Dominique de Villepin refuse toujours de retirer la loi. Il a accepté de recevoir les organisations étudiantes samedi matin et souhaité revoir les confédérations syndicales la semaine prochaine
Après avoir rencontré pendant plus d'une heure les cinq confédérations syndicales - une réunion qu'il a qualifiée d'«importante» et de «première étape», Dominique de Villepin a déclaré qu'il souhaitait poursuivre les discussions «dans les prochains jours» avec les organisations syndicales et «trouver des solutions constructives pour répondre aux inquiétudes» sur le CPE. Il a ajouté qu'il souhaitait rencontrer de nouveau les syndicats «la semaine prochaine» avec le ministre de l'Emploi Jean-Louis Borloo et le ministre délégué à l'Emploi Gérard Larcher. Il a par ailleurs confirmé qu'il allait recevoir samedi les organisations étudiantes et lycéennes, comme l'avaient annoncé les responsables syndicaux à leur sortie de Matignon.
Ces derniers ont fait savoir qu'ils avaient quitté la réunion sur le CPE à Matignon sans avoir convaincu Dominique de Villepin de retirer le CPE. Le secrétaire général de FO Jean-Claude Mailly a déclaré à sa sortie que les confédérations syndicales n'avaient pas d'autre rendez-vous fixé avec le chef du gouvernement. Il a indiqué que «les confédérations ont expliqué au premier ministre qu'elles n'étaient pas là pour négocier mais pour lui dire: si vous voulez un apaisement du climat social si vous voulez que de vraies négociations s'ouvrent il faut retirer le CPE».
Pour François Chérèque, secrétaire général de la CFDT : «Nous n'avons marqué aucun point», alors qu'«on a essayé de faire comprendre au Premier ministre que nous étions tous prêts à ouvrir des négociations, à condition bien évidemment qu'il ne nous impose pas le CPE». Selon lui, «le gouvernement n'a pas pris la mesure de la situation de tension qui existe dans notre pays». «M. de Villepin ne nous a rien proposés, il nous a simplement proposé d'aménager le CPE ce qui n'est pas acceptable pour les organisations syndicales», a-t-il fait valoir. Il a déploré que «le président annonce qu'il faut que le CPE s'applique, une heure avant qu'on rencontre le gouvernement, soi-disant sans a priori ainsi il y a une grande confusion aujourd'hui ».
Enfin, le leader de la CGT, Bernard Thibault, a indiqué que les responsables syndicaux avaient demandé au Premier ministre, «les uns après les autres, d'en déduire qu'il n'y avait qu'une seule réponse possible, c'était le retrait». Dominique de Villepin «voit bien que ce n'est pas tenable en l'état», a-t-il déclaré, «mais il cherche à améliorer des dipositions qui, selon nous, ne peuvent pas être améliorées parce qu'au bout du compte, on fera le constat qu'il n'y a plus de CPE possible». «On pourrait gagner du temps si nous obtenions rapidement le retrait du CPE. Maintenant je crois qu'un des rendez-vous importants, ça va être l'ampleur de la mobilisation de mardi prochain, qui peut-être pourra compter, être déterminante pour la suite des événements», a-t-il ajouté.
Ce matin, l'intersyndicale des douze organisations de salariés, étudiants et lycéens opposées au CPE avait demandé à être reçue dans son intégralité vendredi après-midi par le Premier ministre. Dominique de Villepin leur avait opposé une fin de non-recevoir en réaffirmant que la rencontre concernait les seules cinq confédérations syndicales (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC), les organisations étudiantes ayant été invitées à voir le Premier ministre «lundi à 10H00».
La réunion de l'intersyndicale a été «mouvementée», selon un participant ayant requis l'anonymat. Selon lui, les organisations de lycéens, étudiants et les deux syndicats non confédérés (Unsa, FSU) ont en effet «pris à parti» les cinq confédérations, leur reprochant d'avoir accepté d'être reçues à part.
En signe de protestation, les principaux syndicats lycéens et étudiants ont décidé de boycotter la réunion prévue avec le ministre de l'Education, Gilles de Robien, vendredi après-midi. «Les organisations étudiantes et lycéennes engagées dans l'intersyndicale contre le CPE ont décidé de boycotter la rencontre prévue chez de Robien. Le CPE, ce n'est pas son dossier. Et ce que nous voulons, c'est être reçus par le Premier ministre Dominique de Villepin», a précisé l'Union nationale lycéenne (UNL).
A l'issue de leur réunion, à Bagnolet au siège de l'Unsa, les cinq confédérations, l'Unsa, la FSU, l'Unef, la CE, la FIDL, l'UNL avaient demandé «solennellement» au gouvernement, dans une déclaration commune, qu'il réponde dès vendredi après-midi à sa demande de retrait du CPE. «Le retrait est le préalable à toute négociation» et «le dénouement de la crise actuelle passe par l'écoute de la part du gouvernement des 12 organisations syndicales engagées dans l'action contre le CPE depuis deux mois», ont-ils répété.
Alors que sur le front étudiant et lycéen, les violences enregistrées jeudi lors des manifestations attestent une montée des tensions, l'intersyndicale a également affiché son ambition de faire du mardi 28 mars «une puissante journée d'action interprofessionnelle avec arrêts de travail, grèves, et manifestations».
De Bruxelles, où il participe au conseil européen, Jacques Chirac a également une nouvelle fois exclu tout retrait de la loi sur le CPE. «Je ne suis pas partisan dans une démocratie des ultimatums», a déclaré le chef de l'Etat. «Quand une loi a été votée, elle doit être appliquée, ce qui n'empêche pas le gouvernement d'en discuter les modalités», a-t-il ajouté. Jacques Chirac a néanmoins souhaité que la réunion entre le gouvernement et les partenaires sociaux, cet après-midi, permette «d'ouvrir un dialogue pour répondre aux inquiétudes, aux interrogations qui se sont fait jour».
Jacques Chirac a par ailleurs condamné les violences «intolérables et inacceptables» qui ont émaillé les manifestations de jeudi contre le CPE. «J'ai demandé au gouvernement que ces casseurs qui n'ont rien à voir avec des manifestants soient poursuivis et punis avec toute la sévérité nécessaire», a-t-il dit.

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posted the 03/24/2006 at 07:03 PM by
sharku