Uncanny Avengers est de retour en librairie avec un premier tome intitulé
"Nouvelle Union". Cette série pionnière fut l’étendard de l’opération
Marvel Now ! lancée outre-atlantique par la maison des idées pour donner un coup de fraicheur à ses licences, les rendant au passage accessibles aux nouveaux lecteurs. La pression était donc forte pour le scénariste
Rick Remender, star montante chez l’éditeur, et il n’est malheureusement pas rare de lire des critiques mitigées sur le lancement de sa nouvelle série. Le fait est qu’il ne fut pas beaucoup aidé par
John Cassaday, pourtant reconnu comme un immense artiste. Par un manque de motivation évident, le dessinateur bâcle son travail sur de nombreuses planches et se permettait même de nombreux retards lors de la parution vo, faisant passer le nouveau pilier de
Marvel pour une série décousue et évoluant en marge. La sortie en vf (décalée de 6 mois par rapport à la vo) avait déjà permis de corriger le tir mais redécouvrir les 5 premiers numéros dans un bel ouvrage relié fait définitivement oublier ce point noir. Reste le manque d’attention portée par le dessinateur mais nous y reviendrons plus loin.
L’histoire d’
Uncanny Avengers prend place directement après les évènements d’
Avengers VS X-men (le crossover ayant mené à l’opération Marvel Now) et voit donc le retour en masse des mutants sur la planète. Une nouvelle donne qui va nourrir bien des conflits, surtout avec la disparition du guide Charles Xavier, tué par Scott Summers allias Cyclope. La renaissance du gène X s’accompagne alors inévitablement de la peur, de la crainte, voir de la haine latente des hommes envers la race mutante et c’est pourquoi Captain America décide de monter publiquement une nouvelle section, mêlant Avengers et X-Men avec à sa tête Alex Summers, dit Havok.
L’une des premières scènes qu’il nous est donné de voir est d’ailleurs la rencontre des deux frères Summers, l’un étant devenu le terroriste international numéro un et l’autre étant appelé à mener une équipe comptant en son sein les plus puissants héros du monde. Le ton est donné,
Rick Remender va exploiter dans ce premier arc l’héritage de Charles Xavier laissé au monde.
Et c’est dans ce contexte de tensions sociales qu’un méchant historique va faire son grand retour et se servir des faiblesses humaines pour lâcher une bombe, un attentat mutant en plein New York.
Si je veux bien admettre que l’histoire en elle-même n’est pas follement ingénieuse et fait parfois dans la facilité, elle reste terriblement efficace et
Remender l’écrit formidablement bien. Ses dialogues sonnent justes (la rencontre Scott/Alex), tout comme les discours qu’il fait tenir à Wolverine ou à la Sorcière Rouge. Sa narration en off permet d’exploiter pleinement les nombreux doutes de cette équipe et l’inimitié de certains de ses membres pour donner un climat pessimiste et désabusé au récit. L’auteur se sert également admirablement bien des cendres d’
Avengers vs X-men pour nous livrer une vision de l’univers
Marvel loin d’être rose après le dénouement du crossover. Nous y voyons des super-héros parfois lassent mais qui essaient d’assumer leurs responsabilités et d’incarner de nouveau leur rôle. Alex Summers tente d’émerger et d’être à la hauteur de la tâche, Captain America est cet homme à la volonté qui ne doit pas fléchir, Thor ce dieux surpuissant inspirant le respect et Wolverine, Malicia et la Sorcière Rouge sont ces mutants au passé trouble n’ayant pu réaliser l’idéal de Charles Xavier, l’homme qui les a accueillit et sauvé par le passé. On ressent fortement tout ce contexte à la lecture et il difficile de ne pas se sentir touché par les évènements. Peut être que certains trouveront le grand méchant de cet arc peu inspiré mais personnellement je reste suspendu à la moindre ligne de texte de cette histoire à chaque fois que je la lis.
Pour revenir sur les dessins,
John Cassaday fournit peu d’efforts et bâcle même souvent son travail mais son style demeure malgré tout et surtout, son découpage et ses cadrages restent à mon sens parfaits. L’aperçu post
Avengers vs X-men que l’on a de Cyclope donne froid dans le dos et son frère Alex et les autres mutants, que l’on sent encore meurtris par la mort de leur mentor, sont touchants. Un
Cassaday peu en forme malheureusement donc mais cela reste à relativiser, d’autant plus que le cinquième et dernier numéro est assuré par
Olivier Coipel. Le français livre une prestation impeccable et soignée comme à son habitude pour une fin d’arc ou les évènements se précipitent et où
Remender tisse des menaces bien plus importantes que celle initiale. Un dernier chapitre qui pourra donc dérouter un peu les non initiés de l’univers
Marvel mais la suite d’
Uncanny Avengers devient passionnante si l’on s’accroche un peu. Un premier tome apparemment trop terre à terre et cliché pour certains mais il s’agit d’une de mes séries favorites. Je ne me lasse pas de la relire et la conseille donc fortement.

idd Le magazine Uncanny Avengers en kiosque ouais