Qu'on aime ou qu'on n'aime pas, on est au moins obligé de reconnaître à Phoenix qu'il est l'un des rares groupes français qui arrive à s'exporter à l'international, notamment aux U.S.A. Depuis 2009 et leur précédent album Wolfgang Amadeus Phoenix, c'est l'ascension fulgurante: environ 800.000 exemplaires vendus dans le monde, un concert au Madison Square Garden (20.000 spectateurs) à l'aide des Daft Punk, et un Grammy Award du meilleur album alternatif. Cette année et l'arrivée de ce nouvel opus doivent donc être une confirmation, une preuve comme quoi les versaillais s'inscrivent dans la durée. Bankrupt!: voilà le nom (étrange) du disque qui aura cette lourde tâche. Mais ne vous fiez pas au titre, nous ne sommes pas face à quelque chose de triste en rapport avec la crise, oh ça non. L'intitulé n'est qu'une autre preuve de la position un peu à part de ce groupe un peu ailleurs. La pochette vous le confirmera (elle fait même assez peur).
Lorsque l'album commence, on se pose quelques questions: des notes évoquant mon sympathique voyage en Thaïlande du nord, des notes de synthétiseur en veux-tu en voilà, etc. C'est très étrange. Ce titre, à savoir Entertainment, est aussi le premier single; et si au premier abord on peut avoir tendance à partir en courant, on reconnait assez vite la "patte" Phoenix et on se rend compte par la suite de la véritable qualité du morceau. En fait on aime, et ça s'incruste malgré nous dans notre tête. Selon moi, cette chanson est assez représentative de tout l'album: surprenant, déroutant et pourtant si familier; kitsch et presque brouillon mais pourtant si fouillé... Bankrupt! est un parfait exemple de renouvellement dans la continuité, quelque chose que peu d'artistes arrivent à effectuer. Alors, quels sont les grands changements? Eh bien autant vous dire que si vous aimez le synthétiseur, vous allez être servis. Certes, ils ont toujours utilisés cet instrument, mais jamais à ce point (écoutez S.O.S In Bel Air et vous comprendrez). Cette utilisation à outrance de l'outil en supplément de la formation habituelle et d'effets électroniques mène parfois à l'overdose. Les moins courageux jetteront donc l'album à la poubelle ou le vendront à la brocante, mais ils auront tort! En effet, Bankrupt! n'est pas ce genre de disque facile à aborder (encore moins que son prédécesseur) et qu'on oublie juste après l'écoute. Il nécessite qu'on s'acclimate, qu'on s'adapte: ce n'est pas la musique qui vient à nous mais nous qui devons venir à la musique. Car derrière tous ces excès, ces compositions semblant un peu bancales, il y a une vraie recherche et on ressent une liberté certaine des auteurs. On trouve de tout: quelques tubes en puissance comme Trying To Be Cool ou Oblique City, des ballades (auxquels je suis moins sensible) comme le morceau-titre ou Chloroform, ou encore des grosses chansons qui envoient comme Drakkar Noir ou Entertainment. Le tout est bien sûr toujours porté par la fantastique voix de Thomas Mars, un peu perchée.
Au final, le Bankrupt! de Phoenix est plutôt un bon remède à la crise et à la morosité ambiante. Entraînant, frais, original, ce nouvel opus pèche simplement par un certain manque d'accessibilité. Mais est-ce vraiment un mal si c'est pour donner des chansons de qualité? En tout cas, on peut dire que les Versaillais nous délivrent un très bon opus et nous prouvent qu'ils sont bien plus qu'un éphémère phénomène mondial.
LE HIT: Entertainment
LE COUP DE COEUR:Trying To Be Cool
NOTE: 4/5
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jolie critique en tout cas
homme de gout