Lorsque
Frank Miller s’attaque aux origines d’un super-héros, cela donne
Year One, un classique intemporel sur l’homme chauve-souris mais pas seulement… Fort de ce succès, il se penche en 1993 sur la genèse d’un autre personnage, qu’il a lui-même redéfini quelques années auparavant, avec
The Man Without Fear. Ce personnage c’est évidemment Daredevil qui sous sa plume au début des années 80 devint sombre et tourmenté pour atteindre son point d’orgue avec la saga
Born Again en 1986. Pour une plus grande cohérence avec cette vision de l’auteur, il était donc de bon ton de proposer des débuts retravaillés, d’où la naissance de ce récit retro actif à son propre run. Fidèle à lui-même, les origines de
Miller sont extrêmement noires et violentes, loin de celles écrites par
Stan Lee en 1964 ou de celles de
Jeff Loeb leurs rendant hommage en 2001 avec
Daredevil Yellow.
Nous y découvrons dans les premières pages un Matthew enfant, avant la cécité, et vivant dans le quartier de Hell’s Kitchen à New York. Sa vie n’est déjà alors pas des plus rose mais reste fortement emprunte de l'insouciance et des facéties inhérentes à cet âge.
"Bientôt, papa va l’appeler. Matt se tournera et se retournera entre les draps, et il regardera le ciel… en attendant l’aube. Et les bêtises."
Une insouciance qui a depuis bien longtemps quitté son père, Jack Murdock, ancienne gloire de la boxe qui ne s’est jamais vraiment remis du départ de sa femme et qui tente tant bien que mal de faire de son fils quelqu’un de brillant et d’instruit. Un homme dont l’estime de soi n’était déjà pas très élevée avant que la mafia ne se mêle de sa vie et ne l’oblige à « encaisser les fonds dans le quartier », en rackettant et menaçant la population locale. Et tout cela Matt le sait, il s’en servira plus tard… Son destin bascule le jour où après avoir sauvé la vie d'un passant aveugle, il reçoit la cargaison radioactive d'un transport de marchandises en plein visage. Matt est alors irradié et perd la vue suite à l’accident mais cela aura pour conséquence de développer ses autres sens de façon exponentielle.
Après une période difficile où il s'adapte à la vie de non voyant, il s'épanouit de nouveau dans l'entrainement et l'apprentissage de ses facultés surhumaines grâce à l’aide du mystérieux Stick. Matt se sent renaitre lorsqu'il évolue de toit en toit tel un funambule mais son bonheur sera de courte durée car la mafia exécute brutalement Jack Murdock dans une ruelle suite à un accord non respecté. Au courant du chantage qui pesait sur son père depuis des années, le jeune Matthew va se lancer dans une vengeance des plus violentes.
Suivront ses années à la fac de droit, la rencontre de son meilleur ami Foggy mais aussi celle bien plus inquiétante d’Elektra, son premier amour puis son retour à Hell’s Kitchen auréolé de son diplôme d’avocat. En parallèle nous est montré l’ascension du Caïd et ses méthodes radicales pour étendre le business de la pègre, l'enlèvement et la vente d’enfants en tête. Un trafic dont va être témoin Matt et qui va le conduire à une nouvelle croisade vengeresse et faire naitre en lui le justicier Daredevil.
Matt Murdock est un héros qui peut être violent et
Miller n’hésite pas à nous le montrer, que cela soit par un acte impulsif et non intentionnel ou par pure vengeance, nourrie et calculée, il fait commettre le pire à son personnage.
Il fallait un grand dessinateur pour illustrer cette histoire et
John Romita Jr répond présent en livrant une prestation incroyable, sans doute la meilleure de sa carrière. Son Matthew enfant est attendrissant, sa version adulte puissante, son Caïd massif, son Elektra plus cinglée que jamais, en bref il donne corps au récit de
Miller et caractérise le tout à la perfection. Une œuvre indissociable de son duo créatif, au même titre que le sont celles signées
Miller/
Mazzucchelli ou
Jeff Loeb/
Tim Sale à mon sens.
Si certains pourront trouver cette histoire bien trop violente et donc hors de propos pour un héros comme Daredevil, la version "
Yellow" de
Jeff Loeb est une très bonne alternative. En tout cas pour moi,
The Man Without Fear est un classique, touchant, cru, violent et qui n'a pas pris une ride. A découvrir en vf notamment via le livre
Marvel les incontournables tome 7 : Daredevil.
Sinon merci bien pour l'article ! Pour la peine, je m'y mettrai quand j'aurai rattrapé mon retard subséquent.
Merci pour l'article.
Vonkuru : C'ça c'ça ouiH :mich et vivement que tu rattrapes ton retard alors n'est ce pas ?! =p
Madness7 : Y a un paquet d'histoires excellentes sur le personnage en effet, c'est à lire