Sa patte gauche peut faire basculer le sort d'un match. En force ou en finesse, de près ou de plus de 30 mètres, Shunsuke Nakamura a inscrit des dizaines de buts splendides qui font le délice des amateurs de football sur internet.
Ce génie du ballon rond, grand spécialiste des coups de pied arrêtés, s'est naturellement imposé au fil des années comme le baromètre de la sélection japonaise.
On comprend mieux pourquoi l'état de sa cheville gauche est devenu le sujet de conversation numéro un au pays du Soleil levant depuis qu'il s'est blessé lors d'un match amical contre la Corée du Sud.
Nakamura, 31 ans, est un joueur fragile. Il a donc développé tout un rituel de soins pour se maintenir en forme, notamment des bains au germanium désintoxiquant, qui permettent - paraît-il - d'oxygéner les tissus musculaires et de renforcer le système immunitaire.
Malgré ces remèdes de grand-mère très populaires au Japon, un gros point d'interrogation plane toujours sur l'état de forme du maître à jouer nippon.
CADEAU D'ANNIVERSAIRE
Il paraît peu probable qu'il soit en mesure de tenir 90 minutes, particulièrement lors des deux matches du groupe E que le Japon disputera en altitude, mais il reste capable en une inspiration de changer la physionomie d'un match.
"Nakamura est un joueur magnifique, il peut vous gagner des matches, mais il faut le protéger", résume Philippe Troussier, ancien sélectionneur français du Japon, avant d'émettre un bémol de taille.
"Il faut aussi des capacités défensives et ce n'est pas le cas de Nakamura. Lui, c'est un grand joueur si vous avez 60 ou 70% de la possession, ce qui ne sera pas le cas face au Cameroun, aux Pays-Bas ou au Danemark à la Coupe du monde", explique Troussier, qui n'avait pas retenu le petit génie lors de la Coupe du monde 2002.
Et de comparer l'équipe du Japon à un groupe de rock dont Nakumara serait la star: "Même si j'ai Jimi Hendrix à la guitare, et qu'il est le meilleur du monde, je vais lui demander de ne pas s'enflammer dans un solo de 40 secondes. Le succès vient de manière collective."
Malgré ces réserves, Nakamura jouit d'une grande aura chez ses jeunes partenaires, qui prononcent toujours son nom avec vénération.
Fatigué des allers-retours à répétition entre l'Europe et le Japon pour rejoindre la sélection, il a décidé en février dernier de quitter l'Espanyol Barcelone, où il avait signé après quatre saisons passées au Celtic Glasgow et trois à la Reggina, et de rejoindre le club nippon des Yokohama Marinos.
Une manière, aussi, de montrer son attachement à son pays et sa détermination en vue de la Coupe du monde.
Il ne lui aura pas échappé qu'il fêtera ses 32 ans le jour de Japon-Danemark, dernier match du groupe E. Une qualification pour les huitièmes serait un beau cadeau.

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publié le 06/06/2010 à 13:06 par
akira893