Je profite de ce routinier vendredi, faisant suite à une semaine tout à fait commune d'étudiant en médecine pour ouvrir un peu mon clapet, chose que je fais somme toute assez rarement pour me permettre, quand je le fais, de parler sans concession. De concession d'ailleurs je n'en n'aurai pas à faire, tant le sujet que je souhaite aborder ici est tout à fait inintéressant pour la masse des gens étrangère à la politique rurale ou voir tout simplement à la politique de mon bon vieux village, qu'à mon grand étonnement, je trouve plaisir à regagner alors que j'étais le premier il y a de cela quelques mois, à vouloir le fuir.

Comme chacun l'ignore, ou ne saurait l'ignorer à la lecture de cet article, j'habite un petit village, à peine plus de 200 habitants, qui malgré son taux d'agonisants baveux bien plus élevé que partout en France, arrive à attirer la jeunesse, attention, après une vingtaine d'année passée dans un univers sénile, la limite que je place entre ...sagesse, et impétuosité est certainement bien plus fluctuante que la votre. Ainsi donc, depuis quelques années un vent de fraicheur souffle sur ma petite commune, et il n'est pas rare de devoir éviter à nos petites têtes blondes, la vue d'une poitrine pas encore masquée par ce qu'on appelle tendrement une blouse (bien que ressemblant plus à un rideau ou un torche-cul de pachyderme), mais bien au contraire, fièrement maintenue par une gaine étroite. Des jeunes retraités, ceux qui sont encore en âge de pouvoir vivre jusqu'aux prochaines réformes qui leur donneront à nouveau le droit de vivre dans la dignité, avant de mourir dans des couches, se sont installés ici, devant chez moi, derrière chez moi, ou bien juste à coté de chez lui. A raison d'un flot de 5 ou 6 couples par an, ils ont eu bien vite faits de devenir majoritaire remplaçant logiquement le départ d'un sénior ventripotent qui s'était écroulé contre son portail, emporté par je ne sais quelle maladie, ou la vieille aux chats, décédée mystérieusement d'une mononucléose mal soignée, par honte très certainement (vous savez, la maladie du baiser qui se refile de jeune de 15 ans en jeune de 15 ans !). C'est donc cette nouvelle jeunesse qui est aujourd'hui au centre d'un scandale politicofinancier, ou d'une querelle bousive pseudodémocratique, au choix...

Il est nécessaire également de préciser que depuis 35 ans, un haut dignitaire du village est régulièrement élu en arborant l'étiquette du gouvernement en place, ce vieil homme, dont je tairais le nom mène ainsi une politique pour le moins... d'un autre âge, à l'image de sa ferme, fierté communale, car possédant, et croyez-moi, j'exagère à peine, une machine à traire équipée de vérins hydrauliques. Nul doute évidemment que la possession d'un bon gros vélin fait de vous le roi de votre communauté, le président du club de foot de Bastia (j'émets tout même une réserve je ne suis pas sûr de son identité, si quelqu'un me lit, et si ce quelqu'un peut me reprendre, qu'il le fasse.) pour protester contre le racisme a été clair à ce sujet, être noir, c'est bien pour draguer les filles s'empressant tout de même de rajouter un sourire complice, quel indécrottable coquin ! ... Toujours est-il que notre bon vieux maire sortant commence sérieusement à se méfier du revers électoral qui semble se dessiner de plus en plus clairement, cette nouvelle population a en effet mis en place sa propre liste dissidente et soudain la guerre est déclarée, lettres de corbeau, rumeurs sortant d'on ne sait où et malgré tout, la politique en place s'effrite, et il est vrai que l'état déplorable du village a certainement quelque chose à voir avec cela, en 2008, recevoir chaque semaine des rappels pour ne pas boire l'eau du robinet n'étant pas potable, c'est inquiétant ...

L'élu qui semble donc se diriger vers la porte de sortie, que ce soit politiquement que vis à vis de la lumière blanche, voit bien que sa fin ne rimera donc pas avec succès et gloire, jeunes cinquantenaires nues dans son lit etc ... Non, je n'suis pas trop vieux, s'est-il exclamé hier en essayant de tirer du lait d'une paire de couilles de taureau, chose qu'il arriva curieusement à obtenir en proportion somme toute dantesque. Depuis aujourd'hui donc, chacun peut assister à son opération de prostitution organisée, avec ses quelques électeurs fidèles, ceux qui ne sont plus en état de se défendre, il organise des représailles quelque peu étonnantes, distribution de produits laitiers à chaque habitant, ouverture d'une buvette sauvage, et quête de votes à la limite de l'imploration. Et malgré tout, je suis triste, voir ce vieil homme essayer tant bien que mal de fuir son échec qui le renverrait à l'état de déchet aux yeux impitoyables de la société actuelle, tend à me faire courber les sourcils. Même si je me retrouve amusé, dans ma position de nouvel électeur, d'être un petit peu comme une des pin-ups de ses magazines pornos qu'il cache tant bien que mal aux yeux de sa bienveillante mais visuellement nauséeuse Odette, j'hésite quant à la conduite à tenir dimanche prochain. Moi qui ne voulais pas aller voter, estimant à tort ou à raison, que mon droit ne devait pas s'encombrer de s'exercer dans un contexte aussi puéril et affligeant qu'est celui de la politique dans mon village. J'aurais, à vrai dire, presque envie de donner à ce vieux, la possibilité de réaliser son rêve, de laisser derrière lui les larmes qu'il verse du coin de l'oeil quand personne ne le regarde, au moment où il pose sa pêche, en pensant à ses enfants qui ne lui parlent plus, aux canards qui ne prennent même plus la peine d'éviter de souiller son perron, au dégout général, mais retenu (visiblement pas assez bien), quand il souffre d'une toux si grasse qu'elle fait vibrer les fondements de tout un chacun. Lui permettre d'arborer pour quelques années de plus l'écharpe tricolore, ferait presque office de motivation, voir à nouveau ses yeux s'illuminer, comme le jour où il a reçu un maxi kinder surprise, office de final de Joséphine Ange Gardien.

Le dilemme est, malgré tout mon bon sens, bien présent dans mon esprit, et finalement, ma seule crainte serait que ce vieux croulant résiste quelques années de plus, pour pouvoir à nouveau se présenter ! Décidément les vieux, toujours là pour nous les briser !