
Rappelez-vous, un royaume du nom d'Ivalice qui se remettait tant bien que mal d'une guerre sanguinaire qui l'avait ravagé durant 50 ans, un conflit opposant les clans du Lion Noir de Zeltania et celui du Lion Blanc Gallion, Ramza Beoulve confronté à des tiraillements sans fin, devant choisir entre son ami Delita et le sort d'un peuple, rappelez-vous... Lorsque sortit Final Fantasy Tactics, on aurait pu croire que la franchise FF avait uniquement été utilisée pour marcher sur les plates-bandes de Ogre Battle afin de permettre à Squaresoft d'obtenir une part de gâteau du marché des RPG tactiques. Mais non, comme vous le savez Square est une fabrique à rêves qui dans la grande majorité des cas n'a pas son pareil pour faire de simples pixels un enchantement visuel. Final Fantasy tactics n'échappa pas à la règle profitant de plus d'un scénario riche, mature, poignant. Dans l'absolu on ne pouvait donc que se réjouir de l'adaptation de ce chef-d'oeuvre intemporel sur GBA et si quelques petites choses assombrissent légèrement la version advance de FFT, nous avions raison puisque le titre de Square Enix n'est rien d'autre qu'un concentré de bonheur à l'état pur.
Attendez que vos ennemis soient regroupés pour lancer un sort de masse.
En premier lieu, si comme je le précisais, le scénario du premier FFT était incroyablement développé, profitant d'une ambiance héroic-fantasy où le côté aristocratique ET charismatique de la plupart des personnages principaux jouait pour beaucoup, on ne peut qu'être un peu déçu par celui de la version GBA. Ainsi, nous plongeons ici dans une atmosphère beaucoup plus bon enfant directement inspirée de celle des films de la saga « L'Histoire Sans Fin ». Nous nous retrouvons donc avec un livre créant un passage vers un monde imaginaire où un enfant brimé deviendra roi, un paraplégique magicien, où les combats tiendront plus des joutes bien encadrées par un « monsieur loyal », etc. Si ceci est totalement subjectif de ma part, il faut quand même avouer que malgré un scénario très intéressant réservant son lot de surprises, nous n'atteignons que rarement la dimension épique du premier épisode. Ceci étant, si la lecture de FFTA est diamétralement opposée à celle de FFT, on rentre assez facilement dans le jeu. Ainsi tout commencera quand quatre collégiens découvriront un livre qui les projettera dans le monde de Final Fantasy. Très vite, Marche, le héros du jeu, rencontrera Montblanc, un moogle qui se liera d'amitié avec lui et qui lui proposera de venir grossir les rangs de son clan.
A chaque fois que vous frapperez un ennemi vous gagnerez des points d'EXP et qui dit EXP dit montée de niveau.
Et c'est ainsi que commencera une succession de combats, dans des décors en 3D isométrique, relatifs à des missions que vous obtiendrez en allant glaner des informations dans des bars. La grosse partie des missions se fera en groupe mais rien ne vous empêchera d'accepter certaines d'entres-elles où un seul de vos membres interviendra. Vous n'aurez dans ce cas qu'à dépêcher un personnage de votre choix (si vous le voyez sautiller lors de la sélection, il réussira à coup sûr sa mission, si il marche, ses chances de réussite seront de 50-50, si il souffle il n'y arrivera pas) à vaquer à vos occupations et à attendre que les jours passent pour savoir si votre homme a mené à bien sa mission. Au cours de l'aventure plusieurs personnages se proposeront de rejoindre votre groupe, libre à vous d'accepter ou non sachant qu'il sera bon d'avoir une équipe multiraciale, chacune des cinq races du jeu (Humains, Mogs, Viéras, N'mous et Bangaas) ayant des caractéristiques propres et des dispositions vis à vis de certains métiers.
Sachez passer le temps nécessaire dans les menus pour obtenir un groupe de redoutables combattants.
Après avoir obtenu une mission qui dans un fort pourcentage de cas vous demandera d'anéantir tous les ennemis présents à l'écran, vous devrez prendre connaissance des règles journalières régissant un combat. Vous devrez par exemple un jour utiliser uniquement les armes de jet, un autre ne surtout pas utiliser la magie de feu ou bien les objets, etc. Sachant que plus vous avancerez dans le jeu et plus le nombre de règles à respecter pourra augmenter pour un combat, je vous laisse imaginer le casse-tête pour les derniers affrontements. Si par mégarde vous deviez tout de même être obligé d'enfreindre une des règles, vous auriez droit à un carton jaune, ou rouge donné par le juge surveillant les batailles. Et à carton rouge, prison associée. Ainsi, en plus de perdre des objets, de l'argent au terme du combat (voire même parfois une chute de certaines de vos caractéristiques), vous seriez obligés de vous rendre à la prison où est enfermé votre compagnon et de payer un tribu pour le libérer. Pour finir avec ces lois, signalons que vous pourrez au cours du jeu acheter des cartes Lois et Anti-Lois avec lesquelles vous imposerez les lois qui vous arrangent ou au contraire annulerez des lois en vigueur. Le tout est original mais avouons que le joueur n'usera de toute ceci que tardivement dans le jeu, en fonction des actions les plus utilisées qui seront proscrites et qui devront être annulées pour avoir une chance de passer la bataille.
L'univers de FFTA dépeint un monde bien moins torturé que celui de FFT.
Tout comme Final Fantasy Tactics, les jobs sont bien entendu de retour. Ce système, instauré dans Final Fantasy V, de manière plus approfondie, a déjà fait ses preuves et se veut toujours aussi agréable et riche de possibilités. En fonction de votre métier, et de votre équipement, vous pourrez apprendre différents sorts. Il sera bien sûr possible de changer régulièrement de métier pour avoir un personnage véritablement complet et disposant de plusieurs techniques (de soin, de combat, de magie...). Par exemple, rien de tel qu'un guerrier pouvant tenir un bouclier et une épée tout en étant capable de lancer des sorts. Par contre c'est un peu irritant de devoir toujours avoir le bon objet pour apprendre tel ou tel sort. Je citerai pour illustrer ceci le mage noir qui pour obtenir Brasier + devra avoir le sceptre de feu. C'est tout de même dommage que les sorts ou techniques ne s'apprennent pas uniquement en fonction de la caste à laquelle vous appartenez. De plus certains jobs sont inutiles et ne font vraiment que la figuration mais nous y reviendrons un peu plus tard.
Positionnez-vous derrière votre ennemi pour lui infliger un maximum de dégâts.
Tout ceci pour dire qu'en plus d'être un soft de stratégie, Final Fantasy Tactics Advance est un jeu de « customisation ». Il est certain que si vous n'appréciez pas de passer de longs moments dans les menus à choisir l'objet, l'armure, la technique qui convient le mieux à votre personnage, vous pourrez peut-être vous demander s'il est finalement bon d'acquérir le titre de Square Enix. Pour ma part, j'ai bien dû passer parfois plus d'une heure à chouchouter mes personnages mais c'était toujours avec le sourire. D'ailleurs je vous dirais que cette partie du soft est pour moi un véritable régal. Quoi de plus jouissif que de trouver la dernière épée surpuissante, que d'obtenir un bouclier rare de chez rare, de découvrir un objet qui va vous permettre de maîtriser un sort très puissant. Juste un petit bémol malgré tout. Il est très agaçant de devoir se taper toute une liste d'armes (à l'aide d'un menu déroulant) pour pouvoir choisir celle en bas de la liste. On aurait ici aimé une gestion des boutons L et R pour passer les armes par grappe de 4 ou 5. Et si je vous dis qu'en plus de cet aspect « gestion » vous pourrez par ailleurs capturer des monstres, les amener dans une ménagerie et les élever (un peu à la façon des Pokemon, bien que ce système me rappelle aussi par certains côtés le coup des chocobos qui pondaient dans FFT) vous vous douterez bien que la durée de vie du jeu est plus qu'énorme, d'autant qu'un mode deux joueurs (via câble Link et deux cartouches) vient rallonger tout cela.
La plupart du temps, l'objectif de mission sera d'éliminer tous vos adversaires même si comme ici vous pourrez finir le niveau en détruisant les deux piliers.
Pour ce qui est de l'aspect artistique, Square Enix a une fois de plus prouvé sa maîtrise, son don inné pour faire cracher à une console tout ce qu'elle a dans ses entrailles. Il est certes impossible de se balader dans une ville (seuls les intérieurs de quelques échoppes étant visibles), et les environnements où se passent les batailles bien que très détaillés sont souvent assez vides (ce n'est nullement paradoxal) mais tout le reste (du design des personnages, des effets spéciaux aux invocations en passant par plusieurs décors citadins) est un enchantement. La bande-son n'a pas été laissée de côté et nous retrouvons avec plaisir les bruitages en provenance directe de la version PSOne et les musiques, bien que légèrement inférieures aux compositions magistrales de Sakimoto pour FFT, sont superbes, le plus souvent enjouées et pleines de vie.
En avançant dans le jeu vous gagnerez des morceaux d'Ivalice qui, si ils sont disposés dans le bon ordre, vous rapporteront des trésors.
En somme, FFTA se veut aussi bien à destination des fans hardcore du premier FFT (je vous ai déjà dit que c'était le plus beau jeu du monde ?!!) que des personnes désirant découvrir un univers enchanteur, où technicité rime avec virtuosité. Un temps d'adaptation sera nécessaire aux nouveaux venus dans cet univers mais une fois le pas franchi on a beaucoup de mal à décrocher de l'aventure.
Bon après, je dois avouer que le tout n'est pas parfait mais ses défauts n'entachent pas vraiment le plaisir de jeu. Au niveau des petites choses qui agacent, signalons par exemple le scénario qui n'évolue pas assez au long de l'aventure, le tout manquant de cut-scènes et les motivations des personnages étant parfois idiotes ou obscures (voir le dernier combat avec Ritz). En parlant de combats, on pourra aussi souligner le fait que les ennemis soient parfois masqués par le décor (l'absence de gestion de caméra se faisant ressentir). Une autre petite chose qui énerve est le fait que malgré de forts pourcentages de réussite pour ce qui est des coups, le joueur manquera souvent sa cible, un 70% de réussite étant très souvent synonyme d'échec. Ensuite, le système de cartes, bien que novateur ne sera pas souvent utilisé ou alors contre les lois les plus gênantes qui empêchent l'utilisation de certaines actions comme Imiter, Dgt Bestial ou bien Magie Couleur. Certains métiers ne servent également à rien ou sont bien trop contraignants. Je pense ici au job de Morpheur. En effet, pour user de ce métier, vous devrez d'abord faire en sorte que votre Chasseur capture un monstre (qui arrivera dans la ménagerie). Ensuite le Morpheur obtiendra une orbe de transformation qui lui permettra de se transformer en l'animal rattaché au bijou. Jusque-là rien de bien méchant sauf que pour avoir accès auxdites transformations, vous devrez rendre visite aux monstres capturés, les amadouer en leur donnant à manger et enfin revenir constamment les voir pour qu'ils ne s'enfuient pas, et malheur à vous si vous les oubliez pendant quelques jours. Pour tout dire, après deux, trois essais, on laisse tomber ce job trop contraignant.
Attention à bien vous positionner à la fin de votre tour pour ne pas subir en pleine face les attaques d'un monstre.
Tout ceci pour dire que le dernier bébé en date de Square possède quelques défauts et en contre-partie dispose de multiples possibilités qui font de lui un RPG tactique d'exception sur GBA. Voici donc un soft bancal par certains côtés mais diablement jouissif. Il est bien entendu inconcevable de passer à côté si vous aimez le genre, ceci devant être puni par la loi !