Elle est ressortie la vieille rumeur disant que Sony chercherait à interdire la revente des titres Playstation 3 sur le marché de l'occasion. La méthode, cette fois, était différente (un accord de licence au lieu d'un verrouillage jeu / console) mais Sony continue à démentir. Affaire classée, à priori, même si les éditeurs semblent toujours aussi décidés à stopper une activité parallèle très lucrative dont les bénéfices leur glissent entre les doigts.
La rumeur de la semaine, celle dont se sont régalés les américains il y a quelques jours, nous vient en fait d'Angleterre. Les sources revendeurs du site Games Radar avaient ainsi indiqué que Sony cherchait à faire disparaître les rayons occasion des magasins anglais via un système de licence, rendant illégale la revente de logiciels Playstation 3.
Si la nouvelle a paru familière, c'est parce que le constructeur s'était retrouvé impliqué dans une affaire similaire en novembre 2005. La découverte d'une technologie Sony permettant de verrouiller un jeu à une seule et unique machine avait, à l'époque, provoqué la fureur des internautes, qui se voyaient déjà privés de la possibilité de louer ou d'emprunter à un ami leurs titres préférés. La société avait, du coup, dû offrir un démenti catégorique, affirmant que les logiciels Playstation 3
e seraient pas protégés contre la copie [de cette manière].
Cependant, la méthode de cette semaine était différente. On ne parlait plus ici de technologie mais d'un simple accord de licence, ressemblant à ceux qui protègent actuellement la plupart des logiciels professionnels sur PC. Celui-ci stipulait que seul le droit d'utiliser le jeu serait acquis par le consommateur, le contenu du disque optique lui-même restant la propriété de Sony. En d'autres termes, l'utilisateur n'aurait plus eu le droit de revendre quelque chose qui, au départ, ne lui a jamais vraiment appartenu.
Le constructeur aurait-il pu prendre le risque de se mettre à dos consommateurs et revendeurs ? Peu probable au moment où le prix élevé de la Playstation 3 peine déjà à convaincre le public. Les experts interrogés par la presse américaine, eux, citaient de nombreuses complications légales et technologiques. Sony peut théoriquement vendre une licence d'utilisation pour un jeu, mais l'acheteur devra alors disposer d'un moyen d'accepter cette licence, expliquait l'un d'entre eux. Je ne suis pas sûr qu'il soit possible de l'appliquer sinon. Un tel système nécessiterait que toutes les PS3 soient reliées à Internet, estimait l'omniprésent Michael Pachter, analyste chez Wedbush Morgan Securities, chez Gamespot. Même dans notre société de plus en plus ouverte au web, cela resterait une tâche gigantesque. De toutes manières, l'histoire a finalement été démentie hier par un porte-parole Sony. Nous n'avons clairement rien communiqué de la sorte [aux revendeurs], a affirmé Jennie Kong, de la branche anglaise. Tout cela est faux [...] et nous sommes très surpris de voir le sujet revenir une nouvelle fois sur le devant de la scène, pour être francs.
Affaire classée, donc. Mais ce que l'on retiendra surtout de ce nouvel épisode, moins que la rumeur en elle-même, ce sont les réactions menaçantes des fournisseurs de contenu. En fin d'année dernière, le magazine MCV (originaire d'Angleterre, lui aussi) révélait que ces derniers discutaient ensemble d'un plan d'action destiné à enrayer l'essor du marché professionnel de l'occasion, avec le support de l'ELSPA – le SELL anglais – si besoin était. Et mercredi dernier, derrière les commentaires, on a plus que jamais senti le désir de stopper une bonne fois pour toute une activité parallèle lucrative dont les bénéfices glissent entre les doigts des éditeurs. Sony et le reste d'entre nous adoreraient mettre fin à ce commerce dommageable, a confié l'un d'entre eux au magazine Next Generation. Mais passer effectivement à l'action me semble être un combat qui dépasse même le constructeur. Ca m'étonnerait que [cette histoire de licence] se matérialise, mais j'espère que je me trompe. Rendez-vous est pris, donc. Ce n'est peut-être pas pour cette fois, mais la bataille est loin d'être terminée.