BOBIGNY (AFP) - La cour d'assises des mineurs de Seine-Saint-Denis a acquitté vendredi deux jeunes pour le guet-apens tendu à des policiers en 2006 à Epinay et condamné les trois autres à trois ans de prison, en requalifiant les faits de entative d'assassinat en violences.
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Après huit jours de procès à huis clos et près de 11 heures de délibéré, le verdict lu par Edith Dubreuil a figé les rangs de la trentaine de policiers venus soutenir leurs collègues victimes, tandis que les proches des accusés applaudissaient et leurs avocats saluaient une décision courageuse et exceptionnelle.

Le parquet général a lui aussitôt réagi pour annoncer qu'il faisait, avec le parquet de Bobigny, appel du verdict dans son ensemble. Cette affaire emblématique d'une volonté de fermeté affichée des autorités envers les agresseurs de policiers n'a donc pas encore trouvé son épilogue.

A l'époque, l'affaire avait suscité un vif émoi chez les policiers, après une série d'aggressions de forces de l'ordre. Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, s'était emparé de ce dossier pour souhaiter un durcissement des peines pour les agresseurs de policiers, gendarmes et pompiers et faciliter leur renvoi devant les assises. Cela sera effectif dans la loi de prévention de la délinquance du 5 mars 2007.

En requalifiant les faits de entative d'assassinat (passible de la perpétuité) et association de malfaiteurs en violences aggravées, la cour a démontré que la justice, ce n'était pas pousser des qualifications au forceps, a commenté Me William Julié, avocat d'un jeune acquitté après 18 mois de détention provisoire.

Plusieurs avocats de la défense accusaient en effet le parquet d'avoir surqualifié les faits et d'avoir à tout prix demandé le renvoi devant les assises des cinq jeunes mis en examen alors que le dossier avait été correctionnalisé par le juge d'instruction. Le parquet avait fait appel et obtenu les assises.

Lors de son réquisitoire, jeudi, l'avocate générale Agnès Thibault avait requis huit à dix ans de prison, indistinctement, contre ces cinq jeunes de la cité d'Orgemont jugés depuis le 21 mai pour entative d'assassinat et association de malfaiteurs.

Tous étaient accusé d'avoir pris part au caillassage préparé du 13 octobre 2006 au cours duquel un policier avait été blessé à la mâchoire (30 points de suture, ITT de 44 jours) par un jet de pierre, en
eprésailles à l'interpellation mouvementée, une semaine auparavant, de l'un des accusés, Silamaka Traoré, 21 ans, condamné à trois de prison, et qui a reconnu avoir jeté une pierre.

Son ADN et celui de Mathias Letord, 19 ans, qui reconnaissait lui avoir préparé des sacs de pierre de réserve et en avoir jeté plusieurs, avaient été relevés sur un sac abandonné sur place.

Yannick Owandjolela, 23 ans, condamné aussi à trois ans pour complicité, et les deux acquittés, Attokpra Chirry Yapi, 24 ans, et le seul mineur à l'époque, âgé de 19 ans aujourd'hui, disaient qu'ils n'avaient pas participé. Ils étaient mis en cause par un témoin sous X, sur lequel la défense a focalisé ses attaques. Ce témoin ne s'est pas présenté au procès.

C'est un verdict d'apaisement, les jurés ont compris qu'ils étaient dans cette affaire les cobayes d'une manipulation médiatique et ont refusé d'y participer, a estimé Me Dominique Tricaud, qui défendait deux des accusés, tous deux condamnés à trois ans.

Traduction : Recherche voyous pour agressions de flics, procès sans danger garanti