Pas de méprise, Activision n'a pas annoncé de crossover avec la maison blanche pour un jeu de baston mettant en scène son président et le gouverneur de Californie.
Le combat dont il est question ici est d'ordre politique et culturel. En résumé, l'état de Californie cherche à faire passer une loi (qui attend son heure depuis 2005) visant à interdire les jeux vidéo jugés violents à la vente pour les mineurs. Sur quels critères exactement un jeu est-il considéré comme violent ? Elle seule le sait.
Cette loi existe donc à la seule attention du jeu vidéo. Une exception culturelle qui vise le média vidéoludique et contre laquelle se sont dressés les acteurs majeurs du marché, mais aussi ceux des autres industries, en vertu du sacro-saint Premier Amendement de la Constitution des Etats-Unis d'Amérique. Car la loi proposée par l'état de Californie est considérée à l'unanimité par ses détracteurs comme une véritable entorse à cet amendement qui ne tolère aucune limitation dans la liberté (de culte, de presse ou d'expression).
Un nombre très important d'associations, liées au jeu vidéo mais pas seulement, se sont regroupées ouvertement et pacifiquement contre ce texte de loi qui refuse de crever bien que déjà jugé anticonstitutionnel à plusieurs reprises, et que la Cour suprême a récemment décidé de ressortir du placard pour un nouvel examen. Cinéma, télé, radio, presse, musique : tout le monde est logiquement solidaire du jeu vidéo puisque, si une telle loi venait à passer, elle ouvrirait une brèche à d'autres restrictions dans n'importe quel autre média culturel.
Et parmi les visages connus qui ont déclaré leur hostilité à cette loi, c'est le CEO Bobby Kotick qui vient de monter au créneau. « Notre Premier Amendement est resté intact pendant 219 ans, traversant les défis technologiques, historiques et sociaux. L'argument selon lequel les jeux vidéo présentent une nouvelle menace nécessistant une réévaluation d'un de nos préceptes de liberté les plus chers sur le plan national, et qui remet en question cette liberté à un groupe entier de la population sur le seul critère de l'âge, est au-delà de l'absurde. Ce sont les mêmes attaques dont les Américains ont été témoins contre chaque média de divertissement naissant, dont les comics, le rock, les films, la TV et internet. Dans chaque cas, la liberté l'a emporté. »
Et tel un chef de l'opposition au pouvoir soucieux du petit peuple, Kotick enchaine avec un nouvel uppercut contre Gouvernator. « Au lieu de falsifier la Constitution nationale et de gaspiller l'argent des contribuables en travaillant sur des réglements inapplicables en pleine crise budgétaire, la Californie aurait pu et aurait dû adopter bien d'autres mesures et campagnes destinées à informer plus de parents et à leur faire prendre confiance dans le système de régulation du marché. L'industrie du jeu vidéo est un acteur majeur du succès économique de la Californie, qui génère des milliers d'emplois à fort salaire dans une période de crise économique. »
Déjà rejetée par tous, la « loi Schwarzenegger » sera examinée le 2 novembre par la justice américaine.

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posted the 09/22/2010 at 07:13 PM by
darknova