Roger Waters - The Wall Live au Stade de France (21/09/2013)
19h40: Porte Z du Stade de France. Le monde autour de moi s’agite, s’impatiente. Ca se bouscule, ça se pousse… Quel en est la raison me demanderez-vous? En ce samedi 21 septembre 2013, c’est l’évènement à Saint-Denis: l’ex-Pink Floyd Roger Waters s’apprête à jouer pour la dernière fois la reconstitution scénique de l’un des chef d’œuvre du groupe, The Wall, et ce après une tournée triomphale de trois ans. Autant dire que nombre de parisiens (et pas que) étaient présent pour y assister dans un stade plein à craquer, que certains artistes obligés de brader leurs billets pour le remplir doivent lui envier (coucou Gaga, Prince et autre Madonna). Pour ceux qui ne comprennent pas vraiment l’engouement autour de cette prestation, voici un bref rappel de ce qu’est The Wall.
Il s’agit du onzième album studio du groupe britannique Pink Floyd, sortit en 1979. Alors au sommet de sa carrière, la troupe peut désormais se vanter de pouvoir remplir les plus grands stades du monde, grâce à des albums mythiques comme The Dark Side of the Moon ou encore Animals. Mais cela ne va pas sans quelques inconvénients… L’un des leader du groupe, Roger Waters, supporte de moins en moins le comportement du public durant leurs prestations (cris, alcool, etc). A la suite d’un incident entre lui et un fan à Montréal, le chanteur se pose des questions sur l’isolement, la célébrité et son pouvoir. De là est née l’idée de The Wall, album concept intemporel. Roger a l’idée de construire sur scène un gigantesque mur entre le groupe et le public afin de les protéger d’un éventuel incident. L’idée va être tout d’abord décliné sur l’album: on y conte l’histoire d’un certain Pink, jeune homme perturbé, dégoûte par le monde qui l’entoure (la guerre, une école cherchant à le faire rentrer dans le moule, une mère sur-protectrice, l’absence de père, etc). Tous ces évènements vont conduire le héros à se construire un mur imaginaire afin de s’en isoler. Débute alors la seconde moitié de l’album: Pink est devenu entre temps une rock star mais sombre dans la folie, jusqu’à se prendre pour un dignitaire fasciste. A la fin, sa conscience lui impose de reprendre contact avec la dure réalité et détruit le mur. En bref, voilà. Si je vous résume ceci ce n’est pas pur plaisir, mais juste qu’il est indispensable de comprendre un minimum l’œuvre pour la comprendre sur scène. Oui, car cet album n’est que l’une des trois briques qui forment The Wall, avec le film et le spectacle. Ce dernier est un élément extrêmement important car le concept est né de la scène. Donc autant vous dire que plus de trente ans après, la représentation au Stade de France était plus qu’attendu… Surtout que c’est peut-être la dernière fois que le spectacle était joué par son créateur. Roger Waters étant son principal contributeur, il a gardé le droit de jouer The Wall en solo. Or, il a déjà 70 ans. S’il est encore en forme actuellement, aura-t-il l’énergie afin de se relancer dans une tournée similaire dans le futur? Rien n’est moins sûr. Ainsi, cette dernière étape parisienne peut presque être considérée comme la dernière brique à cet immense édifice. Encore faut-il que ce soit à la hauteur…
Arrivée dans le Stade à 19h55, pile à l’heure. Premier constat, les tribunes et la fosse sont pleines: bon point. Autre chose intrigue: un ensemble de blocs blancs relie le stade dans sa largeur, mais est coupée en plein milieu par la scène. Les gens autour de moi semblent heureux d’être là, et c’est en les observant qu’on se rend compte de la portée qu’a eu cet album. En effet la moyenne d’âge n’est pas celle qu’on croit, car on y voit évidemment des hommes et des femmes de la génération Floyd, mais aussi beaucoup de personnes plus âgées et aussi pas mal de jeunes gens, voir enfants. Il semble au final que la bonne musique soit multi-générationnelle… Les gens rentrent au compte-goutte et le spectacle commence finalement avec une bonne demi-heure de retard. Juste le temps pour mon voisin de manger un bon hot-dog et de me baver dessus. Connard.
Roger Waters entre sur scène, fringuant, sous un tonnerre d’applaudissement. Démarre In The Flesh?, probablement l’une des meilleures introduction que l’homme a crée. Et là, c’est le festival. L’emblématique chanteur enchaîne assez consciencieusement les pistes de The Wall afin de montrer l’ampleur du concept. Lorsque démarre l’hypnotique première partie du morceau Another Brick In The Wall, le public semble retenir son souffle. Apparaît alors la fameuse marionnette géante du professeur, acclamée par le public, et évidemment la seconde partie du morceau juste après. Une chorale d’enfants de Saint-Denis, vraisemblablement heureux d’être là, rejoint le septuagénaire sur scène afin de l’aider pour le deuxième couplet. Suite à ce moment de communion avec le public, Roger nous dit bonsoir, qu’il est content d’être là, et aussi et surtout qu’il dédie ce spectacle à toutes les personnes victimes du terrorisme d’Etat. Car oui, nous avons bien à faire à un homme très engagé contre le pouvoir, l’argent, la guerre, et le racisme. Cela se voit à travers les propos tenus, mais aussi par les images qui défilent à un rythme effréné sur le mur, servant donc d’immense écran de projection pour divers effets ainsi que pour des gros plans sur Roger (parce qu’il parait minuscule près de sa construction et que, porte Z oblige, j’étais très loin de la scène). Notons au passage une interprétation juste sublime du célèbre Mother, assurément un très beau moment qui nous a fait oublier tout ce qui se passe autour de nous. D’ailleurs, sans même que l’on s’en rende vraiment compte, le mur se construit progressivement jusqu’à complètement isoler la scène. Entracte.
Brève pause, juste le temps pour mon voisin de terminer son paquet de clopes entamé dès le début du spectacle juste à côté de moi. Je tousse, il me regarde comme si c’était moi qui le faisais chier. Connard. Ouais, j’suis un jeune non-fumeur, et je t’emmerde.
Le spectacle reprend de plus belle, accompagné du doux fumet d’un nouveau paquet Marlboro. Les deux premiers morceaux se font depuis l’arrière du mur, d’où l’ont entend un chanteur visiblement gagné par l’émotion au fur et à mesure de la représentation. Cette seconde moitié voit apparaître quelques emblèmes de The Wall: le cochon volant, les fameux marteaux qui marchent, la représentation de croix gammées en outils… Le chanteur va même jusqu’à se vêtir d’une tenue de dignitaire muni d’un mégaphone et d‘un fusil d‘assaut factice! Une critique à peine dissimulé du racisme et de la dangerosité des extrêmes. Ce show totalement surréaliste s’achève sur la destruction du mur dont les blocs s’éparpillent sur scène et dans la fosse. Roger et ses musiciens nous interprète un beau Outside The Wall, nous salue, nous remercie, et part avec la classe qui le caractérise.
Pas de rappel, mais on ne lui en tiendra pas rigueur. Pourquoi? Parce ce que ce que j’ai vu n’est pas un concert, mais s’apparente plus à un spectacle sons et lumières. Et il n’y a pas de rappel dans ce genre de choses, tout comme il n’y a pas de première partie. La superbe musique de The Wall est, sur scène, indissociable de ces effets visuels tout bonnement époustouflants.
Je vais être honnête avec vous. Avant ce spectacle, je n’avais jamais écouter l’album (seul quelques-uns des singles me parlaient), et ce que j’en savais était assez scolaire. A la vue de ce show, je me suis rendu compte de ce qui fait d’un projet un grand projet: il parle à tous; les jeunes, les vieux, et même mon relou de voisin. Visiblement très ému de devoir, a priori, tourner pour de bon la page de The Wall, Roger Waters a livré une performance visuelle et sonore époustouflante du haut de ses soixante-dix balais, même si quelques fois la voix ou la synchronisation n’étaient pas au top. Mais qu’importe: le point final de cette tournée aura tenu ses promesses, et je suis heureux de pouvoir dire, du haut de mon jeune âge, que j’ai pu voir peut-être pour la dernière fois (du moins réalisé avec autant de moyens), un spectacle et un artiste légendaire sur scène. Une chose est sûr: ce mur là est éternel, et rien ni personne ne le détruira. Respect.
ARTICLE ORIGINAL SUR: http://born2listen.e-monsite.com/
Vidéo amateur live au Stade de France (Another Brick In The Wall Part 1 + The Happiest Days Of Our Lives + Another Brick In The Wall Part 2)
Le son était gigantesque, avec les effets sonores d'avion, de chant militaire. C'était vraiment énorme malgré que la pause entre les 2h, a cassé un peu le rythme.
J'aurai pu y être si je n'étais retenu pour des raisons professionnelles... Je me console en me disant qu'une interprétation live de Comfortably Numb sans Gilmour ne vaut pas le coup! Nan je trolle, j'aurai tout donné pour pouvoir assister à ce concert!