Voici enfin le premier chapitre des neuf qui constituent ce dossier sur les rapports, assimilations, liens avec le joueur et anecdotes qu'ont entre eux le jeu vidéo et le cinéma. Désolé pour les fautes qui parsèment le dossier, la non-exhaustivité de nombreuses informations (le tout étant basé sur mon expérience personnelle) et la subjectivité inhérente à mes productions. Si vous avez des remarques ou des commentaires à faire, vous savez où ça se passe =) Bonne lecture à tous !
Introduction
Le jeu vidéo est un loisir intrinsèquement lié au cinéma, si bien que, si le cinéma n'avait pas été, le jeu vidéo n'aurait probablement jamais vu le jour. A mesure des années, ce loisir et cet Art se sont différenciés aussi bien qu'ils se sont rapprochés. Si le côté cinématographique des jeux s'est significativement développé, à grand coup de cinématiques en images de synthèse et mises en scène hollywoodiennes, il a également su s'en différencier de nombreuses manières, notamment en faisant du joueur l'acteur principal du jeu. Ce dossier a pour but de faire un rapprochement entre le cinéma et le jeu vidéo par de nombreuses références, assimilations et autres liens qu'on pu avoir ces deux loisirs au cours des années. C'est pour cela que nous aborderons succéssivement le business d'Electronic Arts à travers les licences de films, les films qui traitent directement de jeu vidéo et ceux qui sont adaptés de licences vidéoludiques à succès, du jeu vidéo qui caractérise à lui seul le lien entre cinéma, jeu vidéo et joueur, Fahrenheit, d'Hideo Kojima et de l'oeuvre de sa vie : la saga Metal Gear Solid, du film le plus adulé par la communauté gameuse du monde entier, Final Fantasy VII Advent Children, de l'équipe de développement d'un jeu qui s'apparente un peu à celle d'une équipe de tournage et, pour finir, nous tenterons d'élucider un mystère : est-ce que le jeu vidéo est plus fort que le cinéma ? Lumières, moteurs, action !
Je me permets de te tutoyer, toi, lecteur, afin que la promiximité qui lie jeu vidéo, cinéma et joueur soit également de la partie à l'intérieur de ce dossier. Bonne lecture à toi ;-)
Chapitre I - Génèse / Electronic Arts
Le rapprochement entre le jeu vidéo et le cinéma ne date pas d'hier. A l'époque de l'Atari VCS, la console qui a permit à beaucoup de monde de connaitre le jeu vidéo, on trouvait déjà un Space Invaders largement inspiré par le boom des films de science-fiction de l'époque. Ce jeu provoquera d'ailleurs une rupture des stocks de pièces de monnaie au Japon, tandis qu'il est accusé de provoquer une recrudescence de l'absentéisme scolaire aux Etats-Unis. On ne compte plus, ensuite, les nombreuses adaptations de films en jeu. Batman, James Bond ou plus récemment Harry Potter et Pirates des Caraïbes, tous les blockbusters de l'histoire du cinéma (voire même du petit écran pour certaines séries télé) ont eu droit à leur version vidéoludique, avec plus ou moins de succès. Il serait long, trop long, de retracer toute l'histoire des films en jeu, mais s'il y a bien un studio qui doit sa renommée à ce business, il fallait absolument en parler... Electronic Arts est de ceux-là, voyons-voir ce qu'il a à nous proposer.

Electronic Arts fera date dans l'histoire du jeu vidéo. Ecartons sa terrible envie d'engloutir tous les petits studios prometteurs, et attardons-nous sur la façon dont il est devenu le premier éditeur de jeux vidéo au monde : grâce aux licences. La création d'Electronic Arts remonte à 1982, où l'équipe avait mis au point une pale copie de Donkey Kong en la personne de Hard Hat Mack sur Atari 800 et Apple 2. La première licence cinématographique importante (laissons de côté les dizaines de licences sportives) acquise par la firme de Redwood date de 1993. Wing Commander, le jeu, faisait référence au film sortit quelques 20 années plus tôt. Le succès fût tel qu'une édition spéciale et un second épisode naquirent la même année. Wing Commander 3 vint parfaire la liste en 1994, avant qu'EA ne décide d'éditer de nombreuses suites qui n'auront plus aucun rapport avec le film initial. Wing Commander 4, Wing Commander : The Kilrathi Saga, Wing Commander Prophecy et sa version collector, Wing Commander Secret Ops suivront. Conscient du potentiel mercantile des licences tirées de film, EA s'appropria, en 1998, les droits d'adaptation de l'univers de Dune, le roman de Frank Herbert, pour en faire un jeu : Dune 2000. La même année, LA série du moment se voit adaptée en jeu vidéo par Hyperbole Studios, et édité par Electronic Arts. Jusqu'en 2000, plus aucune nouvelle licence ne vient grossir les rangs d'EA, ce dernier étant occupé à sortir une multitude de titres de sport en tout genre (Rugby 2001, Fifa 2001, NHL 2001, LNF Stars 2001, Superbike 2001, F1 Manager, Tiger Woods PGA Tour 2001... faut-il encore d'autres exemples ?). Mi-2000, les studios d'EA Games débutent le développement de 007 James Bond : Le Monde ne Suffit Pas, sur Nintendo 64 et GameBoy. Le projet sera annulé, pour des raisons de droit, puis reprendra avec pour base une nouvelle version Playstation. Le résultat, en étant toutefois très honorable, n'égalera jamais le GoldenEye de Rareware. En Mai 2001, c'est le grand retour de la licence Dune dans un RTS nommé Empereur : La Bataille pour Dune, réalisé dans les studios de Westwood pour le compte d'EA. Et c'est là que tout s'enchaine. Aprenant l'adaptation future des romans d'Harry Potter au cinéma, Electronic Arts se dépêche d'acheter les droits pour adapter le tout en jeu vidéo. Le film est un succès, EA n'a plus qu'à ouvrir les bras pour que le pognon rentre en masse. Avec Harry Potter à l'Ecole des Sorciers, Harry Potter et la Chambre des Secrets, Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban et Harry Potter et la Coupe de Feu, Electronic Arts a vendu plus de 10 millions d'exemplaire de la série, chaque épisode étant décliné sur tous les supports possibles (possésseurs de PC, Playstation, Playstation 2, GameCube, Xbox, GameBoy Advance, GameBoy Color, Nintendo DS, PSP, Mac et même GameBoy Color ont eu droit à leur Harry Potter). Et quand aucun film n'accompagne la période lucrative de Noël, EA sort un Harry Potter : Coupe du Monde de Quidditch médiocre... mais terriblement vendeur. L'autre énorme licence cinéma d'EA, c'est bien sûr Le Seigneur des Anneaux. Soucieux de la qualité et, surtout, du succès de la trilogie annoncée par Peter Jackson, les dirigeants d'Electronic Arts ne s'étaient pas tellement mouillés pour acquérir la licence. Finalement, ils se sont froidement jetés à l'eau et ont chopé les droits de la saga Le Seigneur des Anneaux en film. C'est Vivendi Universal qui a récupéré les droits des livres, mais la piètre prestation de leur titre PC retraçant les aventures de la Communauté de l'Anneau dans le soft éponyme calma les ardeurs de ce studio. EA finira par faire une petite entorse à ses décisions, et éditera un RPG pompeux et pompé sur Final Fantasy (Le Tiers Age) ainsi qu'un RTS absolument exceptionnel (Bataille pour la Terre du Milieu). Revenons à Les Deux Tours et Le Retour du Roi.
On notera que le travail effectué sur ces jeux est admirable. Les scènes du film jouées par de véritables acteurs laissent place à leurs versions digitalisées, et vous lancent ensuite dans la bataille comme si vous y étiez. Malheureusement, il semble que le boulot monstre des studios Stormfront puis de celui des studios d'EA n'ait pas plut au papa de la saga. Peter Jackson n'a jamais caché sa déception quant aux adaptations de sa célèbre saga Lord of the Rings. Si EA en avait fait un profit extraordinaire, et même si la qualité des softs n'était pas si lamenable que cela, le réalisateur avait confié sa production suivante à Ubisoft, préférant un titre jouable que des caisses remplies. Grâce à l'unique savoir-faire de Michel Ancel, à qui l'on doit déjà Rayman et Beyond Good & Evil, King Kong fût l'une des plus belles surprises de l'année 2005. On ironise, mais apparemment, parfois, ce sont les réalisateurs des films eux-mêmes qui font la tête devant les adaptations. Le réalisateur Francis Ford Coppola, après avoir cédé les droits d'exploitation de son film à Electronic Arts, s'était rendu sur le lieu de développement pour voir comment avançait le projet. Repartit déçu et frustré, il avait ensuite déclaré à la presse que la voie qu'empruntait EA était en totale contradiction avec son oeuvre et invitait les fans de la trilogie à ne pas s'y interesser. Selon lui, le jeu déformait l'image des trois films en faisant une utilisation trop abondante de la violence. A l'inverse, le génial Al Pacino n'a jamais rechigné lors de la réalisation du jeu Scarface : The World is Yours. La production Vivendi Universal aura même eu le droit d'utiliser son profil, son timbre de voix charismatique et celui d'autres acteurs du film, comme Steven Bauer et Robert Loggia.
Catwoman, Batman Begins, Superman Returns et même d'ancien succès comme, justement, Le Parrain finissent d'assoire EA dans le siège confortable d'éditeur à licence cinématographique. Mais aussi, et tout ça est sûrement une cause à effet, l'éditeur qui engrane le plus de revenu au monde. Avec tout ça, Electronic Arts a encaissé plus de 3,1 milliards de dollars en 2005. Comme quoi, ça vaut le coup de se lancer dans le jeu vidéo ^^
Chacun le sait, la qualité des adaptations de films en jeux n'a jamais été sublime. Mis à part quelques titres qui méritent le coup d'oeil (King Kong en porteur de drapeau), la plupart des softs n'ont pas ce qu'il faut pour convaincre. Encore une fois, c'est aussi le cas pour Electronic Arts, qui a souvent eu du mal à donner de la saveur à ses adaptations. Pourtant, jamais les ventes, elles, n'ont été décevantes. Il suffit donc, si l'on en croit les chiffres, d'un beau nom sur la jaquette d'un jeu pour lui assurer des ventes colossalles... Est-ce toujours le cas ? Je vous laisse vous reporter au dossier
Le jeu vidéo ou une histoire de fric (bientôt disponible) pour répondre à cette question