Sortie: 16 Septembre 2013 / Style: Rock / Durée: 47 minutes
Si Placebo a marqué de son empreinte le monde du rock, ce n’est en aucun cas avec ses deux derniers albums. Révélé en 1996 par David Bowie lui-même, le groupe a connu sur une période d’environ dix ans le succès critique (Without You I’m Nothing) et le succès commercial (Sleeping With Ghosts). Cependant, il faut bien dire que la bande de Brian Molko est sur la pente descendante au moins depuis Meds (2006), et perd par la même occasion une bonne partie de son aura. La grande question était donc: « où en est Placebo? ». Trop jeunes pour êtres incontournables, trop vieux pour être branchés; trop rocks pour les radios, trop mainstream pour les critiques… Personne ne sait vraiment où en est le trio. Loud Like Love, septième album des anglais, apporte à défaut d’une réponse un vent de fraîcheur bienvenue.
Quatre ans après un Battle For The Sun relativement sympathique mais plutôt timidement accueillie par le public et la critique, le power trio avait dévoilé en fin d’année dernière un EP nommé B3. Le groupe nous rappelait là ses plus belles heures, alternant assez habilement balades et gros son rock qui envoie. Un avant-goût plutôt convaincant donc, mais pas non plus un choc auditif. Ainsi, on se demandait si ces cinq titres étaient annonciateur d’un retour au source ou pas. La réponse? Clairement non. Le morceau Too Many Friends, révélé au début de l’été, montre parfaitement la direction dans laquelle s’est engagée le groupe pour ce nouvel opus, à savoir un rock teinté de pop. On le voyait venir de loin ce virage musical, et enfin on y est! Depuis deux albums, le groupe disséminait à droite et à gauche des touches de pianos et autres violons, en supplément des effets électroniques initiés il y a de ça dix ans déjà. Mélangez tous ces ingrédients avec du rock alternatif typique des années 90, et vous obtenez un Loud Like Love efficace et énergique, à défaut d’être technique et profond.
Ainsi, ne vous attendez pas à de grandes claques au niveau des compositions. Les refrains sont accrocheurs et les riffs classiques, bien qu’imparables. Si possible on amène les synthétiseurs pour que ça fasse moderne (Purify). Ah, et si c’est une balade, on ramène le piano et les violons (A Million Little Pieces). Je ne dis pas ça de manière péjorative, mais juste pour souligner l’aspect parfois opportuniste et trop classique de certains morceaux. Par contre, bon point: finit la surenchère de chœurs et d’instruments de Battle For The Sun (synthés, pianos et autres cordes frottées étant beaucoup plus discrets ici). Notons tout de même deux chansons plutôt mélancoliques se développant tout en longueur: le sympathique Begin The End et le très très réussi Bosco, tournant aux alentours de 6 minutes. Sinon on retrouve un Brian toujours en forme vocalement, quitte à presque en faire trop et à s’auto-parodier dans son interprétation (à croire qu’il n’a pas comprit que Hold On To Me était une chanson calme, pas la peine de crier!). En bref pas d’évolution à ce niveau là: sa voix, si singulière et nasillarde, continuera a faire le bonheur des fans comme le malheur des détracteurs. En ce qui concerne les paroles, soyons honnêtes: on est assez loin du travail d’écriture des débuts. Certains textes sont plutôt niais (Loud Like Love), d’autres franchement nuls (Rob the Bank). Mais n’exagérons rien non plus: cela reste plutôt honnête, et certains sont vraiment biens écris.
Placebo aurait donc vendu son âme au diable grand public? Peut-être, mais il ne faut voir le mal partout. En assumant dorénavant leurs tendances pop-rock, on sent une formation plus libre, plus heureuse, ayant retrouvé un vrai goût pour la musique. Le troupe mûrit, et nous offre dix morceaux (oui, que dix) plutôt réussis. Certes, ça n’est pas un chef-d’œuvre, mais on alterne assez brillamment les pistes énergiques taillés pour les stades (Purify, Exit Wounds…) et les moments calmes et torturés (A Million Little Pieces, Bosco…), malgré deux ou trois petits bas (Rob The Bank, assez dispensable). En réutilisant leurs artifices traditionnels (rock alternatif très nineties couplé à la voix de Brian) tout en les rendant plus accessibles, Placebo signe avec Loud Like Love son meilleur album au moins depuis 2003. Comme quoi, ils sont encore capable de faire de l’effet.
LE HIT: Too Many Friends LE COUP DE COEUR: Bosco
NOTE: ??/10
Pour connaître la note finale, rendez-vous sur: http://born2listen.e-monsite.com/