Pour la sortie aujourd'hui du quatrième volet d'Indiana Jones, les critiques regroupées des 3 précédents opus.
Les Aventuriers de l'Arche Perdue
Alors que Georges Lucas était en plein buzz Star Wars pour l’empire contre attaque, son grand ami Spielberg lui a fait part d’un de ses rêves de gosse, réaliser un James Bond, mais les producteurs de la saga, Barbara Broccoli, Michael G. Wilson n’acceptèrent pas, car il n’est pas anglais, alors tous les deux créèrent Indiana Jones, leur propre héros aventurier…
Le principe du film est simple : divertir mais un divertissement de qualité. Le but est d’aller directement à l’action. Et surtout, un hommage réussi aux sérials des années 30, à savoir une œuvre enchaînant les rebondissements sans temps morts pour constamment relancer l’adrénaline, sans aucun souci de réalisme ni de vrai cohérence.
Alors on découvre, pour cette première aventure, un Indiana qui doit retrouver l’Arche d’Alliance (qui aurait transporter les tablettes où furent gravé les 10 commandements) avant que les nazis ne mettent la main dessus en premier. Et c’est bien pratique comme scénario : ça permet de situer le film dans les années 30-40 (totalement en phase avec l’esprit sérial à l’ancienne) et de prendre de gros méchant pas beaux. L’avantage, dans un film où les méchants sont des nazis, c’est qu’on peut leur faire subir n’importe quoi, tout le monde sera content ! Et Spielberg en profite bien : chute dans un ravin, mort atroce à la fin, fusillade en veux-tu en voilà… Ce qui peut paraître franchement pour une idéologie douteuse dans les James Bond (les méchant russes, qui seront d’ailleurs les vilains du 4ème épisode, nous verrons leur traitement) fonctionne à merveille chez Indiana.
Une des principales préférences de Lucas est la bande dessinée et ça se sent du début à la fin : humour permanent, action et rythme soutenu… Et un Indiana au torse nu, musclé, bronzé et mal rasé, l'archétype même du macho viril. Harrisson Ford, déjà échappé de Star Wars nous offre un de ses trois rôles clefs (les deux autres étant Han Solo et le Blade Runner de Ridley Scott). Son look est immédiatement identifiable, avec son chapeau et son fouet, sa démarche si particulière, sa façon de dormir avec le chapeau sur le visage…
Pour bien gonfler le côté
film d’aventure, on nous balade dans la forêt amazonienne, dans des montagnes enneigées, dans le désert Egyptien…
Il multiplie les moments forts avec brio, que ce soit la scène d’ouverture ou la séquence où Indy est enfermé avec des serpents où encore la longue poursuite en voiture...
Les Aventuriers de l’Arche Perdue est un must du film d’aventure tout public. Une référence incontournable à tel point que l’on ne compte plus les films qui ont tenté de reprendre la formule sans jamais se hisser au niveau du modèle (La momie, Pirates des Caraïbes, À la recherche diamant vert…). Un modèle incontournable qui a su préserver son âme d’enfant et sa bonne humeur communicative au fil du temps sans prendre une seule ride, avec une excellente mise en scène, un divertissement qui ne prend pas ses spectateurs pour des cons !
Version Française : Dans cette première aventure Indiana est doublé par Claude Giraud (vf de Tommy Lee Jones), une voix que ne colle absolument pas à ce personnage.
Indiana Jones et le Temple Maudit
Le premier Indiana Jones était un must du film d'aventure, le second fait encore mieux. Tout d’abord avant la sortie du film aux Etats-Unis, il n’existait que 3 classements : G (tout public), PG (accord parental) et R-Rated (interdit au moins de 17 ans non accompagnés d’un adulte). Indiana Jones 2 (ainsi que les Gremlins) ayant été jugé assez violent pour du divertissement grand public. D’où la création du sigle PG-13 (interdit au moins de 13 ans non accompagnés d’un adulte).
Indiana Jones 2 est un préquel au premier puisqu’il se passe avant (1935 pour le second et 1936 pour le premier), il ressemble à un gros défouloir de la part de tonton Spielberg et papi Lucas. Pour cause, l’un sortait d’un divorce (d’où la volonté de se venger du sexe féminin au travers de la nana de service qui en prend vraiment plein la gueule !). Alors le temple maudit ne s'emmerde pas avec des scènes d’exposition : on fonce dans le tas. Vas-y que je débute par un générique en comédie musical, très réussie d’ailleurs, puis vas-y que je te fais un bel hommage à James Bond, puis vas-y que je te balance une grosse scène d’action invraisemblable…
L’action se déroule cette fois en Asie, d’où un aspect plus tropical et exotique. Le film baigne dans des teintes rougeâtres du plus bel effet. Mais ce second volet n’est en aucun cas une redite du premier. Même formule, certes (hommage à la bd, James Bond de l’avant-guerre qui parcoure le monde à la recherche d’objet mythiques, mélange d’humour et d’action…) mais sur un ton différent. Bien plus glauque. Car passée une première partie dans l’esprit du précédent volet (en bien plus drôle toute fois), Le temple Maudit trouve sa propre voie en s’intéressant aux sectes, au vaudou et au satanisme. Ce qui permet à ce film de plonger dans une noirceur assez surprenante : le vol des chauve souries, entassements de crânes humains, la scène du repas avec sa soupe aux yeux et son cervelet de singe en sorbet… Un humour noir salvateur.
La suite est encore pire, multipliant à outrance les images d’horreur. Ainsi, une fois parvenu au temple sacré, on assiste à une authentique séquence de film gore (un homme se fait arracher le cœur à mains nues avant d’être brûlé vif !). Sordide ? Vous avez dit sordide ? Ho que oui, mais c’est bien le but avoué du film : offrir un grand tour de montagne russe : de l’action, nous sommes passé à l’humour puis à l’horreur. Une horreur qui se poursuit avec la vision d’enfants esclaves enchaînés, faisant prendre une tournure engagé à ce qui n’était à la base qu’un simple divertissement.
Les émotions que l’ont pouvaient ressentir face à l’Arche Perdue sont donc décuplées dans cet épisode outrancièrement malsain. Spielberg va même jusqu’à faire, durant un bref instant, transformer Indiana en psychopathe. Bref, le sentiment de danger est accentué et le film devient vraiment prenant.
Puis c’est reparti pour un délire final avec la scène cultissime de la poursuite en wagonnets (une scène dont on se demande encore aujourd’hui comment elle fut réalisée) puis celle du pont.
Visuellement énorme et ça permet de détendre un peu l’atmosphère tendue tout en finissant en apothéose.
Indiana Jones et le Temple Maudit s’impose donc comme un modèle du film d’aventure, transcendant tous les aspects du premier pour offrir une œuvre trépidante, unique. Plus drôle, plus rythmé, plus inventif et plus sombre que l’Arche Perdue, le Temple Maudit se voit et se revoit avec toujours le même plaisir communicatif. Nous ne sommes plus face à un simple divertissement mais une véritable œuvre de cinéma pure. Même si Spielberg avoue ne pas trop apprécier cet épisode, trop glauque selon lui (Tim Burton tient les mêmes propos à l’égard de son sublime Batman Returns aka le défi), il n’en demeure pas moins que sa virtuosité n’est plus à démontrer en terme de mise en scène, montage…
Version Française : Ils ont changé de comédien pour doubler Indy, dans le premier c’était Claude Giraud (vf de Tommy Lee Jones), cette voix ne collait pas au personnage, dans le second opus c’est Francis Lax (vf de han solo, magnun) c’est juste succulent.
D'ailleurs Francis Lax par respect pour son ami, ne voulait pas accepter:
Savez-vous pourquoi vous n’avez pas doublé Harrison Ford dans le premier Indiana Jones alors que vous le faisiez déjà dans les Star Wars ?
-Je trouve d’ailleurs que cela a été une très bonne idée de choisir Claude Giraud pour le doubler dans ce premier film ! Lorsque l’on m’a proposé de doubler Ford dans le second volet, je n’étais pas d’accord vis-à-vis de Claude Giraud. C’est à lui que revenait le rôle. Je l’ai même appelé pour lui dire que l’idée ne venait pas de moi. C’était pour Indiana Jones et le temple maudit (1984).
C’est Marc Cassot [comédien, voix française de Paul Newman et de Dumbledore dans les Harry Potter] qui a dirigé le doublage de ces films.
Indiana Jones et la Dernière Croisade
Le premier Indiana était un must du film d’aventure, le second un sommet du divertissement… Le troisième ne parvient hélas pas à réitérer l’exploit.
INDIANA : dans les deux premiers, était un icône, modèle de virilité, héros macho dans toute sa splendeur. Dans cet opus, il passe la moitié du film en costard, se prend trop au sérieux et se fait systématiquement rembarer par son père. Pas franchement viril tout ça, à l’exception de 1 ou 2 scènes d’actions.
LE DEPAYSEMENT : Mais où sont passés les jungles tropicales, temples, sous terrains et désert arides ? On est vraiment très loin des décors exotiques et magiques des premiers films ! A l’exception d’une brève escale à Venise, les décors se révèlent désespérément… vide. Beaucoup de grand espaces sans végétation, des décors en studio bien moins impressionnant que par le passé.
L'ACTION : Là aussi, il y a de quoi se fâcher tout rouge tant on est loin de la démesure des premiers films. Si l’on excepte une ouverture sympathique et une poursuite de chars (qui évoque pas mal la scène de voitures de l’Arche Perdue), il n’y a pas grande chose à voir… Une courte scène de bateau expédié. Idem pour la séquence aérienne (visuellement hideuse en plus). Et un climax décevant basé sur des énigmes plutôt que sur un délire visuel (qu’il semble loin le temps des poursuites en wagonnets du Temple Maudit).
L 'HUMOUR : Là encore, on est loin du comique de situation des débuts ! La où les premiers films faisait rire par l ‘accumulation frénétiques des rebondissement et les numéros comiques divers et varié (défi amoureux, jeux de séduction, gags visuels…), il n’y a ici qu’un seul ressort comique, sur lequel se base d’ailleurs tout le film : les relations père fils entre les Jones. Certes, cela permet au film de ne pas sombrer, mais le tout paraît quand même bien fade. Un peu comme si Spielberg semblait fatigué.
Bref, au petit jeu des comparaisons, La Dernière Croisade se classe toujours dernier. L’Indiana Girl est moins piquante et même fadasse, le rythme est plus mou, la mise en scène un peu paresseuse… Les points commun avec l’original n’arrange rien : retour à une mythologie biblique, retour des méchants nazis, scènes d’actions en forme de déjà vue (l’hélice de bateau remplace l’hélice d’avion, le char remplace la voiture…) La panne d’inspiration est flagrante.
Le début avec Indiana Jones ado (interprété par River Phoenix, paix à son âme) enlève tout le mystère du personnage, en nous expliquant sa peur des serpents, son nom…
Le délire mystique de la fin, bien que peu spectaculaire, évoque l’ouverture de l ’Arche Perdue, l’arrivée du père d’Indiana, très bien joué par Sean Connery, apporte un peu de profondeur psychologique. Mais rien ne vient effacer l’impression mitigée du film. Manque d’envergure, manque de souffle. Comme si le héros et ses créateurs avaient vieillis et n’osaient pas se lancer dans leurs délires jouissifs des débuts. En l’état, la Dernière Croisade évoque plus un des clones des deux premiers, que leur esprit bd. Reste que le film se regarde sans déplaisir, espérons que le 4 relève le niveau, réponse bientôt.
Version Française : Indiana est doublé par Richard Darbois (sa vf attitrée, voix française du génie dans Aladdin aussi…), une voix qui colle parfaitement, le père est doublé par Jean Claude Michel (l’ancienne vf attirée de Clint Eastwood et Sean Connery bien entendu, mort en 1999) excellent.

PS: Très bon blog.