L'electro made in France a encore de beaux jours devant elle, quoi qu'on en dise. David Guetta, Bob Sinclar, Martin Solveig, Daft Punk, Justice... Ces cinq-là squattent les clubs et les ondes du monde entier. Mais à côté, il existe une nouvelle génération de DJ français proposant une musique novatrice et underground, reconnues dans la sphère électro mondiale et connaissant parfois même un certain succès commercial: Kavinsky, Madeon, Brodinski, C2C, Breakbot, Jackson & His Computer Band... Ils sont nombreux! Mais celui qui pourrait voler la vedette à ces révélations, c'est peut-être Gesaffelstein. S'il ne possède pour l'heure aucun tube, sa réputation de nouveau prince de l'électro tricolore n'est plus à faire: après avoir signé des remixes pour Justice, Lana Del Rey ou Depeche Mode; et avoir produit deux titres (dont un en collaboration avec les Daft Punk) sur le dernier opus de Kanye West, l'heure est au premier album.
On peut dire qu'il se sera fait attendre cet album! Cinq après son premier titre, Gaseffelstein livre enfin Aleph, première pièce à l'édifice de son étrange univers. Dans la lignée de Modern Walk et Viol (deux titres qui ont faits sa réputation), les morceaux contenus dans ce premier opus offrent une ambiance froide et oppressante. Il faut d'emblée le préciser aux amateurs de musique dance prêtes pour Ibiza: dans Aleph l'heure n'est pas à la fête, et vous le comprendrez bien assez tôt. Lorsque démarre Out Of Line, le premier titre, nous sommes accueillis par une note de synthétiseur bien crade et une cloche qui sonne. La boîte à rythme se fait entendre, emmenant une voix intrigante nous racontant je ne sais quoi sur un ton inquiétant. Voilà qui donne le "la" de ce que sera Aleph par la suite, à savoir une plongée sans détour possible dans un univers glauque et aseptisé; où tout semble propre, trop propre pour être normal (le genre d'ambiance à la Portal sans l'humour qui va avec, pour donner un exemple aux gamers qui lisent!). Voilà un disque qui pourrait parfaitement servir de Bande-Originale à un thriller ou un film d'horreur futuriste. L'impression d'être plongé dans un labyrinthe électronique duquel on ne peut partir: voilà ce que m'a fait ressentir Gesaffelstein pendant environ une heure.
Fort heureusement, tous les morceaux ne proposent pas des montés d'adrénaline comme le pressant single Pursuit ou l'insupportable et pourtant tellement jouissif Hellifornia. Des passages plus posés comme le magnifique et effrayant Wall Of Memories sont bien présents, même si quelques compositions de ce type sont beaucoup moins prenantes comme Destinations. Cela dit, même sans parler spécifiquement des morceaux plus calmes, certaines des quatorze musiques composant l'album sont plutôt dispensables malgré la parfaite cohérence artistique de Aleph. A titre d'exemple, des moments comme Piece Of Future ou Hate Or Glory ne m'ont pas du tout retenu l'attention malgré une intention d'oppression toujours bien présente.
Au final, Aleph est un labyrinthe dans lequel ne se risqueront que les plus courageux, et c'est bien normal. Sa musique techno ne touchera pas le coeur du grand public, mais réjouira les amateurs d'électronique en tous genres. Ce premier album de Gesaffelstein est à l'image de sa pochette: d'une grande classe, d'une sobriété apparente mais d'un fond très complexe, d'un univers très personnel et assez génial. Cela dit, il ne s'agit pas d'une totale réussite! Le meilleur est sans doute à venir pour ce jeune génie français de moins de trente ans, car il a toutes les cartes en mains pour créer son propre chemin à travers le labyrinthe du succès.
LE HIT: Pursuit
LE COUP DE COEUR: Wall Of Memories
LA NOTE: ??/10
Pour connaître la note finale, rendez-vous sur: http://born2listen.e-monsite.com
Il m'a pas mal lassé Gesa dernièrement, mais va tout de même falloir que j'écoute cet album. J'ai juste écouté hate or Glory pour l'instant que je n'ai pas trop aimé..