisonnier ?...
