Chapitre II - Il y a des films qui traitent de jeu vidéo...
Depuis que les deux loisirs que sont le jeu vidéo et le cinéma flirtent ensemble, de nombreuses licences cinématographiques et autres blockbusters ont vu le jour sur nos chères consoles. A l'inverse, beaucoup de jeux à succés ont été adaptés sur grand écran avec plus ou moins de réussite. Ces adaptations n'avaient cependant pour simple but que de transposer sur pellicule ce que le jeu vidéo avait de plus cinématographique. Les exemples les plus flagrants resteront sans doute Tomb Raider et Resident Evil qui, une fois la transformation jeu vidéo/cinéma passée, avaient perdu tout leur intêret scénaristique et les énigmes qui donnaient du piment à l'aventure au profit de scènes d'action pompeuses. Les films qui traitent directement du jeu vidéo sont bien plus rares, mais leur existance n'est pas non plus nulle. Attardons nous sur les quelques expérimentations, souvent étranges, toujours interessantes...
Honneur à celui qui ouvrât cette donne, l'incroyable, le sublime, l'unique : Tron.
Tron - 1982. Par Steven Liesberger.
Premier film à utiliser massivement des images de synthèse réalisées par ordinateur, Tron restera dans l'histoire du cinéma pour avoir été le premier film à traiter des jeux vidéo. Il faut dire que ce loisir est en pleine expension à l'époque, et que les joueurs s'éclatent dans les salles d'arcade sur Pong, Pac-Man et Space Invaders ! L'histoire prend place durant cette même époque, au moment où un jeune programmeur talentueux, Flynn, se rend compte que toutes ses créations ont été dérobées par Dillinger, le vice-président d'une entreprise particulièrement lucrative : Encom. A l'aide de ses amis Alan et Lora, Flynn va hacker les ordinateurs d'Encom afin de récupérer les fichiers qui lui ont été dérobés et ainsi prouver au monde qu'il en est l'auteur. Malheureusement, le MCP, logiciel intelligent d'Encom, utilise un laser et numérise Flynn qui se retrouve alors à l'intérieur de l'ordinateur. Pris au piège, Flynn aura cependant le soutient de Tron, un programme de sécurité mis au point par Alan. Ce scénario de personnages qui luttent contre une machine tentant de dominer le monde, d'univers parallèles et d'oracles messianiques a été largement réutilisé dans de nombreux autres films, la trilogie Matrix en tête. Malgré l'accueil mitigé qu'avait reçut le film, les studios Disney ont récemment annoncé qu'un remake serait envisageable. Petite anecdote amusante, un petit Pac-Man clignote sur l'un des murs de la salle de surveillance où Sark discute avec le MCP.

The Last Starfighter - 1984. Par Nick Castle.
Pour la première fois dans l'histoire du cinéma, un fan de jeux vidéo est considéré comme utile. Effectivement, Alex Rogan (interprété par Lance Guest) joue dans ce film un gamer choisi par les aliens grâce à ses compétences. Ces derniers, l'ayant séléctionné après qu'il ait finalement réussi à terminer le dernier niveau de Starfighter, lui proposeront de sauver la galaxie menacée par d'autres méchants aliens. The Last Starfighter aura été le deuxième film à utiliser de vraies images de synthèse, le premier ayant été, comme vous le savez déjà, le sublimissime Tron. Mise à part cette petite anecdote qui en fait un film incontournable, le film de Nick Castle n'en reste pas moins un divertissement relativement plaisant à voir et qui a le mérite de remplacer le super-héros-warrior-américain par un joueur penaud mais talentueux.
Brainscan - 1994. Par John Flynn.
Scénarisé par l'excellent Andrew Kevin Walker, à qui l'on doit les tout aussi bons 8mm, Seven ou encore Sleepy Hollow, Brainscan est un film en totale contradiction avec celui d'au dessus. Cette fois, le joueur dont il est question n'est pas chargé de sauver le monde mais aurait plutôt tendance à détruire son quartier. Michael (Edward Furlong) est le stéréotype de l'adolescent à l'avenir inexistant. Nettement plus interessé par les jeux vidéo, les films d'horreur et la musique hard-rock que par les études, Michael vient de trouver, en Brainscan, un nouveau jeu particulièrement défoulant. Une fois connecté à ce jeu (remarquons le vocabulaire hétéroclite toujours employé par les personnes qui s'y connaissent peu mais qui ont toujours beaucoup à dire...), le joueur fait la connaissance du Trickster, mauvais ersatz de Freedy Krueger et qui, outre le fait d'avoir un nom de produit céréalier, a pour mission d'assouvir les desseins meurtriers de son hôte. Après plusieurs parties d'un réalisme irréprochable, Michael se rend compte que les crimes qu'il joue virtuellement se répercutent au sein même de son petit village. Le joueur commencera alors un combat contre le jeu qui envahit sa vie, lui faisant accomplir des actes qu'il n'aurait jamais fait sans l'influence des jeux vidéo. Un film moralisateur, pointant du doigt la musique, le cinéma et les jeux vidéo comme responsables de la débauche actuelle, alors que des cibles comme l'éducation parentale ou les décisions politico-militaires américaines sont nettement plus influençables...

eXistenZ - 1999. Par l'extraordinaire David Cronenberg.
David Cronenberg est un réalisateur fascinant. Chacun de ses films étudie le comportement de l'être humain en fonction de ce qui l'entoure et de la perception qu'en a l'homme. On pouvait facilement deviner que le jeu vidéo serait un sujet qui le passionerait, et il faut dire que la vision qu'il en a est des plus convaincantes. L'histoire de ce film prend place à notre époque alors qu'une créatrice de jeu vidéo vient de mettre au point une console qui se connecte au système nerveux via un bioport, sorte de trou percé dans le dos du joueur. Cependant, la réalité est tellement controlable à l'intérieur du jeu que les utilisateurs ne souhaitent plus retourner dans cette vraie réalité, préférant vivre dans la fictive. Le film entretient un lien élevé avec notre loisir puisque certains codes du jeu vidéo sont respectés à l'intérieur, et on retrouve beaucoup d'actions et de personnes stéréotypés, le vendeur qui vous souhaite la bienvenue dans son magasin notamment. L'interet du film réside bien au delà de ça : il tente de nous convaincre que le lien entre la réalité et la réalité virtuelle est très succint et que la réalité est parfois bien plus terrible que celle que l'on retrouve une fois à l'intérieur de notre jeu. David Cronenberg touche aussi un point sensible en dénonçant l'effet de dépendance que peut occasionner une partie.

Stay Alive - 2006. Par William Brent Bell.
On termine le tour des films qui parlent de jeu vidéo par une production toute récente, Stay Alive. Le synopsis est simple : un groupe d'adolescent se retrouvent en possession de Stay Alive, un jeu vidéo que l'on pourrait classer dans les survival-horror. Il conte l'histoire de la glaciale Comtesse Bathory qui les prendra en chasse une fois le jeu commencé. Ce que les joueurs ne savent pas, c'est que la frontière entre réel et virtuel va vite s'effacer, et qu'un Game Over est alors fatal... Malgré un scénario lourdingue à souhait, le film entretient de nombreuses références avec l'univers vidéoludique. On dénote quelques apparitions de Silent Hill 4 et Forbidden Siren, ainsi qu'une PStwo et des publicités pour Unreal Championship 2 et Area 51. Dans la scène d'introduction, on peut même apercevoir le masque d'un des personnages de Manhunt. Mis à part ces quelques clins d'oeils amusants, l'intérêt du film est relativement pauvre. Une production d'été est rarement exceptionelle, et ce film ne déroge pas à la règle. La peur est totalement absente, le suspense presque ridicule... Au final, il vaut mieux garder son argent pour aller voir Pirates des Caraïbes 2, même s'il n'y a pas de PS2 à l'intérieur.

Pour conclure avec cette deuxième partie, on peut noter que les films traitant de jeux vidéo sont relativement peu nombreux mais ont toujours réussi à aborder le sujet d'une façon différente de celle qu'on l'assimilait à l'époque, c'est-à-dire un média influent qui rendait ceux qui le pratiquaient violents et/ou associables. Mis à part Brainscan qui a été réalisé dans le but de défendre clairement et, pour le coup, maladroitement cette théorie, chaque oeuvre offre son propre point de vue sur cet étrange loisir qui passione les foules. Cronenberg et eXistenZ en font un monde où le héros a la main-mise, contrôle les évenements à la manière d'un dieu, et devient par ailleurs dépendant de cet univers ; Tron propose quelque-chose de nettement moins évolué, de plus cinématographique, un film dans le jeu en quelques sortes, tandis que The Last Starfighter adoube le joueur, le transforme en sauveur de l'humanité. Une vision largement exagérée, à la limite du ridicule, mais qui a le mérite de nous divertir et n'est-ce pas là l'objectif principal d'un jeu et d'un film ?
BONUS
A chaque fin de paragraphe (sauf exception), tu auras le droit, cher lecteur, à quelques bonus en rapport avec ce que tu viens de lire. Bien sûr, ce ne sera jamais quelque chose d'exceptionel. Cependant, des fonds d'écran, des artworks, des screenshots, des vidéos, des bandes-annonces ou des démos, ça ne se refuse pas. C'est cadeau.
Une vidéo de The Last Starfighter
Tron dans Kingdom Hearts 2
Bande annonce de Tron
Bande Annonce de The Last Starfighter
Clip de Brainscan
Une vidéo de eXistenZ
Bande Annonce de Stay Alive